Salaires trop faibles, métiers dévalorisés... Les crèches confrontées au manque de personnel
Faute de personnels dans les crèches, quatre enfants sur dix de moins de 3 ans ne trouvent pas de solution d'accueil. Les professionnels du secteur de la petite enfance témoignent de leur inquiétude pour la rentrée.
Manque de bras, conditions de travail dégradées : le secteur de la petite enfance est en crise et actuellement en France, quatre enfants sur dix de moins de 3 ans ne trouvent pas de solution d'accueil. Les professionnels s'inquiètent et se mobilisent : des grèves ont fleuri ces dernières semaines, à Bordeaux, à Tours ou à Paris. L'association des maires de France a de son côté lancé un appel le 7 juin pour alerter sur l’urgence de développer de nouvelles filières de formation. Car c'est bien le manque de professionnels qui est au cœur du problème.
Salaires trop faibles, profession peu valorisée
Par exemple, dans cette crèche associative parisienne, quatre postes sont à pourvoir depuis plusieurs mois. En cause, pour la directrice de l'établissement, des salaires trop faibles et une profession trop peu valorisée.
"L'accueil d'un enfant est une chose réfléchie ! Ce n'est pas juste lui faire à manger, changer sa couche, et le rendre à ses parents le soir. On n'est pas une consigne ! On est vraiment des professionnels et c'est cela qu'il faut déjà dire."
Une directrice de crècheà franceinfo
Et avec moins de personnel, forcément, ce sont des conditions de travail qui se dégradent. "On n'a plus trop envie de travailler dans ces conditions, donc on va voir pour aller faire autre chose, et c'est un cercle vicieux, soupire-t-elle. Là, ça fait quand même quelques années que je me questionne sur le sens que je mets dans mon quotidien. Le plaisir que j'avais, je commence à le perdre." Et la directrice doit trouver des solutions. "On a dû, poursuit-elle, dans le courant de l'année, réduire l'amplitude horaire, qui était de 8 h à 19 h, à un 8 h / 18 h. Voire de 8h30 à 18 h."
Faute de personnels, des places non pourvues
Une situation que l'on retrouve dans le 17e arrondissement de Paris : la zone compte plus de 2 000 places d'accueil dans des structures publiques et privées, mais toutes ne sont pas pourvues, là encore faute de personnels. "Dans les crèches municipales, 37 agents sont aujourd'hui manquants, indique Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement. C'est un sujet concret qui nous empêche d'attribuer 350 places pour la rentrée 2022-2023."
"Notre cri d'alarme est fondé parce que derrière, il y a des familles qui vont devoir trouver d'autres solutions. Et souvent, cela se solde par un exode."
Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement de Parisà franceinfo
Pour tenter de trouver des solutions, le gouvernement a créé en début d’année un comité de filière "petite enfance", qui réunit autour de la table tous les acteurs du secteur. "La pénurie de professionnels est le problème numéro un, martèle Elisabeth Laithier. Moi, ce qui m'importe sur ces tensions de recrutement, c'est d'agir tout d'abord en urgence pour atténuer dès aujourd'hui les effets de la pénurie, mais aussi traiter les causes profondes de la pénurie. C'est-à-dire notamment le manque d'attractivité de ces métiers et l'organisation collective des ressources humaines."
Une enquête nationale est en cours pour tenter d’ébaucher une cartographie précise des besoins humains en fonction des régions. Il s’agit d’une première et les résultats sont attendus pour la fin du mois. La Fédération française des entreprises de crèches estime de son côté qu'il faut former 30 000 professionnels dans toute la France d'ici 2027 pour maintenir le niveau d'accueil actuel.
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