Cortèges séparés, un leader blessé à l'œil, "nuit jaune"... Ce qu'il faut retenir du 11e samedi de mobilisation des "gilets jaunes"
Des manifestations qui ont rassemblé 69 000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, ont eu lieu dans plusieurs villes françaises. Elles étaient pour la plupart pacifiques, mais des heurts ont néanmoins éclaté avec les forces de l'ordre, notamment à Paris et Nantes.
Le mouvement des "gilets jaunes" se poursuit, dix jours après le lancement par le gouvernement du grand débat national. Les manifestants ont mené leur 11e samedi de mobilisation, samedi 26 janvier, à Paris et à travers la France. Selon le ministère de l'Intérieur, 69 000 personnes ont défilé dans tout le pays, dont 4 000 à Paris. Retour sur les principaux événements de cette 11e journée de manifestation.
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Une mobilisation en baisse, selon l'Intérieur
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 69 000 personnes ont manifesté lors de ce 11e samedi de mobilisation, dont 4 000 à Paris. Un chiffre en nette baisse par rapport aux derniers rendez-vous. La semaine dernière, les autorités avaient dénombré quelque 84 000 manifestants, dont 7 000 à Paris.
A Paris, des manifestations dispersées
Dans la capitale samedi, les "gilets jaunes" étaient éparpillés entre quatre manifestations différentes, toutes déclarées auprès de la préfecture de police.
Plusieurs centaines de "gilets jaunes" ont ainsi défilé avenue des Champs-Elysées, puis sont partis en direction de la place de la Bastille, en passant, entre autres, devant l'Assemblée nationale. Quelque 500 manifestants se sont quant à eux rassemblés cours de Vincennes – où se trouvait également Eric Drouet, l'une des figures du mouvement –, puis se sont dirigés eux aussi vers la Bastille.
Une autre manifestation est partie samedi midi de l'esplanade Georges-Marrane à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), également vers la place de la Bastille. Enfin, le collectif "La France en colère" de Priscillia Ludosky – autre figure des "gilets jaunes" – a mené une "marche solidaire aux gilets jaunes des Territoires éloignés" samedi après-midi, entre le ministère des Outre-mer, dans le 7e arrondissement de Paris, et le siège parisien de Facebook, dans le 2e arrondissement.
Un échange entre des "gilets jaunes" et Annick Girardin
La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a rencontré samedi plusieurs "gilets jaunes" manifestant pacifiquement devant son ministère à l'appel du collectif La France en colère de Priscillia Ludosky. "Je vous invite tous, ceux qui veulent parler de l'Outre-mer, à venir lundi ou mardi me rencontrer, et au-delà à participer à toutes les rencontres qui se font", et "au grand débat", a déclaré la ministre devant les manifestants.
"On n'est pas complètement d'accord sur tout, donc c'est super qu'on puisse en débattre", a insisté la ministre au sujet du référendum d'initiative citoyenne (RIC). Elle s'adressait au professeur et blogueur Etienne Chouard, controversé notamment pour son intérêt pour l'essayiste d'extrême droite Alain Soral, et présent parmi les manifestants. "On ne peut pas tout remettre en question ou tout proposer en matière de référendum, donc il y a forcément des limites à mettre", a-t-elle défendu.
Annick Girardin répond sur le RIC: "Je suis pour faire participer les citoyens davantage à la décision" pic.twitter.com/F9t3JlP0oQ
— BFMTV (@BFMTV) January 26, 2019
"Moins de taxe, du pouvoir d'achat", a également lancé un manifestant face à la ministre. "Je ne reste pas dans mon bureau ! Comme la plupart des membres du gouvernement, on est sur le terrain, on côtoie les gens", a-t-elle affirmé.
Des tensions à Evreux et à Paris
Des affrontements se sont produits entre des manifestants et les forces de l'ordre samedi matin à Evreux (Eure), où quelque 1 500 "gilets jaunes" se sont rassemblés devant l'hôtel de ville. D'autres heurts ont eu lieu samedi après-midi. Quatre voitures ont brûlé et des projectiles ont été lancés sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué par l’utilisation de gaz lacrymogènes.
À #Evreux de francs affrontements entre les gilets jaunes et les forces de l'ordre ont lieu actuellement sur le côté de l'hôtel de ville. Un feu s'est déclaré, des projectiles ont été lancés et il y a l'usage de gazs lacrymogènes. pic.twitter.com/djAtIiUZ2P
— France Bleu Normandie (Seine-Maritime, Eure) (@fbleuhnormandie) January 26, 2019
Ce sont 4 voitures qui sont en train de brûler. Et les deux parties sont en train de se répondre juste à côté d'un nuage noir qui s'intensifie. #Evreux pic.twitter.com/uqj48tyJWS
— France Bleu Normandie (Seine-Maritime, Eure) (@fbleuhnormandie) January 26, 2019
A Paris, de premiers heurts ont également éclaté place de la Bastille samedi après-midi. Autour de 16 heures, des manifestants jetaient des projectiles et s'appropriaient du matériel de chantier dans la rue Saint-Antoine, près de la place. Les forces de l'ordre les ont repoussés en faisant usage de gaz lacrymogène et d'un canon à eau.
#GiletJaune : La situation devient tendue place de la bastille à #Paris. Barricades en place et affrontements en cours. Canon à eau déployé à l’instant. #ActeXI pic.twitter.com/0dpEJlGCk3
— Jules Bedo (@Julesbdo) January 26, 2019
En fin d'après-midi, 52 personnes avaient été interpellées dans la capitale, selon les chiffres de la préfecture de police. Trois personnes ont également été interpellées à Nantes, où "il y a eu de nombreux jets de projectiles et même un cocktail Molotov", selon la préfecture. Comme le décrit France 3 Bretagne, la situation a également dégénéré à Rennes et surtout à Quimper : la préfecture du Finistère a annoncé que cinq policiers ont été blessés après des jets d'acide et d'aluminium.
Une figure des "gilets jaunes" blessée à l'œil
Jérôme Rodrigues, l'une des figures des "gilets jaunes" et proche d'Eric Drouet, a été blessé à l'œil samedi après-midi près de la place de la Bastille, lors de la manifestation des "gilets jaunes". Il a été touché par un projectile alors qu'il se trouvait face à des forces de l'ordre. Jérôme Rodrigues a été évacué par les pompiers, puis hospitalisé.
"Je vais perdre mon œil la famille", a réagi Jérôme Rodrigues sur Facebook.
Samedi en fin d'après-midi, la préfecture de police de Paris a annoncé sur Twitter avoir saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, "afin que soient établies les circonstances dans lesquelles cette blessure est intervenue".
#Paris : blessé pris en chage place de la #Bastille. Le préfet de Police, en accord avec le Ministre de l’Intérieur @CCastaner et le secrétaire d’Etat @NunezLaurent, saisit l’IGPN, afin que soient établies les circonstances dans lesquelles cette blessure est intervenue.
— Préfecture de police (@prefpolice) 26 janvier 2019
Maxime Nicolle, figure du mouvement, brièvement arrêté
Celui qui se fait appeler "Fly Rider", et est un des visages les plus connus des "gilets jaunes", se trouvait à Bordeaux samedi, et a été interpellé. Selon la préfecture, il n'a pas respecté un ordre de dispersion du rassemblement dans lequel il se trouvait, et avait incité d'autres manifestants à faire de même. Deux cents personnes se sont rassemblées devant l'hôtel de police de Bordeaux pour le soutenir. Entendu durant près de deux heures, il a finalement été relâché et ne sera pas poursuivi.
Une première "nuit jaune" rapidement dispersée à Paris
Les "gilets jaunes" ont été appelés à se rassembler à partir de 17 heures, et jusqu'à 22 heures samedi, place de la République à Paris, pour une "première nocturne 'nuit jaune'". L'idée, inspirée des manifestations de Nuit Debout en 2016, a été notamment relayée par Eric Drouet. Elle appelle les manifestants à "débattre, échanger et revendiquer nos véritables doléances", face au grand débat national vu comme une "mascarade".
Vers 18 heures, quelques centaines de "gilets jaunes" étaient présents place de la République, selon France 2. Une heure plus tard, des tensions sont apparues : les forces de l'ordre ont répondu aux feux allumés par des manifestants par des jets de grenades lacrymogènes et des charges. Vers 21 heures, il ne restait plus que 200 manifestants environ sur la place.
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