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Réforme des retraites : huit députés LR ont entre leurs mains le sort de la proposition du groupe Liot visant à abroger le texte

Article rédigé par Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les députés LR lors des questions au gouvernement, le 15 mai 2023. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)
La proposition de loi, qui vise à supprimer le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, arrive mercredi en commission. La majorité compte sur les voix des Républicains pour la bloquer.

Comme un remake du débat sur les retraites, à plus petite échelle. "On assiste à un petit jeu médiatique, avec un gouvernement qui a tendance à dramatiser les enjeux", fustige le député LR Yannick Neuder. Une nouvelle fois, le camp présidentiel mise sur les députés Les Républicains pour protéger la réforme des retraites des assauts de l'opposition, emmenée par le groupe Liot. Les 21 députés de Bertrand Pancher veulent supprimer la mesure phare de la réforme du gouvernement, adoptée par 49.3, à savoir le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, à l'occasion de leur niche parlementaire du 8 juin. Avant cela, le texte doit être débattu et voté en commission des affaires sociales, mercredi 31 mai.

La majorité compte beaucoup sur cette première étape pour supprimer l'article 1 de la proposition de loi sur le retour de la retraite à 62 ans et obliger le groupe Liot à réintroduire cet article sous forme d'amendement. Le but ? Permettre ensuite à la présidente de l'Assemblée nationale de déclarer cet amendement irrecevable, au titre de l'article 40 de la Constitution, et donc empêcher le Palais-Bourbon de le voter. "C'est un coup mortel si cette proposition de loi passe", confiait à franceinfo un responsable de la majorité.

"Très indécise sur le sujet"

Pour mettre en œuvre ce plan, les soutiens d'Emmanuel Macron se tournent donc vers les huit députés LR de la commission des affaires sociales. Le rapport de forces y est assez ténu. La majorité dispose de 32 sièges, l'opposition en a 40, dont ces huit députés de droite. Ce sont donc eux qui ont entre leurs mains le sort du texte. Que vont-ils faire ? Franceinfo les a tous sollicités, cinq ont répondu.

Sans surprise, les deux députés réputés "Macron compatibles" que sont Philippe Juvin et Alexandre Vincendet annoncent qu'ils voteront contre la proposition de loi de Liot. "Je serai l'orateur du groupe et évidemment, je voterai contre le texte", confirme Philippe Juvin. Ce dernier se montre confiant dans le rejet du texte. Alexandre Vincendet est décidé aussi : "J'ai déposé des amendements de suppression de la proposition de loi en commission et je suis évidemment contre ce texte, étant favorable à la réforme des retraites."

Yannick Neuder, député de l'Isère, et proche de Laurent Wauquiez, assure, lui, qu'il n'était pas d'accord avec "les modalités utilisées" par le gouvernement ou avec le recours au 49.3 mais qu'"il faut sauver le système par répartition". Il restera donc "cohérent" et s'opposera à la proposition de loi Liot, dont il critique la méthode. "Si on dépose une proposition de loi pour annuler ce que le Parlement a voté il y a quelques mois, on grippe le système."

"Je dis à mes collègues LR de faire attention. Il ne faut pas que l'on creuse le trou de la division car cette proposition de loi n'aura aucune conséquence. Même si elle était votée, cela tomberait aussitôt dans les abîmes du Sénat."

Yannick Neuder, député LR de l'Isère

à franceinfo

Parmi ces huit députés LR, trois élues ont toutefois voté la motion de censure de Liot contre le gouvernement : Josiane Corneloup, Justine Gruet et Isabelle Valentin. "Je suis pour ma part très défavorable à un âge légal", livre cette dernière, tout en expliquant être "très indécise" concernant la proposition de loi Liot. L'opposition les compte d'office dans son camp mais rien n'est moins sûr, assure ainsi une source du parti. "Ne déduisez pas, parce qu'elles ont voté la motion de censure, qu'elles voteront automatiquement la proposition de loi. Elles sont opposées à la réforme des retraites, mais il y en a qui disent aussi que c'est un coup de com de Liot."

"On a peur que ça ne passe pas"

Même si ces trois députées votaient le texte, le rapport de forces au sein de la commission serait le suivant : 35 voix pour l'opposition et 35 pour la majorité. Egalité donc. Restent deux députés LR, Stéphane Viry et Thibault Bazin, qui étaient d'ailleurs responsables du texte sur la réforme des retraites pour leur parti. Ces derniers n'étaient pas emballés par la réforme du gouvernement, mais pas au point de voter la motion de censure.

Interrogé par franceinfo, Thibault Bazin annonce qu'il n'aurait pas voté le texte de Liot, "un coup de com qui n'aura pas de suite, et qui n'est pas une proposition d'alternative crédible", mais qu'il sera absent en commission mercredi. "J'interviens à la même heure pour le groupe en commission des lois sur l'eau et l'assainissement", justifie-t-il. Selon nos informations, il pourrait être remplacé par le président du groupe, Olivier Marleix, favorable à la réforme des retraites, sans que le président du groupe LR l'ait pour le moment confirmé à franceinfo. Cela ferait en tout cas une voix de plus pour la majorité. Stéphane Viry n'a pas répondu à nos sollicitations.

Dans l'opposition, on se fait peu d'illusions. "On a peur que ça ne passe pas et que l'on perde en commission", soupire-t-on dans les rangs du groupe Liot, tout en insistant : "Ce n'est pas elle qui va décider mais l'Assemblée nationale, le 8 juin." A gauche aussi, les espoirs sont faibles.

"En commission, nous n'avons pas les LR les plus défavorables à la réforme, il n'est pas impossible qu'on n'ait pas de majorité."

Une figure de la gauche

à franceinfo

"En commission, ce n'est pas sûr que l'on gagne, alors qu'en séance, oui", poursuit cette figure de la gauche. Sauf si Yaël Braun-Pivet déclare effectivement irrecevable le potentiel amendement de réintroduction de l'opposition. Le feuilleton sur les retraites se poursuit, une fois de plus.

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