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Réforme des retraites : "On est loin d'avoir été convaincus par le président de la République", déclare la secrétaire générale adjointe du syndicat Snes-FSU

Sophie Vénétitay est sûre que la prise de parole du président de mercredi "va très certainement alimenter la très forte mobilisation de jeudi" contre la réforme des retraites.
Article rédigé par franceinfo
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Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, professeur de sciences économiques et sociales, était invitée de franceinfo, le 12 septembre 2022. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"On est loin d'avoir été convaincus par le président de la République", admet mercredi 22 mars sur franceinfo, Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat du second degré Snes-FSU après la prise de parole d'Emmanuel Macron sur TF1 et France 2.

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La secrétaire générale affirme par ailleurs "avoir déjà des retours de taux de grévistes assez importants" pour la nouvelle journée de mobilisation nationale prévue jeudi. Sophie Vénétitay est sûre que le discours du président "va très certainement alimenter la très forte mobilisation de jeudi", d'après les premiers échos qu'elle a eus. Selon elle, "ce jeudi, il va se jouer aussi quelque part une page de l'histoire sociale de ce pays".

franceinfo : Serez-vous également mobilisée ce jeudi ?

Sophie Vénétitay : On sera mobilisés jeudi. On a d'ailleurs déjà des retours de taux de grévistes assez importants, voire même de collèges fermés dans l'académie de Limoges. On est loin d'avoir été convaincus par le président de la République.

Ses quelques minutes passées sur le thème de l'Education nationale ont surtout montré qu'il persistait dans une méthode qui perd, puisqu'il a annoncé des choses qui sont pourtant très largement contestées par les organisations syndicales notamment quand il a parlé de remplacer du jour au lendemain des professeurs dans les collèges et les lycées. Il se trouve qu'on est en discussion en ce moment avec le ministère de l'Education nationale sur ce sujet et que lors de la dernière réunion, toutes les organisations syndicales sont parties en mettant en avant l'impossibilité de développer ces mesures. Et là, alors qu'on est tous partis, le président persiste et signe.

"On voit donc bien que derrière les grands discours de concertation, il semble déterminé à passer pour imposer son projet au mépris de ce qu'on peut porter."

Sophie Vénétitay, Snes-FSU

à franceinfo

Il a parlé d'immenses ambitions vous concernant, qu'en pensez-vous ?

Il parle beaucoup. Il a de grands mots et de grands discours sur l'école. Moi, je regarde les faits. Il se trouve qu'on est en train de préparer la rentrée 2023 et que dans les collèges et les lycées on supprime des postes de professeurs : 480 postes de professeurs en moins à la prochaine rentrée.

Depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, il a supprimé près de 8 380 emplois de professeurs. Des faits qui montrent bien qu'il n'a pas vraiment d'ambition pour les collèges et les lycées. Sur la question des salaires, il avait promis une augmentation de salaire pour tous les personnels en janvier 2023 - qui devait s'élever à 10% - et nous n'avons rien reçu. Les paroles c'est bien mais les actes c'est mieux.

Emmanuel Macron avait d'ailleurs pris le secteur de l'Education comme un argument pour la réforme des retraites en disant qu'il fallait continuer à investir dans l'éducation et la santé ?

Là encore, on n'en voit pas la trace, ni la réalisation concrète. Par ailleurs, sur la question de la réforme des retraites, les professeurs sont très mobilisés. Aujourd'hui, il paraît impossible - comme pour d'autres professions - de se dire qu'on va travailler deux ans de plus. Comment est-ce qu'on peut envisager d'être dans les classes, devant nos élèves à 64, 65, 66 ou 67 ans ? Ce n'est pas un progrès social que d'aller vers cette situation.

"Emmanuel Macron persiste et signe alors même qu'il y a une opposition majoritaire dans le pays. D'après les premiers retours que l'on a, le discours d'Emmanuel Macron va très certainement alimenter la très forte mobilisation de jeudi."

Sophie Vénétitay, Snes-FSU

à franceinfo

Que vous disent les enseignants, notamment ceux qui n'ont pas voulu perturber le bac, est-ce qu'ils vont se mobiliser plus nombreux jeudi ?

On sait que la décision de faire grève pendant les surveillances du bac n'était pas facile à prendre, c'est pour cela qu'on a tenu une position équilibrée sur le sujet. On a beaucoup de collègues qui nous disent qu'ils s'étaient réservés pour la journée du jeudi 23, parce que la coupe est pleine. On a un président qui méprise ce qui se dit dans la rue et les organisations syndicales, qui veut imposer un projet qui va dégrader nos conditions de travail, qui va faire du mal aux fins de carrière.

Et puis, dans l'Education nationale, le dossier des salaires est bloqué. Il y a un ras-le-bol profond auquel ne répond pas le président. On a aussi beaucoup de collègues qui disent être très choqués par le discours sur la démocratie que tient Emmanuel Macron, avec sa volonté de passer en force. Ce jeudi, il va se jouer aussi quelque part une page de l'histoire sociale de ce pays.

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