"Ça sent l’arrangement entre les sociétés d’autoroutes et l’État" : le décret sur les routes nationales inquiète les associations d'automobilistes
Un décret, publié durant l'été 2020, permet aux sociétés d'autoroutes de pouvoir gérer et entretenir des portions de routes qui partent ou qui mènent à une autoroute.
Alors qu'un rapport du Sénat, présenté vendredi 18 septembre, préconise de "remettre à plat" la gestion des autouroutes, les routes nationales françaises seront-elles bientôt toutes gérées par des sociétés privées ? En tout cas, un décret publié en plein milieu de l'été 2020 au Journal officiel permet aux sociétés d'autoroutes de pouvoir gérer et entretenir des portions de routes qui partent ou qui mènent à une autoroute.
Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France insoumise, évoquait vendredi un risque "de privatisation des routes nationales". Une accusation réfutée par l'exécutif qui affirme que le décret ne fait que "traduire dans le droit une pratique existante".
Un "pied dans la porte"
Début 2019, la cellule investigation de Radio France expliquait que le scénario d'une privatisation de certaines routes nationales était poussé par les sociétés d'autoroutes. Il existe quelques exemples de routes nationales concédées au privé, depuis dix ans notamment la RN 205 qui mène jusqu'à Chamonix, grâce à un avenant à une convention de concession déjà existante. Le décret paru cet été permet de simplifier ce type de procédure. "Si on accorde ne serait-ce qu’un peu des routes nationales ce sera le pied dans la porte et on pourrait même imaginer potentiellement un retour à terme de toute les routes nationales dans le giron des sociétés privées", s’inquiète Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes.
Cette disposition ne porte que sur des portions permettant d'accéder aux autoroutes selon Jean-Baptiste Djebbari, le ministre délégué aux Transports. Sauf que le texte n'apporte pas de limites en termes de kilométrages. Et au final, pour l'association de défense des automobilistes, ce sont les Français qui vont en subir le coût. "Ça sent quand même de très près l’arrangement entre les sociétés d’autoroutes et l’État en laissant de côté l’usager de la route qui, lui, serait condamné à payer toujours d’avantage", affirme Pierre Chasseray.
On va allumer un nouveau scandale et on risque d’aboutir à un mouvement des gilets jaunes puissance 1000.
Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistesà franceinfo
"Nous n'allons pas rendre les routes nationales payantes", se défend le ministère. De son côté l'Association française des sociétés d'autoroute concède que la prise en charge d'une route supplémentaire entraîne des coûts qui se répercuteront par des augmentations de tarif ou un allongement du contrat de concession. Un allongement limité précise l'Association française des sociétés d'autoroute car "les coûts à amortir étant faible".
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