Réforme des retraites : la Première ministre a passé plusieurs appels de "pure forme" aux syndicats durant le week-end
Élisabeth Borne a appelé FO, la CFDT et la CGT entre samedi et dimanche pour prendre la température avant et après la manifestation du 11 février, sans pour autant changer de cap sur la réforme des retraites.
Élisabeth Borne a fait le tour des syndicats ce week-end. En 48 heures, la Première ministre a téléphoné à la CFDT, à Force Ouvrière et à la CGT. "Un appel de courtoisie", de "pure forme", si l'on en croit les syndicats opposés à la réforme des retraites. "C'est important de garder le contact" a dit lundi 13 février sur franceinfo Olivier Dussopt. Et non pour fracturer le front syndical, s'est défendu le ministre du Travail.
Force Ouvrière a été le premier syndicat appelé samedi matin, pour prendre la température. Quelques heures avant que l'intersyndicale n'acte un durcissement du mouvement à compter du 7 mars pour "mettre la France à l'arrêt".
Le dernier coup de téléphone a été passé à la CGT dimanche soir. Entre les deux, un échange avec Laurent Berger de la CFDT qui a déploré sur franceinfo vendredi une "forme de mépris" du gouvernement à l'égard du mouvement social. Il a aussi évoqué l'absence de contact entre l'exécutif et l'intersyndicale depuis la présentation du projet de réforme il y a un mois. Il faut dire que la communication gouvernementale depuis une semaine était surtout axée autour du "moment parlementaire". On a entendu plusieurs ministres dire que ce n'était plus le temps des syndicats, mais celui des députés et sénateurs.
Le gouvernement compte sur un essoufflement du mouvement
Ces coups de fil en cascade le week-end ont aussi été passés pour démontrer que l'exécutif reste malgré tout à l'écoute de ce qui se passait dans la rue. Sans pour autant y voir un signe de fébrilité du gouvernement après la mobilisation de samedi. Cela se traduit entre autres par l'absence de propositions nouvelles faites au mouvement syndical. Sur le fond encore une fois, chacun a campé sur ses positions ce week-end. Elisabeth Borne a défendu les concessions qu'elle estime avoir déjà faites sur les carrières longues ou sur l'index senior. De leur côté les syndicats l'ont appelée à nouveau à retirer sa réforme.
L'absence de fébrilité du côté de l'exécutif s'explique. Dans les échanges que le service politique de franceinfo peut avoir avec des ministres ou des conseillers, on nous dit compter sur une forme d'essoufflement. On s'étonne par exemple qu'une manifestation le week-end, celle de samedi, n'ait pas drainé plus de monde qu'une manifestation en semaine, lorsqu'il faut se déclarer gréviste et perdre une journée de salaire. La stratégie du gouvernement est de tenir bon jusqu'à la fin des discussions à l'Assemblée, en fin de semaine. Le texte sera automatiquement transmis au Sénat. "Le Sénat, c’est le moment de réassurance", confie un ministre. Car la droite et le centre qui y sont majoritaires sont favorables à la réforme. Les débats s’y dérouleront beaucoup plus sereinement. Tenir, jusqu'à ce vote favorable du Sénat et parier sur le fait que les syndicats les plus légitimistes sortiront de la contestation dès que le vote aura lieu : c'est la ligne à laquelle s'accroche l’exécutif.
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