Réforme des retraites : Elisabeth Borne tente de maintenir un semblant de vie politique normale, avant la décision du Conseil constitutionnel
Après la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi 6 avril, qui a réuni 570 000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur et près de deux millions selon les syndicats, le compte à rebours est déclenché. J-une semaine avant la décision du Conseil constitutionnel sur le texte. Jeudi 6 avril, dans la soirée, l'intersyndicale a annoncé une nouvelle journée d'action et de mobilisation, la 12e, qui aura lieu la veille, le 13 avril. Ce sera le dernier round pour mettre la pression sur le gouvernement, qui n'est pas décidé à reculer ni à lâcher du lest sur les 64 ans.
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En attendant, l'exécutif tente de faire comme si la vie politique continuait sur un rythme totalement normal. À ses visiteurs du moment, Élisabeth Borne raconte toujours la même anecdote : le week-end dernier, dans sa circonscription du Calvados, elle a trouvé sur son chemin deux Français d'accord avec la réforme des retraites, à peine croyable, au temps de la crise. C'est une bouffée d'oxygène, tant le gouvernement semble paralysé, pendu aux lèvres des Sages, suspendu à la décision du Conseil constitutionnel. Il sera le dernier recours des opposants et, en même temps, seul juge de paix crédible aux yeux de l'exécutif, après le traumatisme du 49-3.
Pas question d'ouvrir le chantier de la fin de vie
La date du 14 avril est donc surlignée en gros, en gras, dans tous les agendas. Le gouvernement caresse l'espoir qu'après validation de sa réforme, les syndicats auront le plus grand mal à rebooster un mouvement qui donne donc de premiers signes de fatigue. D'ici là, charge à la Première ministre d'occuper le terrain, avec une visite d'un cabinet médical puis d'un hôpital vendredi. Élisabeth Borne se rend dans l'Aveyron. "C'est important qu'on se déplace, lâche bravache son entourage. Cela fait du bien de prendre l'air et de voir des gens". Traduction : tenter de faire comme si de rien n'était.
Élisabeth Borne et Emmanuel Macron : officiellement, l'attelage tient encore solidement, mais pour combien de temps ? Aucun conseiller ni à Matignon, ni à l'Élysée n'est capable de dire si le président et la Première ministre se sont parlés ces dernières heures. Quand Emmanuel Macron achève sa visite vendredi à Canton au sud de la Chine, Élisabeth Borne lève à peine le nez de sa copie, comme une bonne élève. Le 14 avril est aussi la date limite pour rendre sa feuille de route au chef de l'Etat. Il reste une semaine encore pour tuer le temps, boucler ses fameuses consultations et l'occasion d'un dernier tour de piste. Marine Le Pen pour le Rassemblement National, la grande gagnante de la crise selon les sondages, et les associations d'élus locaux sont attendues mardi et mercredi dans son bureau, à Matignon, après le week-end de Pâques, qui devrait faire redescendre la pression.
Sa survie se joue la semaine prochaine
La Première ministre a une semaine encore pour bricoler un agenda de réformes. Dans un sourire, Élisabeth Borne dit avoir compris : pas question d'ouvrir le chantier du grand âge et de la fin de vie, après celui des retraites. "Pourtant, il faut que les médias parlent d'autres choses", peste un conseiller.
Si beaucoup craignent que le quinquennat d'Emmanuel Macron se fracasse sur la réforme des retraites, la survie d'Élisabeth Borne à Matignon se joue la semaine prochaine.
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