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Témoignage "Il m'a attrapé par le sexe" : le manifestant insulté et violenté par des Brav-M à Paris dénonce une agression sexuelle

Article rédigé par franceinfo, Aurélien Thirard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des policiers membres de la Brav-M, en opération dans le cadre de la manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 23 mars 2023. (JAN SCHMIDT-WHITLEY/LE PICTORIUM / MAXPPP)
Souleymane fait partie d'un groupe de sept personnes arrêtées lundi soir à Paris lors d'un rassemblement contre la réforme des retraites. Un enregistrement réalisé par l'un d'eux a déjà révélé des intimidations et insultes proférées par des policiers de la brigade motorisée.

Souleymane, un des manifestants qui assure avoir été violenté et agressé lundi soir à Paris par des policiers des Brav-M (brigades de répression de l'action violente motorisées) témoigne, samedi 25 mars, en exclusivité sur franceinfo. Il dénonce notamment une agression sexuelle, dont il dit avoir été victime lors de son arrestation en marge des rassemblements spontanés contre la réforme des retraites.

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Selon lui, l'agression sexuelle se déroule avant que commence l'enregistrement long de 20 minutes auquel a eu accès franceinfo. "Au moment des palpations, [le policier] m'a fouillé et puis il m'a attrapé par le sexe", confie Souleymane. Et dans la foulée, "Il m'a dit 't'as même pas de couilles', des propos très sexistes", ajoute-t-il.

Souleymane, 23 ans, assure que c'est ce même policier qui lui a tenu d'autres propos à connotation sexuelle et sexiste que l'on entend dans l'enregistrement. "Tu sais, moi je peux venir dormir avec toi si tu veux...", peut-on entendre dire le fonctionnaire. "Eh ben, on y va", répond promptement le jeune homme. Le policier reprend : "Et c'est le premier qui bande qui encule l'autre".

Souleymane se dit "humilié" et "touché" par ces comportements et ces violences. "J'ai fait l'erreur d'aller manifester", en vient même-t-il à dire. Pour l'heure, "par peur", il assure ne pas vouloir déposer plainte à l'encontre du policier.

Le témoignage de Souleymane au micro franceinfo d'Aurélien Thirard

"Juste parce que je souriais, il me donnait des baffes"

Ce manifestant raconte aussi comment tout cela a commencé lundi soir : "On était à la manifestation à Bastille. Après, la police a commencé à gazer, à chasser tout le monde. On est allés vers le 3e arrondissement. Et là, on s'est retrouvé nez à nez avec les policiers, on était 4 ou 5, on n'avait rien fait". C'est alors que commence la palpation lors de laquelle Souleymane dénonce l'agression sexuelle. Puis quand l'enregistrement commence, les policiers "se sont mis à me demander 'Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi t'es sorti ce soir ?', et des remarques et des moqueries". Selon Souleymane, Tchadien de 23 ans qui dit avoir son titre de séjour en règle, les policiers ont agi ainsi à cause de sa couleur de peau. Il était le seul homme noir dans le groupe de manifestants.

"J'ai senti une vraie différence, on était tous choqués de voir comment [les policiers] se comportaient avec moi", se souvient-il. Le manifestant raconte que les policiers ont cherché à cacher leurs agissements. "Il y avait un habitant qui filmait en hauteur, donc [le policier] a demandé à ses collègues de faire barrage pour que l'habitant ne puisse pas filmer, affirme Souleymane. Le policier s'est mis devant moi et il a commencé à m'insulter. Juste parce que je souriais, il me donnait des baffes". Souleymane explique avoir souri "pour calmer la situation" et pas pour provoquer, assure-t-il.

Une nuit en garde à vue

Puis arrive la séquence où un policier tient des propos à caractère xénophobe, menaçant Souleymane d'une expulsion du territoire français. "Même si je suis étranger et que j'ai un titre de séjour, j'ai le droit à la retraite donc je peux aller manifester pour la retraite pour laquelle je cotise", défend le jeune homme qui travaille dans la restauration.

Souleymane explique qu'après l'enregistrement, lui et les autres personnes interpellées ont été conduits dans différents commissariats de Paris et de la petite couronne. Lui a passé sa garde à vue à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Il en est sorti, sans poursuites à son encontre, à midi le lendemain. Il raconte également que c'est dans le bus de la police que le groupe a échangé et que tous ont pu pour la première fois écouter l'enregistrement que venait de faire l'un d'entre eux.

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