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Scandale Volkswagen: les enquêtes pleuvent, le PDG s'excuse

Les Etats Unis ont lancé ce mercredi une enquête contre le producteur automobile allemand, à la suite de révélations de truquage sur ses moteurs diesels. Dans une allocution sur le site du groupe, le patron de Volkswagen, Martin Winterkorn se dit "infiniment désolé" pour avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde du logiciel de tricherie.
Article rédigé par Estelle Walton
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (En plus de la plainte des autorités, des consommateurs américains sont prêts à attaquer Volkswagen pour dissimulation frauduleuse. © Maxppp)

Les ennuis sont loin d'être terminés pour Volkswagen. Le scandale du diesel découvert par les autorités californiennes éclabousse maintenant le reste du monde.

Après les découvertes d'une association de protection de l'environnement, les autorités américaines accusent le constructeur allemand d'avoir trafiqué ses moteurs diesel pour les faire passer les tests écologiques haut la main.

Lundi, le groupe a finalement reconnu les faits. Martin Winterkorn a présenté mardi soir son mea culpa. "Je suis infiniment désolé que nous ayons déçu la confiance " de millions de personnes à travers le monde, a déclaré le PDG dans une vidéo diffusée sur le site de Volkswagen.

"Je suis infiniment désolé d'avoir trahi votre confiance" Martin Winterkorn, patron de Volkswagen

"Je m'excuse profondément auprès de nos clients, des autorités et de l'opinion publique dans son ensemble pour cette faute" (Martin Winterkorn, PDG de Volkswagen)

Le trucage concerne tous les moteurs diesel de type EA189, soit selon le constructeur "un volume total d'environ 11 millions de véhicules dans le monde", qui ne se limite donc pas aux ventes américaines. Selon le journal allemand Tagesspiegel, le patron de Volkswagen Martin Winterkorn devrait être démis de ses fonctions vendredi par le conseil de surveillance.

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Le groupe devrait donc payer les 18 milliards de dollars d'amende demandés par les Etats-Unis.

Les Etats-Unis ouvrent une enquête

Les autorités américaines ont d'ores et déjà demandé au premier groupe automobile européen d'interrompre la vente des modèles incriminés. Les consommateurs du pays sont eux aussi sur le pied de guerre, et prévoient une plainte en nom collectif ou "class action" contre Volkswagen. Si un tel procès avait lieu, l'addition pourrait être bien plus salée que 18 milliards de dollars. Le département de justice est en charge d'une enquête pénale contre le groupe allemand pour déterminer les conditions de la tricherie.

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Lundi, le groupe avait dévissé de presque 18% à la Bourse de Francfort, et s'enfonce encore ce mardi de plus de 20%.

"Il s'agit maintenant de faire preuve d'une totale transparence, d'expliquer l'ensemble du processus et j'espère que les faits viendront sur la table le plus vite possible"  (Angela Merkel)

Mais ce n'est pas le seul problème auquel va devoir faire face le constructeur allemand. Berlin a d'ores et déjà ordonné des "tests approfondis" sur tous les modèles diesel de la marque Volkswagen.

"On a complètement merdé" (Michael Horn, PDG de Volkswagen America)

Le patron américain n'y est pas allé par quatre chemins : "Notre entreprise a été malhonnête (...) on dirait qu'on a totalement merdé", a-t-il admis lors d'un événement promotionnel à New York tard lundi soir, promettant de coopérer avec les autorités, le public, et les concessionnaires.

La France suit le mouvement et demande une réaction européenne

Michel Sapin a demandé une enquête "au niveau européen " pour savoir si la supercherie avait également été utilisée sur le marché européen.Ségolène Royal a approuvé cette initiative, annoncant l'ouverture d'une enquête française approfondie. 

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"Nous sommes sur un marché européen avec des règles européennes, c'est celles-ci qui doivent être respectées, c'est celles-ci qui ont été violées aux Etats-Unis." (Michel Sapin)

Mais pour l'Union européenne, une telle décision ne doit pas être prise dans l'urgence. Bruxelles considère que des mesures de surveillance immédiates "au niveau européen" seraient "prématurées".

L'inquiétude des constructeurs français

Les constructeurs français soutiennent l'initiative du ministre, considérant qu'une telle procédure "permettra de confirmer que les constructeurs français respectent les procédures d'homologation en vigueur dans tous les pays où ils opèrent", comme l'indique le Comité des constructeurs français d'automobiles. Une façon de dire que leurs véhicules les passeraient haut la main, puisque eux, respectent bien les normes anti pollution en vigueur.

Le monde entier réagit

De son côté, la Corée du Sud a prévu de convoquer "les représentants et les ingénieurs de Volkswagen à une réunion au ministère mercredi après-midi", tout en conduisant des tests sur les modèles suspects. Leurs résultats devraient être publiés à la fin du mois de novembre.

En Italie, le ministère des Transports va ouvrir une enquête et réclamer des explications auprès de Volkswagen et de l'Office fédéral de l'automobile. Le ministère, se déclarant "préoccupé" par l'affaire, veut notamment savoir "si les mêmes actions illégales qui se sont produites aux Etats-Unis, où les règles d'homologation sont différentes, ont pu se produire en Europe et si ces véhicules ont été commercialisés en Italie".

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