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Conférence sociale : quand le numérique pousse au burn-out

Parmi les sujets au menu de la 4e conférence sociale du quinquennat Hollande, la révolution numérique et son impact grandissant sur le monde du travail. Rencontre avec Claudine. Son smartphone et sa boite mail l'ont conduite au burn-out.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Le "devoir" de déconnexion ne marche pas  © Fotolia- bhakpong)

 Claudine a 55 ans, un CV bien rempli et des compétences recherchées. En 2012, cette petite femme brune est recrutée comme directrice de la production informatique dans un grand groupe privé du secteur de la santé. Un bon salaire, une grosse mission à mener mais sans les moyens humains et financiers promis au départ.

"Mon entreprise m'avait fourni un ordinateur portable suffisamment petit pour être utilisé dans les transports. Et un Blackberry. En moyenne, sur une année, j'ai réalisé quatorze heures de travail dans la journée. Sans compter le travail pendant la durée des transports. Et quand je rentrais chez moi je travaillais aussi. Et je dormais avec mon smartphone".

   

Claudine a beau alerter sa direction, rien n'y fait.   Les recrutements sont gelés, les budgets réduits et on lui dit de se débrouiller. Un peu plus d'un an après son recrutement, Claudine s'écroule.

"L'état d'épuisement est arrivée progressivement. J'avais les symptômes classiques d'un burn-out. Au niveau mental, j'étais en permanence au travail. J'ai perdu le goût à la vie."

 

Rencontre avec Claudine. Son smartphone et sa boite mail l'ont conduite au burn-out - reportage Sarah Lemoine avec Fabienne Sintès

Dans la branche professionnelle de Claudine, 27% des cadres sont - comme elle - au forfait jour. Cela veut dire que leur temps de travail n'est pas décompté en heures, mais en nombre de jours sur l'année. Pas d'heures supplémentaire, donc, mais des RTT. Pour prévenir les abus des employeurs et les risques pour la santé, leur convention collective a intégré l'an dernier une "obligation" de déconnexion. Pour Max Balensi, délégué général du Syntec, la fédération patronale qui regroupe notamment les services informatiques, "l'obligation de déconnexion c'est une obligation pour les salariés de se déconnecter pour éviter d'avoir des amplitudes horaires trop importantes."

 

 

Voilà pour la théorie. Sauf qu'un an et demi après la signature de cet accord de branche, impossible de savoir si les 80.000 entreprises du secteur l'ont appliqué.   Pour la CGT, - qui ne sera pas là aujourd'hui mais qui travaille depuis longtemps sur le sujet - c'est bien la preuve qu'un "devoir" de déconnexion, ça ne marche pas.

La responsabilité, c'est l'employeur qui doit la porter affirme Marie-José Kotlicki, secrétaire générale de la CGT cadres :

"On  serait pour l'interdiction d'émettre des mails pendant les temps de repos ou  de congé des salariés. Ou pour proposer de comptabiliser les heures de travail quand on amène du travail chez soi. Pas de travail gratuit ni dissimulé. ".

 

Et Claudine, dont on a entendu le témoignage au début de ce reportage, on a compris qu'elle était encore incapable de reprendre un travail. Mais est ce qu'elle a encore un travail? Non en fait elle a été licenciée pendant son arrêt maladie. Elle est aujourd'hui au chômage et elle se bat devant les prud'hommes pour faire valoir ses droits et devant la sécurité sociale pour tenter de faire reconnaître son burn-out en maladie professionnelle.

 

 

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