"Gilets jaunes" : augmenter le smic serait créer "encore plus de pauvreté et de chômage", estime Eric Woerth
Le député LR de l'Oise et président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, a estimé, lundi sur France Inter, que la baisse du nombre de manifestants, samedi, ne signifie pas une baisse de la colère.
Le gain de 100 euros net pour les salariés proches du smic passera "par une hausse massive de la prime d'activité" qui sera versée "dès le 5 février pour compléter le salaire de janvier", a annoncé Edouard Philippe dans un entretien aux Echos, publié dimanche 16 décembre. "Il ne fallait pas de hausse du smic en lui-même. Ce serait créer encore plus de pauvreté et de chômage", a estimé, lundi sur France Inter, Eric Woerth.
Selon le député LR de l'Oise et président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, "on est payés en fonction de sa productivité, sinon l'entreprise n'embauche pas, si le salaire minimum est trop important on licencie ou les entreprises ferment". Cette hausse de 100 euros "est une bonne chose à partir du moment où ce n'est pas au travers du salaire. Là, c'est au travers des impôts ou du déficit ou d'un financement qui n'est pas encore trouvé. Il faut que le financement soit suffisamment solide, sinon c'est la dette qui paie", a expliqué Eric Woerth.
L'élu Les Républicains est revenu sur la hausse de la CSG pour les retraités, qu'il ne trouve pas "normale". "Ce n'était pas dans son projet, contrairement à ce qu'il peut dire, poursuit Eric Woerth. Il n'y avait aucune raison de considérer qu'augmenter le pouvoir d'achat des actifs passe par la baisse du pouvoir d'achat des retraités. Augmenter le pouvoir d'achat des actifs ça passe par le salaire, par des réformes qu'il faut faire et qui n'ont pas été entamées", a-t-il insisté. "Nous allons demander à revenir au taux de CSG qui était le taux initial et donc d'annuler la mesure qui a été prise en 2018 pour tous les retraités."
La vraie réponse sur le pouvoir d'achat est une augmentation de tous les salaires, de la qualification des Français, des marges des entreprises.
Eric Woerthà France Inter
Edouard Philippe a également annoncé que les entreprises allaient être mises à contribution avec un report d'un an de la diminution du taux de l'impôt sur les sociétés de 33% à 31% pour les entreprises ayant plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires. "Plus les entreprises iront mieux, plus elles verseront des salaires, plus elles investiront. Si on commence à s'attaquer à cela, ce qui est le cas, c'est un tête-à-queue, c'est même une rupture avec ce qu'avait dit le gouvernement jusqu'à présent", a estimé Eric Woerth.
.@ericwoerth à propos de la baisse de mobilisation des #giletsjaunes : "La décrue des manifestants ne veut rien dire sur le mouvement, c'est une autre forme de colère" #le79Inter pic.twitter.com/rKc9MAp0g8
— France Inter (@franceinter) 17 décembre 2018
La mobilisation des "gilets jaunes" a été nettement moins importante le week-end dernier, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur. 66 000 manifestants en France samedi contre 126 000 celui précédent. La baisse du nombre de manifestants "ne veut rien dire sur le mouvement lui-même. Ce serait une grosse erreur de considérer que parce qu'il y a un samedi à peu près calme que le dossier est clos. Il commence", a déclaré Eric Woerth.
Pour le député LR de l'Oise, "la violence a fait en sorte que beaucoup de 'gilets jaunes' n'ont pas voulu s'associer à ça plus longtemps, la proximité de Noël, les mesures qui ont été annoncées ont probablement satisfait un certain nombre, cela coûte cher de monter à Paris et certains sont restés là où ils manifestent d'habitude", a expliqué Eric Woerth. Pour calmer le mouvement, "il faut qu'il y ait une rupture avec la façon de gouverner aujourd'hui. C'est plus qu'uniquement une question de pouvoir d'achat", a-t-il ajouté.
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