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Réforme des retraites : comment la grève des transports perturbe l'organisation des partiels dans les universités d'Ile-de-France

En début de semaine, plusieurs établissements franciliens ont fait le choix de reporter les examens de fin de semestre. Dans d'autres universités, le maintien de certains partiels a entraîné la mobilisation d'étudiants s'estimant pénalisés.

Article rédigé par Valentine Pasquesoone
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des étudiants tiennent une assemblée générale après un blocus à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, visant à protester contre le maintien des partiels pendant les grèves contre la réforme des retraites, le 6 janvier 2020 à Paris.  (BENOIT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

Des étudiants dans l'incertitude, au 38e jour de grève contre le projet de réforme des retraites. Dans plusieurs universités, en particulier en Ile-de-France, la situation restait perturbée vendredi 10 janvier, après une semaine de partiels annulés et reportés. Au sein d'autres établissements où des examens sont maintenus, des étudiants continuent de se mobiliser et d'appeler au boycott, s'estimant pénalisés par les perturbations actuelles des trafics SNCF et RATP

"Je viens juste de recevoir l'e-mail, nos partiels sont reportés à plus tard", raconte Richard, étudiant en troisième année de licence de droit à l'université Paris, contacté par franceinfo. Il s'agit, pour le jeune homme de 23 ans, du deuxième report de ses examens : ces derniers, qui devaient avoir lieu dans un premier temps entre le 6 et le 18 janvier, avaient déjà été repoussés par anticipation, entre le 13 janvier et le 1er février. Jusqu'à ce dernier report, certains étudiants n'avaient toujours pas leur calendrier d'examens, poursuit-il. 

"Pas impossible que les partiels soient en juin"

Ce délai supplémentaire, décidé vendredi et annoncé dans un courriel consulté par franceinfo, concerne l'ensemble des filières et des promotions jusqu'au Master 1. "La présidence ne nous a pas encore contactés sur les dates des nouveaux partiels", précise Marco Denichenis, étudiant en première année de master en droit pénal à Paris 1. "Ce sera peut-être à partir du 24 février [comme cela était déjà prévu pour les première et deuxième années], mais il n'est pas impossible que cela soit en juin." 

La situation se répète dans certaines filières d'autres établissements parisiens, comme à l'université Paris 4. "Mes partiels ont été annulés", explique à franceinfo Jeanne*, étudiante en première année de licence d'histoire âgée de 18 ans. Une décision prise lundi après-midi, après des blocus auxquels la jeune fille a pris part. "On ne pouvait pas maintenir les partiels dans cette situation", défend-elle. 

La faculté voulait maintenir les partiels, mais beaucoup d'étudiants ne pouvaient pas venir, ou alors ils devaient faire des heures de transport.

Jeanne, étudiante en histoire

à franceinfo

Jeanne, qui réside à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), aurait dû "marcher pendant 3h30" pour passer ces examens, si les transports en commun étaient toujours fortement perturbés. Ses partiels désormais annulés, elle sera notée uniquement sur contrôle continu. Mais dans d'autres sections comme la musicologie, "certains partiels ont été maintenus", assure l'étudiante.

"L'université ne veut rien entendre"

D'après Jeanne, les partiels sont également maintenus sur le campus de Jussieu, malgré des actions étudiantes appelant à l'annulation des examens. Un collectif d'étudiants a ainsi lancé un questionnaire en ligne jeudi, visant à "recenser au mieux le vécu de chaque étudiant concernant cette semaine (...) afin d'annuler les partiels""Nous avons essayé de bloquer ces examens, l'université ne veut rien entendre alors que les étudiants sont dans la même situation que nous", relate Jeanne. Contactée par franceinfo, le collectif Jussieu en lutte, engagé pour l'annulation des partiels, confirmait vendredi soir que les examens étaient bien maintenus. "Il y aura encore des mobilisations au cours de la semaine prochaine", prévient-il néanmoins.

A Nanterre (Hauts-de-Seine), où les examens ont été maintenus partiellement cette semaine, d'autres tentatives de boycott des partiels ont eu lieu. Un "mouvement de blocage" organisé mardi matin a entraîné l'annulation de plusieurs examens ce jour-là, relève l'université"L'université nous dit que tout se passe bien, mais c'est un peu plus compliqué", constate Imane Ouelhadj, étudiante en sciences du langage et présidente du syndicat Unef à Nanterre.

En droit par exemple, les étudiants font voter le maintien ou non du partiel dans l'amphithéâtre. Et pour les partiels où les étudiants composent, ils peuvent sortir et rentrer quand ils le souhaitent.

Imane Ouelhadj, responsable Unef

à franceinfo

Pour faciliter l'organisation des étudiants face au maintien des examens, Nanterre a mis en place une navette gratuite entre 18h30 et 21 heures, entre le campus et La Défense. Elle a également proposé plusieurs places d'hébergement d'urgence dans son centre sportif, "pour les étudiants venant de loin". La présidence de l'université d'Evry a fait de même : comme le note Le Parisienelle a repoussé de 8h30 à 9 heures le début des partiels et s'est engagée à rembourser – sous conditions néanmoins – des trajets en VTC ou en covoiturage, ainsi que des hébergements d'urgence pour assister aux partiels. Une solution qui ne convainc pas Guillaume, étudiant en licence de sociologie à Evry, qui se mobilise lui aussi pour un report des partiels, au regard de la grève dans les transports.

Cela veut dire que des étudiants doivent avancer des frais sans être sûrs d'être remboursés.

Guillaume, étudiant

à franceinfo

L'un de ses camarades, Yacin, a vu pour l'instant deux de ses partiels de sociologie reportés du fait de cette mobilisation. "Je dois en passer un lundi, je ne sais pas s'il sera reporté ou non", expliquait vendredi matin l'étudiant de 20 ans. Suivant également un cursus d'histoire, Yacin doit passer, mercredi et jeudi prochains, deux autres partiels dans cette matière. Il réside à Bernes-sur-Oise (Val-d'Oise) et a logé ces derniers temps chez sa grand-mère à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour se rapprocher du campus. "Je me demande quelle va être la situation les 15 et 16 janvier" dans les transports, s'inquiète-t-il.

*Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressée.

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