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"C'est inadmissible" : le policier portant un masque de tête de mort face aux "gilets jaunes" à Toulouse visé par une enquête

Un policier s'est montré avec un masque évoquant une tête de mort, samedi, à Toulouse, lors de "l'acte 8" des "gilets jaunes".

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
A Toulouse, un policier a travaillé avec un masque sur le visage, le 5 janvier 2019 lors d'une manifestation des "gilets jaunes". (OBSERVATOIRE DES PRATIQUES POLICIERES)

Sa photo circule sur les réseaux sociaux. Lors de "l'acte 8" des "gilets jaunes" samedi 5 janvier à Toulouse (Haute-Garonne), un policier s'est affiché avec un masque évoquant une tête de mort. Une possible référence au jeu de guerre "Call of Duty" et son personnage "Ghost", qui "porte ce type de masque", d'après France 3"On l'a vu à plusieurs endroits de la manifestation, au milieu de ses collègues", rapporte à franceinfo Pascal, membre de l'observatoire des pratiques policières, qui était sur place. La préfecture de Haute-Garonne a confirmé qu'il s'agissait d'un agent "intégré au dispositif de sécurisation de la manifestation".

Avec plusieurs autres personnes, Pascal surveille chaque rassemblement d'envergure à Toulouse, pour rapporter et documenter "certaines pratiques policières qui nous paraissent contestables". Et ce samedi, le "déguisement" du policier a surpris les "gilets jaunes". "Il y avait un certain effarement au sein des manifestants face à ce policier qui ne se cachait pas. Certains l'ont interpellé", rapporte Pascal, qui a pris des photos.

L'observatoire des pratiques policières a photographié un policier avec un masque évoquant une tête de mort, le 5 janvier 2019 à Toulouse. (OBSERVATOIRE DES PRATIQUES POLICIERES)

"Si c'est pour rire, ce n'est pas marrant"

Si le comportement de ce policier n'était pas spécialement violent – "il agissait comme ses collègues", rapporte Pascal –, son masque a été très mal perçu. "C'est parfaitement déplacé, inadapté. Ça montre qu'un certain nombre de policiers manquent de professionnalisme et de suivi", dénonce Jean-François Mignard, secrétaire général de la Ligue des droits de l'homme (LDH) et habitant de Toulouse. "Si c'est pour rire, ce n'est pas marrant. Il joue à la guerre ? C'est une drôle de conception du maintien de l'ordre..., ajoute-t-il. Quand un policier se balade avec ce genre de choses, il se croit à la guerre. Il y a une espèce de fossé qui se crée entre les forces de l'ordre et les manifestants, vus comme des ennemis."

On est devant des gens qui agissent comme des cow-boys.

Jean-François Mignard, secrétaire général de la Ligue des droits de l'homme

à franceinfo

Une enquête interne ouverte

"Dès qu'il a été remarqué par un membre de la hiérarchie sur la voie publique, il a été sommé de retirer son équipement, ce qu'il a fait", raconte la préfecture. Car son acte est interdit. "Les policiers ne sont anonymisés sur la voie publique que s'ils font partie de services spécialisés dans la lutte antiterrorisme ou le renseignement comme la BRI, la DGSI ou le Raid. En dehors de ces directions, les policiers ne dissimulent pas leurs visages", explique une source policière à franceinfo.

La direction départementale de la sécurité publique a ouvert une enquête administrative interne pour "identifier précisément l'agent en cause et l'entendre sur les conditions qui l'ont amené à s'équiper de ce type de cagoule", puis "une décision sur les suites administratives qui lui seront réservées sera prise à l'issue", détaille la préfecture de Haute-Garonne. Elle conclut : "Le port de ce type d'équipement est inapproprié et inadmissible quant à l'image qu'il renvoie."

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