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Réforme des retraites : la France insoumise pratique le "zadisme législatif", avec déjà "19 000" amendements déposés, déplore un député LREM

"C'est un record absolu, ça ne sert à rien", a affirmé jeudi sur franceinfo le député Olivier Véran, rapporteur général de la commission des affaires sociales.

Article rédigé par franceinfo
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Olivier Véran, le 20 décembre 2018 à l'Assemblée nationale à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

Olivier Véran, député La République en Marche de l'Isère, rapporteur général de la commission des affaires sociales, dénonce jeudi 30 janvier sur franceinfo "le zadisme législatif" du groupe la France insoumise, qui a déjà déposé "19 000" amendements à l'Assemblée nationale. "Ça s'appelle de l'obstruction parlementaire. Moi je n'ai pas peur d'employer l'expression de "zadisme législatif", pour nous empêcher de travailler", a-t-il expliqué.

franceinfo : La conférence de financement [de la réforme des retraites] s'est ouverte en présence du Premier ministre, des représentants des syndicats et du patronat. Syndicats et patronats ont maintenant trois mois pour se mettre d'accord, s'ils n'y arrivent pas, le gouvernement se garde le droit de réinstaurer l'âge pivot ?

Olivier Véran : La donne n'a pas changé. Il y a eu le temps de la concertation, qui a duré près de deux ans, il y a eu le temps de la contestation, qui a duré pendant quelques semaines en France et là s'ouvre le temps de la démocratie sociale et en parallèle de démocratie parlementaire. Nous avons reçu hier à l'Assemblée nationale en commission spéciale chargé de la réforme des retraites l'ensemble des représentants des organisations syndicales, du patronat puis des salariés. Tout le monde est venu, c'était extrêmement intéressant, productif, il y a eu plus de dix heures d'audition hier. Et on voit qu'il y a des propositions sur la table, cela veut dire que le dialogue est de bonne qualité, et il l'a toujours été, au-delà parfois des postures des uns et des autres. Nous allons pouvoir maintenant aboutir et concrétiser les engagements du gouvernement pour équilibrer les retraites et mener cette réforme à bien.

Plusieurs économistes parlent d'une conférence de financement biaisée par le gouvernement. On ne touche pas aux cotisations, on ne touche pas au niveau des pensions, il n'y a donc qu'une seule solution, travailler plus longtemps ? Pourquoi ne pas toucher aux cotisations, même un tout petit peu ?

Nous assumons de ne pas vouloir augmenter les impôts des Français et de ne pas baisser les pensions des retraités (…) Au-delà de ça, vous avez d'autres possibilités de financement. Il y a effectivement la question de l'âge. Dans la mesure où l'espérance de vie a augmenté, dans la mesure où l'on se rend compte que les Français sont de plus en plus nombreux à travailler plus longtemps en pratique. Et puis il y a d'autres mesures : peut-être que l'on fera appel à des solidarités entre les caisses de la Sécurité sociale, des questions de participation patronales. Je n'en sais rien, je ne peux pas vous apporter ces réponses. Ce qui est sûr, c'est toutes façons on aboutira à un cocktail de mesures. (…) Je souhaite que l'on puisse étudier cela dans de bonnes conditions au Parlement (…) Sur le site internet de l'Assemblée nationale, à l'heure où je vous parle, auront été déposé quasiment 20 000 amendements par l'opposition, dont 19 000 déposés par le seul groupe de la France insoumise. C'est un record absolu, ça ne sert à rien, ce sont des amendements où l'on va ajouter ou retirer une virgule (…). Ça fait 20 millions de pages à imprimer pour l'Assemblée nationale. C'est un travail monstrueux pour les fonctionnaires de l'Assemblée nationale. Ça s'appelle de l'obstruction parlementaire. Moi je n'ai pas peur d'employer l'expression de "zadisme législatif", pour nous empêcher de travailler.

Demander aux Français de travailler plus longtemps, est-ce que ça n'en revient pas à demander aux Français de faire payer aux gens l'attractivité de l'économie française qui est financée par la baisse des cotisations ?

L'attractivité de l'économie française n'a que des effets positifs. Quand on créée de l'emploi, on permet à des gens de travailler et de ne pas être au chômage. Ce qui leur permet de d'avantage cotiser pour leur retraite et pour la Sécu. Si on fait tomber le chômage à 5%, il n'y a plus besoin de se poser la question de savoir comment est-ce qu'on finance. Les cotisations rentrent, les prestations sociales diminuent et tout le système est équilibré. Ce que nous payons aujourd'hui, c'est un chômage de masse depuis trente ans. Et donc on ne peut que se satisfaire du fait que le chômage ait baissé de 3% cette année, que l'on ait créé 250 000 emplois, que l'attractivité économique du pays augmente. Ça pourrait être tentant de se dire qu'il faut augmenter les impôts des entreprises. Mais si on fait ça, on casse une dynamique et on maintient des gens au chômage et socialement je pense que c'est pire que tout (…).

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