: Reportage Réforme des retraites : le ministre des Comptes publics Gabriel Attal tente de convaincre des Français dubitatifs
Le gouvernement lance la bataille de l’opinion, pour convaincre les Français un par un : deux jours après la présentation de la réforme des retraites par Elisabeth Borne, les ministres entament le service après-vente. Ainsi, jeudi 12 janvier, c’est le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, qui participait à une réunion publique à Juvisy dans l’Essonne.
>> Ce que la réforme va changer pour votre départ à la retraite, selon votre année de naissance
Dans cette petite salle communale, Gabriel Attal, installé sur un tabouret au milieu d’une cinquantaine de personnes, pour la plupart entre deux âges, venues avec leurs doutes. L’une d’entre elles s’inquiète d’une réforme trop rapide : "Imaginez les Français qui ont 62 ans aujourd'hui, qui sont nés en 1961. Aujourd'hui, ils prennent trois mois !" "Ce sont effectivement des personnes qui vont devoir travailler trois mois de plus, confirme le ministre. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'elles le découvrent vraiment maintenant..."
Amère, la pilule est cependant acceptée
Mais l’exception est dans la salle : "Vous êtes de la génération 65 et donc votre âge légal de départ passe à 63 ans et trois mois...", calcule le ministre, interrogé par une citoyenne. "Ce n'était pas ce qu'on m'avait annoncé !", rétorque son interlocutrice.
La pilule est amère, mais acceptée ici, comme une forme de fatalité. Mais comment arriver à la retraite ? Le sujet inquiète. Et quid des seniors, indésirables dans le monde du travail ? Sylvie, qui travaille à Pôle Emploi, n’est pas convaincue par l’index que veut créer le gouvernement : "Je ne suis pas du tout convaincue, dans la mesure où on a vu ce que ça faisait avec l'égalité hommes-femmes", dénonce Sylvie.
"Ce n'est pas parce que vous avez décrété une retraite que, subitement, avec un coup de baguette magique, les seniors vont être mis au premier plan..."
Sylvieà franceinfo
À demi-mot, Gabriel Attal reconnaît qu’il y a beaucoup à faire. "Moi, assure-t-il, je suis très preneur de toutes les propositions qui viennent des gens du terrain." Arriver à la retraite, oui, mais dans quel état ? Car toutes les inquiétudes autour des métiers pénibles n’ont pas été levées. "Mon mari, qui travaille à Rungis, porte des charges lourdes et marche environ quinze à dix-sept kilomètres par nuit", témoigne ainsi une habitante.
"Cela ne va pas assez loin en termes de justice"
Le ministre l’assure : "Il y a plus de Français qui pourront partir plus tôt parce qu'ils ont eu une carrière pénible après la réforme qu'on mène qu'avant cette réforme", assure Gabriel Attal. Philippe, chef d'entreprise dans le bâtiment, sort partagé de ces deux heures d'échanges : "Je trouve qu'il y a plus de justice que ce qu'on avait avant, mais ça ne va pas assez loin en termes de justice."
Remporter la bataille de l’opinion n’est pas encore gagné : tous les ministres sont invités à aller sur le terrain. Si cela a tourne mal, prédit un conseiller ministériel, c’est cependant bien Emmanuel Macron qui devra descendre dans l’arène.
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