: Témoignage "Je n'achète que le strict minimum, je mange les restes" : Christine, comme d'autres retraités, peine à joindre les deux bouts
Confrontés à la flambée des prix à la consommation, les retraités réclament que leur pensions soient revalorisées au même niveau que l'inflation. À Auxerre, Christine témoigne de son quotidien difficile et du sentiment d'avoir été oubliée.
Avec 960 euros par mois, Christine, 64 ans, a ce que l'on appelle une petite pension. Dans sa vie d'avant, elle a été animatrice à Paris, puis factrice à Auxerre, dans l'Yonne, là où elle vit toujours. Christine a pris sa retraite à 53 ans, grâce à l'ancien dispositif de départ anticipé des fonctionnaires.
Elle dit ne pas regretter, même si, aujourd'hui, elle est en difficulté. Elle n’est pas la seule : face à la flambée des prix à la consommation, de nombreux retraités réclament que leurs pensions soient revalorisées au même niveau que l'inflation et un rattrapage de leur pouvoir d'achat perdu depuis plus de 10 ans. Ils iront d’ailleurs manifester en ce sens jeudi 24 mars dans une vingtaine de villes en France, dont Paris, Marseille ou Lyon.
Elle paye les factures, il paye le loyer
Christine, désormais, doit faire attention à tout : "Je n'achète que le strict minimum : je ne prends pas de la viande chère, je fais attention de manger les restes. Quand je mange une pomme, je la mange sur deux jours".
"Quand je prends une douche, l'eau chaude n'arrive pas tout de suite pour ne pas gaspiller d'eau. Je mets un seau en-dessous et quand il est plein, je m'en sers pour tirer la chasse d'eau."
Christineà franceinfo
Si Christine arrive encore à joindre les deux bouts, c'est parce qu'elle vit en couple : son compagnon touche une retraite de 1 100 euros. Elle paie les factures, tandis que lui paie le loyer. L'autre raison, c'est que Christine a repris un travail : deux petits boulots qui lui rapportent 400 euros en plus par mois, hors vacances scolaires.
"J'ai repris un travail dans les cantines scolaires avec un petit garçon que je mène à l'école, raconte la retraitée. C'est beaucoup de travail et de la fatigue nerveuse. Surtout le midi : il y a beaucoup de bruit."
"Au fur et à mesure des années qui avancent, se lever le matin à 5h45, ce n'est pas évident. J'ai 64 ans : dans deux ans maximum, j'arrête de travailler. Et ce sera beaucoup plus dur."
Christineà franceinfo
Ce qui met Christine en colère, c'est que sa pension n'augmente pas comme l'inflation, c'est à dire les prix à la consommation. "Absolument tout augmente, soupire-t-elle. Les pensions augmentent un tout petit peu, mais moins vite que l'inflation. Donc, ça finit par coincer. Vous avez des gens qui touchent des milliards et nous les retraités, on n'a rien. Avant, je n'avais pas la mutuelle à payer, par exemple."
Christine se sent par ailleurs stigmatisée en tant que retraitée : "Nous, les retraités, on est soi-disant riches et on a des sous. Et on vient nous demander de l'argent parce qu'on n’a pas participé au problème de financement avec le Covid : je trouve cela inadmissible."
La sexagénaire ne voit pas quel candidat à l'élection présidentielle pourrait améliorer la situation : "Je n'écoute pas trop les candidats, parce que je ne pense pas qu'ils prennent en considération notre situation." Christine participera à la manifestation de Dijon, jeudi 24 mars 2022, pour se faire entendre.
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