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Intersyndicale reçue à Matignon : "S'il n'y a pas de pause" dans la réforme des retraites, "ça va alimenter les manifestations de jeudi", analyse l'ancien secrétaire général de FO

Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force Ouvrière, estime sur franceinfo que le gouvernement doit mettre en pause la réforme des retraites. Si il ne fait pas, "il y aura une insatisfaction du côté syndical" explique-t-il.
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Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force Ouvrière, était lundi 20 mars le Grand témoin de la matinale de franceinfo. (FRANCE INFO / RADIOFRANCE)

"S'il n'y a pas de pause, ça veut dire qu'il y aura une insatisfaction du côté syndical et que ça va alimenter les manifestations du lendemain", analyse samedi 1er avril sur franceinfo Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force Ouvrière, à la tête de ce syndicat pendant 14 ans. Il réagit au rendez-vous entre l'intersyndicale et Elisabeth Borne, prévu mercredi à Matignon, au sujet de la réforme des retraites. "Ça peut tourner court", poursuit Jean-Claude Mailly qui estime que la Première ministre souhaite avant tout "montrer qu'un dialogue s'est instauré ou réinstauré".

franceinfo : L'intersyndicale est reçue mercredi 5 avril par Elisabeth Borne à Matignon. Pourquoi faire, selon vous, puisque chacun a fait savoir qu'il camperait sur ses positions ?

Jean-Claude Mailly : Cette réunion a lieu parce que Matignon a expliqué que tout pouvait être sur la table même si le président et la Première ministre ont dit qu'on ne pouvait pas faire de pause sur une réforme en cours. Donc oui, ça peut tourner court. Ça veut dire, si je comprends bien, qu'elle autorise les syndicats à parler de la retraite. Mais s'il n'y a pas de pause, ça veut dire qu'il y aura une insatisfaction du côté syndical et que ça va alimenter les manifestations du lendemain. Quand vous regardez ce qu'il se passe depuis quelques semaines, qui fait des propositions ? Qui fait des avances ? Qui se montre responsable ? Ce sont bien les organisations syndicales. Elles ont proposé une pause ou une suspension et à chaque fois on leur claque la porte au nez. Concernant la mobilisation, si le gouvernement joue le pourrissement, il aura un retour de bâton à un moment donné.

>> Réunion entre Elisabeth Borne et l'intersyndicale : "C'est plutôt une bonne chose que d'avoir cet espace pour aller s'exprimer", selon le secrétaire général de la FSU

Ce rendez-vous à Matignon a lieu avant cette nouvelle journée de mobilisation. Si rien ne sort de cette réunion, est-ce que ça ne risque pas d'enflammer encore plus les cortèges ?

C'est une possibilité. Je crois que l'important pour la Première ministre est de montrer qu'un dialogue s'est instauré ou réinstauré parce qu'il y a longtemps qu'il n'y avait pas eu de contact. Il y a une part d'affichage. Ils attendent aussi le 14 avril, date à laquelle le Conseil constitutionnel rendra son verdict sur le projet de loi. Pour moi, la bonne solution aujourd'hui - puisque tout le monde est d'accord pour discuter du travail - serait de mettre la question du travail, liée à celle des retraites, dans les discussions dès mercredi 5 avril. Et dire que tant qu'on n'a pas fini ces discussions, on suspend le projet de réforme des retraites.

Est-ce que le gouvernement n'est pas pris au piège aujourd'hui ? Est-ce qu'il s'attendait à une réaction aussi importante dans la rue ?

Je pense qu'il ne s'attendait pas à ce qu'il y ait une unité syndicale qui fonctionne aussi bien. Je pense qu'il a fait une grosse erreur d'interprétation. Par le passé, même en 2010, avec l'ancien projet de réforme des retraites, le fil a toujours été maintenu, on avait régulièrement des liaisons téléphoniques avec l'Elysée, Matignon ou le ministère du Travail. Là, ce qui est incroyable, c'est qu'à l'étranger, en Europe, les syndicats ne comprennent pas comment - quand l'ensemble des syndicats demandent à être reçus par le président de la République - ils ont une fin de non recevoir. Dans aucun autre pays, on ne voit ça. Je pense qu'au niveau européen et international, ça discrédite le président de la République.

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