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Vidéo Recours au 49.3 sur la réforme des retraites : face au "cynisme" du gouvernement, les députés LR veulent présenter un "contre-projet"

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Article rédigé par franceinfo
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Damien Abad, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, était l'invité de franceinfo, lundi matin. 

"On avait imaginé le scénario le plus cynique, c'est-à-dire [une annonce] en plein Conseil des ministres sur le coronavirus, et effectivement, ça n'a pas manqué", a réagi lundi 2 mars sur franceinfo Damien Abad, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale. Samedi 29 février, le Premier ministre a décidé d'engager la responsabilité du gouvernement pour faire adopter sans vote le projet de réforme des retraites via l'article 49.3 de la Constitution. Edouard Philippe va faire face à deux motions de censure déposées séparément par les députés de gauche et de droite. "Notre motion de censure va permettre de présenter notre contre-projet. C'est plus une motion de propositions que d'obstruction", a précisé Damien Abad.

franceinfo : Ce recours au 49.3 vous a-t-il surpris ?

Damien Abad : Non, malheureusement, on s'y attendait parce que le gouvernement était embourbé depuis très longtemps dans une réforme injuste, complexe et illisible pour les Français et qu'il n'a pas pu contrer l'obstruction parlementaire. Il n'a pas utilisé les bons outils de la Constitution. On s'y attendait et on avait imaginé le scénario le plus cynique, c'est-à-dire [une annonce] en plein Conseil des ministres sur le coronavirus. Et effectivement, ça n'a pas manqué, donc on n'a pas été surpris.

C'est une arme qui a été utilisée près de 90 fois sous la 5e République. Faut-il supprimer le 49.3 ?

Non, et soyons bien clairs : on ne rivalise pas avec l'opposition gauche pour s'opposer au 49.3 en tant qu'outil constitutionnel. Et d'ailleurs, la droite y a eu recours, donc nous sommes logiques et cohérents. Ce que nous dénonçons, c'est le timing du 49.3, c'est ce choix sur la réforme des retraite. C'est une réforme centrale, 320 milliards d'euros, 15% du produit intérieur brut. C'est ça que nous dénonçons : l'utilisation du 49.3 maintenant, dans ces conditions. Et ce n'est pas pour cela qu'est fait le 49.3.

Vous allez donc déposer et défendre une motion de censure demain à l'Assemblée nationale. C'est un baroud d'honneur pour la droite ?

Non, c'est une motion de censure qui va permettre de présenter notre contre-projet. C'est plus une motion de propositions que d'obstruction. C'est une motion qui va rappeler ce que nous sommes. Nous sommes pour un équilibre financier du système de retraite, pour prendre en compte les carrières longues, la pénibilité, la justice sociale... La grande différence entre notre réforme et celle du gouvernement, c'est que la nôtre est financée par une mesure de report d'âge légal à 64 ans dans un premier temps, puis à 65 ans, ce qui permet de dégager 30 milliards d'euros. Comme le gouvernement ne fait pas cela, il va baisser les pensions des retraités et augmenter les cotisations, c'est-à-dire les impôts sur les professions libérales et indépendantes, notamment les avocats.

Les députés du Rassemblement national voteront avec vous la motion de censure. Toutes les voies sont les bienvenues ?

Je veux être très clair : il faut que Mme Le Pen se justifie devant ses électeurs parce qu'elle est pour la retraite à 60 ans. Dans notre motion, il y aura le report de l'âge légal à 64 ou 65 ans. Elle est pour le maintien des régimes spéciaux. Dans notre motion, il y aura la sortie des régimes spéciaux. Elle n'est pas à une incohérence près. Mais si elle vote notre motion, elle devra en assumer toutes les conséquences et toutes les responsabilités devant ses électeurs.

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