Société Générale: une affaire complexe
En visite en Inde, Nicolas Sarkozy a souligné que cette "fraude interne" n'avait "pas touché la solidité ni la fiabilité du système financier français". "Aucun client ne perd quoi que ce soit, le contribuable n'est pas" mis à contribution "en quoi que ce soit", a souligné de son côté le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. Le Premier ministre François Fillon a demandé à sa ministre des Finances de lui donner "sous huit jours toutes les indications" sur cette affaire. Et la commission des Finances du Sénat auditionnera mercredi M. Noyer, le président de l'Autorité des marchés financiers Michel Prada, ainsi qu'un représentant de la Fédération bancaire française.
Vers 17 heures, l'action Société Générale reculait de 0,80% à 75,20 euros. Plusieurs voix se sont élevées pour exprimer un certain étonnement quant à la possibilité qu'un seul homme soit à l'origine de la "fraude", comme l'avance la banque. Le conseiller social de l'Elysée, Raymond Soubie, a lui jugé "très étonnant qu'une seule personne" ait pu engager des sommes si considérables sur les marchés, "mais puisque la direction de la banque le dit, pourquoi ne pas la croire".
La banque présidée par Daniel Bouton a annoncé hier avoir découvert le week-end dernier qu'un trader avait réussi à déjouer, seul, tous les systèmes de contrôle de la banque pour accumuler des positions cachées, comprises entre 50 et 75 milliards d'euros, selon des sources de marché concordantes. Contrainte de solder au plus vite ces positions en pleine tourmente boursière, la Société Générale a accusé une perte finale de 4,9 milliards d'euros, à laquelle s'ajoutent 2 milliards de dépréciations d'actifs en raison de la crise financière.
La photo de Jérôme Kerviel, le jeune trader mis en cause, s'étalait à la une des journaux européens, la presse britannique le qualifiant de "courtier ripou" ("Rogue Trader") tandis que beaucoup de publications exprimaient elles aussi leurs doutes quant au scénario de l'homme "seul". Selon le parquet de Paris, qui a ouvert jeudi une enquête préliminaire, il est "prématuré de tirer une quelconque conclusion" sur les éventuelles conséquences judiciaires de cette "fraude".
Mais le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a estimé que cette affaire révélait "un vrai problème de régulation, de contrôle du capitalisme financier". "Que vont penser les gens qui ont des économies dans ces banques, qui ont confiance dans leur banque, y placent de petites épargnes pour la retraite?", s'est-il interrogé, avant de réclamer "plus de transparence sur le système financier au niveau mondial".
Caroline Caldier avec agences
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