Mobilisation contre la réforme des retraites : quelle porte de sortie pour l'exécutif ?
La 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites a lieu jeudi 6 avril, avec entre 600 000 et 800 000 manifestants attendus partout en France selon le ministère de l'Intérieur. Les syndicats ont l'espoir de redonner un coup de fouet à une mobilisation en légère baisse ces dernières semaines. Un de leurs arguments est l'inflexibilité du gouvernement, après le rendez-vous de l'intersyndicale à Matignon qui a tourné court : 55 minutes de tour de table et aucune avancée à la sortie.
Le gouvernement est presque paralysé et semble dans une impasse, et pas question de faire demi-tour en renonçant au recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans. C'est la condition sine qua non pour que les syndicats acceptent de parler d'autre chose. Il reste un seul chemin pour sortir de l'ornière : la décision du Conseil constitutionnel, dans un peu plus d'une semaine, le vendredi 14 avril. "Ça va venir vite", s'impatiente un ministre. En attendant, "on ne va pas rester en boule dans un coin de la pièce", réplique un conseiller. Officiellement, les déplacements ont repris et les ministres sont priés de bûcher : le plan eau, le grand âge, le travail en prison... "Il n'y a pas que les retraites", dit ce même ministre.
Marine Le Pen reçue à Matignon la semaine prochaine
Agitation ou gouvernement sur tous les fronts ? Le seul juge de paix sera la décision des Sages. Le gouvernement veut y trouver matière à légitimer son texte, après le traumatisme de l'utilisation du 49-3. "Qu'il soit conforme à la Constitution ne règle pas tout", balaye un ténor de la gauche, mais "la CFDT va-t-elle contester une loi qui a eu un cheminement démocratique ?, fait mine de s'interroger un pilier de la majorité, ce serait une rupture avec son Histoire". Si l'avis est positif, Emmanuel Macron aura 15 jours pour promulguer la loi, sans certitude que le mouvement social s'éteigne du jour au lendemain.
>> Pour quels motifs le Conseil constitutionnel pourrait-il censurer des dispositions du texte ?
L'exécutif a un œil rivé sur les chiffres de mobilisation, en baisse ces dernières semaines, mais les syndicats misent sur le rendez-vous avorté à Matignon mercredi pour galvaniser leurs troupes. L'autre œil est sur l'horloge : le 14 avril signera aussi la fin des trois semaines de consultations que s'était donnée Élisabeth Borne. Le dernier tour de piste aura la semaine prochaine puisqu'elle recevra celle qui grimpe dans les sondages à mesure que la crise progresse, Marine Le Pen pour le Rassemblement National, puis mercredi, une grande tablée est prévue avec des élus locaux. "Trop tôt pour faire le bilan" écarte Matignon.
Rien ne bougera avant le 14 avril
À l'autre bout du monde, en Chine, Emmanuel Macron semble, lui, disposer à reprendre les choses en main, convaincu que les retraites ne laisseront pas de traces dans la société. "En six ans, on l'a enterré combien de fois ?", questionne un proche.
Emmanuel Macron est le seul à avoir les cartes en main : promesse de recevoir les syndicats, possible allocution solennelle pour reparler aux Français, sans parler de remaniement, de changement de Premier ministre. Il reste une seule certitude : rien ne bougera avant le 14 avril et la décision du Conseil constitutionnel.
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