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Réforme des retraites : rendez-vous politiques, manifestations, décisions du Conseil Constitutionnel... Quel est le calendrier du début du mois d'avril ?

Elisabeth Borne recevra mercredi des responsables politiques, patronaux et syndicaux, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation.
Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants contre la réforme des retraites le 28 mars 2023 à Paris. (GAUTHIER BEDRIGNANS / HANS LUCAS / AFP)

Deux salles, deux ambiances. La Première ministre, Elisabeth Borne, multipliera les rencontres avec les responsables politiques et les organisations syndicales et patronales, début avril, quelques jours avant la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril.

Ces rencontres vont se tenir alors que des grèves reconductibles perturbent toujours certains secteurs et que l'ensemble des parties sont suspendues aux décisions du Conseil constitutionnel sur la réforme, attendues à la mi-avril. Franceinfo fait le point sur les rendez-vous à venir des quinze prochains jours.

A partir du 3 avril : des secteurs encore en grève

La direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé vendredi aux compagnies aériennes de renoncer à 20% de leurs vols lundi et mardi dans certains aéroports, en raison de la poursuite de la grève de contrôleurs aériens contre la réforme des retraites. Ces annulations préventives, requises pour les 15e et 16e journées consécutives, concerneront 20% des vols lundi et mardi à Marseille et à Bordeaux. Paris-Orly sera également touché mardi dans la même proportion, a précisé la DGAC dans un communiqué.

Par ailleurs, l'activité continue d'être perturbée dans le secteur des raffineries, relève France Bleu. La grève entamée le 7 mars à la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique), a notamment été reconduite pour une cinquième semaine consécutive sur ce site, rapporte France 3 Pays de la Loire

Entre lundi 3 et mercredi 5 avril : Elisabeth Borne reçoit des responsables politiques

Elisabeth Borne reçoit à partir de lundi les groupes parlementaires et partis dans le but "d'apaiser le pays" et de "dialoguer avec tous les acteurs sur la méthode", après l'adoption de la réforme des retraites, a appris franceinfo.

Le groupe des députés Liot, à l'origine de la motion de censure qui a failli renverser le gouvernement, a accepté le rendez-vous à Matignon. Son président, Bertrand Pancher, sera reçu lundi à 16h30, annonce le groupe. Plus tôt dans la journée, Elisabeth Borne s'entretiendra à 13h30 avec les présidents du groupe Union Centriste à l'Assemblée nationale et au Sénat, Valérie Létard et Hervé Marseille, à 14h30 avec le président du groupe Rassemblement Démocratique et Social Européen au Sénat, Jean-Claude Requier, puis à 15h30 avec le président du Parti radical, Laurent Hénart. 

Le tour des Républicains arrivera mercredi soir. Le président du parti, Eric Ciotti, ainsi que les présidents du groupe à l'Assemblée nationale et au Sénat, Olivier Marleix et Bruno Retailleau, seront reçus à 19h30. La députée du Rassemblement national, Marine Le Pen, sera également reçue à Matignon, mais une semaine plus tard, le 11 avril, assure son entourage à franceinfo.

En revanche, les écologistes, les insoumis et les communistes ont annoncé qu'ils ne répondraient pas à l'invitation de la Première ministre. Vouloir "tourner la page" semble "hors-sol et déconnecté de l'état de nerfs" des Français, alors que l'opposition à la réforme des retraites est encore très vive, estime la cheffe du parti EELV, Marine Tondelier, selon qui "le pays n'y est pas prêt et nous non plus", auprès de l'AFP. "On ne va pas participer à ce genre d'illusion politique", a aussi réagi Eric Coquerel sur franceinfo, dimanche. Pour le député insoumis, "on ne peut pas discuter" d'autres sujets "tant que la réforme des retraites n'est pas retirée". "Nous demandons à être reçus par le président de la République. Il est urgent qu'il agisse !", a commenté le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

Du côté du Parti socialiste (PS), qui a fait connaître sa décision en fin de journée dimanche, il n'est pas non plus question de se rendre à l'invitation d'Elisabeth Borne. "Nous ne souhaitons participer à aucune consultation sur les suites du calendrier parlementaire (...) avant de connaître les suites données à votre rencontre avec l'intersyndicale prévue le 5 avril prochain, à la veille d'une onzième journée de mobilisation" contre la réforme, écrivent dans une lettre à la Première ministre le premier secrétaire du parti, Olivier Faure, et les présidents du groupe PS à l'Assemblée nationale et au Sénat, Boris Vallaud et Patrick Kanner.

Mercredi 5 avril : Elisabeth Borne rencontre les organisations syndicales et patronales

L'intersyndicale, dont la CGT et sa nouvelle patronne, Sophie Binet, ont accepté de rencontrer Elisabeth Borne à Matignon mercredi, après avoir déploré que l'exécutif soit resté muet à leurs invitations ces dernières semaines. La réforme des retraites sera "évidemment" abordée par les syndicats durant ce face-à-face, a assuré Matignon, après que des sons de cloche contradictoires ont été entendus au sujet du menu de la discussion.

Mais la cheffe du gouvernement refuse toujours de mettre "en pause" le texte – une proposition formulée par le patron de la CFDT, Laurent Berger, qui souhaite une "médiation". Le porte-parole du gouvernement lui a aussi opposé une fin de non-recevoir sur ce point. "S'il n'y a pas de pause, ça veut dire qu'il y aura une insatisfaction du côté syndical et que ça va alimenter les manifestations du lendemain", a estimé samedi sur franceinfo Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force ouvrière.

Par ailleurs, le recul de l'âge légal à 64 ans reste une ligne rouge pour les deux parties. D'un côté, les syndicats veulent absolument débattre de cette mesure ; de l'autre, le gouvernement refuse d'y renoncer, puisqu'elle constitue le cœur de la réforme. En revanche, l'exécutif souhaite aborder plus largement la question du travail, et notamment la "répartition de la valeur au sein de l'entreprise""les fins de carrière""les petits salaires en dessous du Smic", selon le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la sortie du dernier Conseil des ministres.

Les principales organisations patronales, favorables à la réforme, seront aussi reçues mercredi à Matignon. Le Medef et la Confédération des PME ont confirmé leur présence. 

Jeudi 6 avril : 11e journée de mobilisation

Une nouvelle journée de mobilisation syndicale contre la réforme des retraites est prévue jeudi 6 avril. Cette 11e journée intervient après une baisse de la mobilisation, fin mars, lors de la précédente manifestation. Entre 740 000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, et "plus de 2 millions", d'après la CGT, avaient alors défilé dans toute la France. 

"Il ne faut pas donner le spectacle d'un étiolement progressif de la lutte", a averti jeudi Jean-Luc Mélenchon sur sa chaîne YouTube, souhaitant que la mobilisation du 6 avril soit assortie d'une "grève générale".

Vendredi 14 avril : le Conseil constitutionnel rend ses décisions

Le Conseil constitutionnel rendra ses décisions sur le texte le 14 avril, ont annoncé les Sages. Ceux-ci délibéreront sur le référendum d'initiative partagée (RIP), porté par 252 parlementaires, qui vise à interroger les Français sur la possibilité de repousser l'âge légal de départ à la retraite au-delà de 62 ans. Ils se positionneront aussi "sur la loi de financement de la Sécurité sociale rectificative pour 2023", précise leur communiqué. Les membres du Conseil constitutionnel pourront décider de valider l'ensemble du texte ou d'en censurer tout ou partie.

>> Réforme des retraites : pour quels motifs le Conseil constitutionnel pourrait-il censurer des dispositions du texte ?

Les parlementaires d'opposition dénoncent notamment le recours à un budget rectificatif de la Sécurité sociale et aux délais d'examen contraints par l'article 47.1 de la Constitution. Ils estiment que la procédure "urgente" a été "détournée". Ces parlementaires soulèvent aussi la question de l'index senior dans les entreprises, un "cavalier législatif" qui n'aurait pas sa place dans un texte budgétaire à leurs yeux.

Concernant la demande de RIP, le Conseil doit en vérifier la recevabilité, en regardant si la consultation porte sur les domaines de "l'organisation des pouvoirs publics, des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale et aux services publics qui y concourent"

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