Six questions pour être au courant sur le compteur électrique Linky
ERDF a commencé, mardi, à déployer ses 35 millions de ces boîtiers connectés dans tous les foyers français.
Ce vaste chantier controversé va durer six ans. ERDF, la filiale d’EDF gestionnaire du réseau de distribution d’électricité, commence à déployer, à partir du mardi 1er décembre, 35 millions de boîtiers Linky. Jusqu'à 40 000 de ces compteurs connectés seront posés chaque jour dans les foyers français. Depuis son expérimentation à Lyon (Rhône) et en Indre-et-Loire, les bienfaits réels de Linky font débat et suscitent plusieurs inquiétudes. Tour d'horizon.
Comment ça marche ?
Finis les passages du technicien chargé de relever les compteurs : la consommation sera mesurée en temps réel et transmise, une fois par jour, jusqu'au fournisseur d'électricité, permettant une facturation plus précise que celle basée sur des estimations.
Ce compteur nouvelle génération, vert anis, peut recevoir des ordres à distance, par exemple pour une mise en service ou un changement de puissance.
L'installation de Linky est-elle obligatoire ?
Oui. Le remplacement des anciens boîtiers est obligatoire, rappelle ERDF. Une première vague de trois millions d'appareils sera installée d'ici à la fin 2016, avant le lancement de son cousin pour le gaz, Gazpar, par GRDF.
"Votre contrat prévoit que le gestionnaire de réseau peut remplacer des appareils en fonction des évolutions technologiques", explique à Metronews Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie-environnement à l'UFC-Que Choisir. La pose de ces compteurs nouvelle génération sera gratuite pour le consommateur, si le budget est respecté. L'investissement (5 milliards d'euros) devrait être financé par les économies générées par Linky, notamment sur la relève des index.
Les factures seront-elles plus élevées ?
A priori, ce sera plutôt l'inverse. C'est d'ailleurs l'argument phare pour vanter Linky : il inciterait à consommer de l'électricité avec plus de modération, avec à la clé, une facture allégée. Car le client pourra suivre sa consommation journalière sur un portail internet sécurisé.
La Commission de régulation de l'énergie estime les économies possibles à 1%. "C'est très prudent", insiste Bernard Lassus, directeur du programme Linky d'ERDF, même s'il admet qu'elles sont "difficiles à évaluer, car elles dépendent beaucoup du comportement".
Reste que les données de consommation ne seront accessibles qu'en kilowattheures. Seuls les ménages précaires pourront, pour l'heure, bénéficier d'un affichage en temps réel et en euros, en vertu de la loi de transition énergétique. Les kilowattheures, "cela ne parle pas beaucoup aux consommateurs", regrette Nicolas Mouchnino de l'UFC-Que Choisir.
Linky est-il compatible avec d'autres opérateurs ?
Oui. Comme le rappelle Christian Choné, président de l'Anode, l'association qui regroupe les fournisseurs d'énergie alternatifs, notamment Direct Energie, dont il est un dirigeant, il ne faut pas confondre ERDF et EDF. N'importe quel fournisseur d'électricité pourra établir une facture à partir des données Linky, transmises par le gestionnaire de réseau ERDF.
En ce sens, Christian Choné est très favorable aux compteurs communicants afin d'encourager la concurrence. L'UFC-Que Choisir y voit plutôt une possibilité de surenchère tarifaire. Direct Energie propose ainsi une offre personnalisée adaptée aux habitudes de consommation identifiées par Linky. Prix du service, selon l'UFC-Que Choisir : "6,80 euros par mois, soit un surcoût annuel de 81,60 euros sur la facture."
Les données collectées seront-elles suffisamment protégées?
Toutes les données recueillies par les compteurs Linky en France seront analysées dans un centre "d'hypervision" installé à Lyon. Comme le signale L'Usine Nouvelle, des montagnes d'informations vont ainsi être transmises via Linky à ERDF : "Données clients, données de comptage, données de marché, données relative à la qualité et à la gestion du réseau…" La protection de ces données a été encadrée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
S'ils souhaitent bénéficier d'abonnements plus personnalisés, les clients doivent ainsi donner leur accord explicite à la collecte, à la transmission et au traitement de leur courbe détaillée de consommation. "Si les consommateurs ne donnent pas leur accord, (...) le compteur Linky ne servira pas à grand-chose, à part les relèves à distance", regrette Fabien Choné.
Certains consommateurs s'inquiètent d'un possible piratage informatique. Bernard Lassus écarte ce risque. "Nous travaillons avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. Tout est crypté. Chaque compteur dispose d’une clé spécifique. Si un concentrateur détecte une ouverture [du] capot [du compteur] et une forte variation de la consommation, il s’arrête et efface ses clés par précaution. Les partenaires ont, quant à eux, des certificats spéciaux pour accéder aux données", explique-t-il dans Libération.
Y a-t-il des risques liés aux ondes électromagnétiques ?
Pour communiquer, Linky envoie un signal crypté sur le circuit électrique vers un concentrateur, lequel le relaie via le réseau de téléphonie GPRS à ERDF. Le gestionnaire du réseau communique ensuite l'index aux fournisseurs d'électricité. De quoi faire craindre aux détracteurs de Linky, comme l'association Robin des toits, l'émission de radiofréquences (ondes électromagnétiques), classées comme "peut-être" cancérogènes par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Le compteur Linky utilise, pour communiquer, la technologie des courants porteurs en ligne : le signal circule dans les câbles du réseau électrique, jusqu'au poste de distribution du quartier, en se superposant au courant électrique. Ce compteur n'utilise pas de transmissions par radiofréquences", rétorque ERDF dans Le Figaro, assurant que Linky "émet moins qu'un téléphone portable, qu'une box wifi, qu'un four à micro-onde ou qu'une télévision..."
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