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Congrès de FO à Lille : pour le secrétaire général sortant, Jean-Claude Mailly, "ça va mal se passer"

Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail, a affirmé lundi sur franceinfo que Force ouvrière "est une organisation qui a besoin de se féminiser".

Article rédigé par franceinfo
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Le secrétaire général de FO à Blanquefort (Gironde), le 16 mars 2018. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

Plus de 3 000 militants sont réunis toute la semaine au Grand Palais de Lille (Nord) pour le congrès de Force ouvrière. Un congrès au cours duquel les délégués vont élire leur nouveau secrétaire général. Il s'agit de Pascal Pavageau, l'actuel numéro deux et seul candidat à la succession de Jean-Claude Mailly, qui passe la main après 14 ans à la direction du syndicat. Invité lundi 23 avril sur franceinfo, Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail, analyse la situation et les enjeux actuels de Force ouvrière.

franceinfo : Que pensez-vous de ce changement à la tête de Force ouvrière ? Est-ce un virage ou la fin d'une parenthèse ?

Bernard Vivier : C'est probablement plus la fin d'une parenthèse qu'un virage profond. Je me trouve actuellement au congrès FO à Lille. On sent bien de congrès en congrès une permanence du syndicalisme Force ouvrière qui est très attaché à deux idées clefs : l'indépendance par rapport aux partis politiques et à toute directive gouvernementale, et puis, la négociation. Depuis ses origines, il y a 70 ans ce mois-ci, FO est une organisation très marquée par l'idée que le progrès social résulte de la négociation - essentiellement avec le patronat - et non pas de la grève en direction du gouvernement ou du patronat. Nous avons aujourd'hui un moment difficile pour FO, parce que Jean-Claude Mailly a fait faire un tour à 180 degrés à son organisation. En 2016, pendant six mois, 14 manifestations main dans la main avec la CGT, et en 2017, un contact avec Emmanuel Macron pour essayer, par la négociation, de tirer avantage sur les valeurs de FO, ce que Jean-Claude Mailly a assez bien réussi. Mais en interne, c'est mal ressenti et ça va mal se passer pour lui sur ce congrès.

Ce changement de stratégie a-t-il eu un impact sur le syndicat ? Sur son nombre d'adhérents par exemple ?

Non, parce que FO est une organisation très stable, très ancrée dans la fonction publique, dans certains bastions du privé comme la grande distribution ou la métallurgie. FO est historiquement à l'abri de mouvements d'humeur internes. Il y a une cohésion interne sur ces deux grandes valeurs que j'ai citées plus tôt. Ce syndicat n'a jamais vraiment quitté ses racines sinon avec Marc Blondel, le prédécesseur de Jean-Claude Mailly, où on avait vu un homme rejoindre davantage dans les manifestations la CGT. Aujourd'hui, [Jean-Claude Mailly] s'en détache justement et il a fait très attention de ne pas être lié à une autre organisation syndicale. Son successeur, vraisemblablement, le suivra sur cette ligne.

Ce congrès, c'est aussi l'occasion de renouveler une partie du bureau confédéral. On promet un rajeunissement, une féminisation, est-ce nécessaire ?

Oui, car FO est une organisation qui a besoin de se féminiser. C'est probablement - de toutes les organisations syndicales avec la CGT - celle qui est la moins féminisée. Non seulement au bureau confédéral, c'est-à-dire l'équipe de tête, qui va voir arriver de nombreuses femmes, mais aussi dans les unions départementales, dans les fédérations professionnelles. FO souffre, comme toutes les organisations syndicales, d'un décalage croissant avec les attentes et les façons de se regrouper, de s'engager, des jeunes générations de salariés. Le syndicalisme français souffre aujourd'hui d'une désaffection des jeunes générations. Les congrès syndicaux sont un peu les congrès des cheveux blancs.

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