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Réforme des retraites : qui sont les députés du groupe Liot, dont la motion de censure inquiète le gouvernement ?

Les élus de la Nupes et du Rassemblement national pourraient soutenir l'initiative des parlementaires centristes, qui forment le plus petit groupe à l'Assemblée nationale.
Article rédigé par franceinfo
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Le député et fondateur du groupe parlementaire Liot, Paul Molac, le 7 février 2023, à l'Assemblée nationale. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Les députés Liot ne sont pas les parlementaires les plus connus auprès de l'opinion publique. Pourtant, depuis que la Première ministre a dégainé le 49.3, jeudi 16 mars, les yeux se tournent vers ceux qui forment le plus petit groupe de l'Assemblée nationale. Leur motion de censure, déposée vendredi, représente la plus grande chance de succès pour faire chuter le gouvernement.  

Le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot) regroupe 20 députés du centre droit au centre gauche. Ils "partagent un profond attachement aux territoires et à la défense de leur identité", écrivent-ils dans leur "déclaration politique" sur leur site. Ils citent également comme priorité la lutte "contre les fractures sociales, générationnelles et territoriales qui minent la cohésion de notre pays, ainsi que contre les risques environnementaux".

Un groupe fondé par un ancien macroniste

Au sein d'une Assemblée divisée, où aucun camp ne possède la majorité absolue, le groupe est courtisé de toutes parts. Son président, Bertrand Pancher, ancien de l'UMP et du Parti radical de Jean-Louis Borloo, expliquait, début février, avoir été davantage consulté depuis le début de la législature "qu'en 15 ans de mandat".

Il y a d'abord eu les approches du gouvernement, qui espérait un soutien sur la réforme des retraites. Liot a dit non. "La caractéristique de notre groupe, c'est d'être humaniste. Donc, on ne peut pas accepter une réforme des retraites où 60% des salariés seront impactés", expliquait le fondateur du groupe, Paul Molac, à franceinfo.

Le député breton est pourtant un ancien élu macroniste. Mais, se sentant mal à l'aise au milieu d'une majorité "où c'était 'marche au pas", il a progressivement rassemblé autour de lui des élus venus de différents bords. Des nationalistes corses y figurent, ainsi que plusieurs députés ultramarins. Depuis la création du groupe en 2018, lors de la précédente législature, les députés indépendants parviennent à trouver des positions communes, mais avec une liberté de vote à chaque fois. 

"Il faut défendre la démocratie"

Cette fois, ce sont les oppositions se rangent derrière l'initiative de Liot. Indignés par le recours au 49.3, les leaders du groupe ont déposé leur propre motion de censure "transpartisane". Pour cela, il fallait la signature de 58 députés. Ils sont finalement 91 à avoir apposé leur nom, dont 76 à gauche. "Nous sommes tous d'accord sur une chose, c'est qu'il faut défendre la démocratie [en dépit de] nos divergences", avait auparavant expliqué Charles de Courson, fervent opposant à la réforme des retraites. Le député Liot, le plus ancien membre de l'Assemblée nationale, fait partie de ceux qui ont tiré les ficelles pour convaincre ses collègues.

Si le Rassemblement National a également déclaré vouloir déposer une motion de censure, c'est bien celle du groupe Liot qui donne pour l'heure des sueurs froides au gouvernement. La position centrale du groupe sur l'échiquier politique pourrait lui permettre d'agréger les voix. A gauche, La France insoumise (LFI) a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne déposerait pas de motion de censure elle-même. Elle préfère favoriser celle du groupe Liot, afin de "donner les plus grandes chances à la censure", a expliqué Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, sur France Inter vendredi. Les autres groupes de la Nupes pourraient en faire de même. Treize parlementaires "insoumis" ont signé la motion de censure déposée vendredi.

Les députés du Rassemblement national (RN) voteront aussi la motion de censure du groupe Liot. "Elle est celle qui est susceptible d'avoir les voix de l'ensemble de l'opposition", a expliqué le président du RN, Jordan Bardella sur franceinfo.

Combien de soutiens chez Les Républicains ?

Reste la question des Républicains. Aucun d'entre eux n'a cosigné la motion de censure de Liot. "Je regrette que mes collègues de LR ne soient pas signataires, mais j'espère qu'ils seront nombreux à la voter", a réagi vendredi Bernard Plancher. 

Depuis le déclenchement du 49.3, plusieurs députés LR ont annoncé qu'ils voteraient la motion de censure du Liot, contre l'avis de leur groupe. C'est le cas de l'élu du Territoire de Belfort, Ian Boucard. "A titre personnel, je voterai la censure", a également affirmé le député de Moselle Fabien Di Filippo, cité par l'AFP. Selon la même source, Pierre-Henri Dumont (Pas-de-Calais) refuse de voter une motion RN ou LFI, mais une motion Liot "se discute". "Je ne m'interdis rien" sur un vote, a abondé son collègue de l'Oise Maxime Minot. L’élu du Cantal Jean-Yves Bony s'y déclarait prêt dès mardi, selon LCI. Enfin, le député Aurélien Pradié a, pour sa part, estimé jeudi que "chaque député reste totalement libre d'aller participer à une autre motion de censure".

Cependant, la barre de 287 voix (soit la majorité absolue) nécessaires pour l'adoption de la motion de censure par l'Assemblée nationale semble difficile à atteindre. Même si tous les députés Nupes, RN et Liot votent le texte, il faudra encore compter sur le soutien d'au moins 25 élus des Républicains. Mais cela pourrait bien ne pas suffire, puisque le groupe Liot ne paraît pas lui-même unanime sur la question. Seuls 15 des 20 députés ont ainsi signé la motion de censure.

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