"Des prés, des chevaux, du silence, le paradis" : malgré le chômage, le choix d'un Français "enraciné" en Haute-Vienne
Jean-Marc Ducourtioux, 54 ans, ex-salarié de GM&S, fait partie de ceux qui ne souhaitent pas changer de région. Un profil regroupé dans les "Français enracinés", décrit par une étude publiée mardi.
"On n'a qu’une vie, il faut savoir ce qu’on veut en faire", lance Jean-Marc Ducourtioux, 54 ans, sans emploi depuis 2017. Cette situation ne l'a pas fait déménager. C'est à Saint-Amand-Magnazeix (Haute-Vienne) qu'il veut continuer à vivre, là où vit sa famille, comme 22% des Français, décrit comme "enracinés" par le Baromètre des territoires publié mardi 19 février.
Il y a 26 ans, Jean-Marc Ducourtioux a acheté une maison en pleine nature, pour une bouchée de pain. Une belle et vaste bâtisse en pierre qu'il a rénovée. "Une petite bicoque, assez confortable", dit-il aujourd'hui, montrant son terrain de sept hectares inondé de soleil. "On voit des prés, des champs, des vaches, des chevaux, des arbres… et du silence. Le paradis", résume-t-il. Il tient à ses racines limousines. "J’y suis depuis toujours, ma compagne est ici, elle travaille ici. Ma famille est ici, explique ce fils de paysan. Je peux assouvir mes passions ici, facilement, sans s’appeler Rothschild". Dans la vie, ajoute-t-il, il faut savoir "si on veut courir après le pognon ou si on veut vivre, bien, à un endroit".
En 2017, Jean-Marc Ducourtioux a perdu son emploi chez GM&S, à La Souterraine (Creuse), mais il n’a pas voulu changer de région pour chercher du travail ailleurs.
Ça va bien quand on est jeune, je ne suis pas un escargot. Je n’ai pas la possibilité de mettre tout ça sur le dos et de foutre le camp.
Jean-Marc Ducourtiouxà franceinfo
Ce qui ne l'empêche pas de faire des projets. "Je m’accroche et je vais faire autre chose. Je vais faire une formation et me lancer dans le social en tant qu’éducateur technique", annonce-t-il.
Les limites de la mobilité
Une remarque d’Emmanuel Macron sur les salariés de GM&S, mobilisés pour sauver leur usine, est restée en travers de la gorge de l’ex-délégué CGT. "Ils feraient mieux de chercher du boulot au lieu de foutre le bordel", résume-t-il, pour rappeler cet épisode présidentiel du 4 octobre 2017. "Vous avez vu la région, à chaque fois que vous allez chercher une baguette, il vous faut une voiture", réplique-t-il. "À l’époque où je travaillais à La Souterraine, j'avais acheté un beau petit diesel. Je faisais mes 20 000 km par an. L’État avait dit que le diesel c’était bien, explique Jean-Marc Ducourtioux. Je dépensais entre 200 et 250 euros rien que pour aller bosser et je n’étais pas loin, qu’à 12 kms. Mobilité mon cul, voilà ce que je dis."
Ce n’est pas la première fois que Jean-Marc privilégie la terre, plutôt que sa carrière. "En 1997, pour aller travailler à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), j’avais entre 40 et 50% d’augmentation de salaire, pour faire exactement la même chose, se remémore-t-il. J’avais déjà fait la région parisienne quand j’étais jeune. J’ai dit non pour pouvoir rester ici." Un choix répliqué, assumé et revendiqué...
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