Suicides chez France Télécom : un ancien technicien témoigne
L'affaire est devenue le symbole de la souffrance au travail. Entre 2008 et 2009, 35 salariés se sont donné la mort chez France Télécom. Un mois avant le procès, un salarié qui avait attenté à sa vie témoigne.
Yonnel Dervin n'est jamais revenu sur son lieu de travail. Depuis dix ans, il ne peut même pas repasser devant ses anciens bureaux de France Télécom, où il a tenté de mettre fin à ses jours. Aujourd'hui, il se consacre à l'élevage de chiens de compétition, mais il ne se passe pas un jour sans qu'il ne se remémore ses années passées à France Télécom, avant la grande restructuration des années 2000. "C'était l'esprit de famille, il y avait le respect, l'entraide. Il y avait tout ce qu'on peut espérer justement pour une activité professionnelle", se souvient-il au micro de France 3.
"Un coup de massue"
France Télécom était toute sa vie, toute sa fierté. Yonnel Dervin y était rentré il y a 40 ans, par la petite porte, avant de devenir technicien. Mais un matin de septembre 2009, il est convoqué par son chef de service qui lui annonce sa mutation dans un centre d'appel. Pour Yonnel Dervin, c'est une mise au placard : "Là, vous prenez un coup de massue derrière la tête, vous vous effondrez. C'est abominable. Vous coulez et c'est fini". Dès le lendemain, lors d'une réunion de travail, Yonnel Dervin se lève, prend la parole, avant de se blesser grièvement en se poignardant à l'abdomen. Son cas n'est pas isolé. À la même époque, 35 salariés de France Télécom se suicident. À partir du 6 mai prochain, Yonnel Dervin sera partie civile au procès de l'ancien PDG de France Télécom Didier Lombard. Il devra s'expliquer sur les pratiques de harcèlement moral conduisant à cette vague de suicides.
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