"Gilets jaunes" : "choqué par l'usage de cette arme", un maire de Moselle interdit l'utilisation des lanceurs de balle de défense dans sa commune
Il a adopté un "arrêté symbolique" en ce sens, applicable pour les manifestations de samedi.
C'est inédit. A Phalsbourg (Moselle), le maire Dany Kocher a pris, vendredi 8 mars, un arrêté interdisant les lanceurs de balles de défense sur sa commune pour la journée du 9 mars. Ce jour-là, des "gilets jaunes" ont prévu de manifester dans la ville en ce 17e samedi de mobilisation. Le journaliste indépendant David Dufresne, qui recense les violences policières depuis le début des manifestations, a publié l'arrêté sur son compte Twitter.
allo @Place_Beauvau - c'est pour un signalement - spécial
— David Dufresne (@davduf) 9 mars 2019
Suite aux demandes de l'ONU et Conseil Europe, arrêté municipal visant à interdire l'usage du #LBD40 à Phalsbourg (Moselle)#ActeXVII
Source: courriel du maire, Dany Kocher pic.twitter.com/SKAQF4hmOO
Un arrêté "symbolique"
"Comme beaucoup de Français, je suis choqué par l'usage répressif du lanceur de balles de défense", explique à Franceinfo Dany Kocher. Il a donc pris, de son propre aveu, "un arrêté symbolique" pour en interdire l'usage à Phalsbourg. "Cet arrêté est symbolique, admet-il, parce que je n'ai pas autorité sur les forces nationales de la gendarmerie. Je ne peux pas empêcher le ministère de l'Intérieur de faire son travail". Ce maire sans étiquette reconnaît qu'il n'y a pas eu jusqu'à maintenant "d'usage de lanceurs de balles de défense" dans sa ville. Mais c'est la première fois, complète-t-il, que les "gilets jaunes" "veulent descendre manifester en ville".
Le maire de Phalsbourg n'a eu aucun retour des autorités après la communication, vendredi, de son arrêté. Interrogés par franceinfo, la préfecture de Moselle, le ministère de l'Intérieur et la gendarmerie de Phalsbourg se refusent à tout commentaire.
Plus de 13 000 tirs de LBD enregistrés
Selon le recensement du journaliste David Dufresne, publié le 9 mars sur Mediapart, il y a eu un mort, 208 blessures à la tête, 22 éborgnements et cinq mains arrachées dans le cadre du maintien de l'ordre depuis le début des manifestations le 17 novembre. Le recours aux lanceurs de balles de défense, dont le Défenseur des droits Jacques Toubon a plusieurs fois réclamé la suspension, a souvent été mis en cause.
Selon le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nuñez, plus de 13 000 tirs de LBD ont été enregistrés et 83 enquêtes concernant des tirs de cette arme controversée sont en cours. Au total, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 2 200 manifestants ont été blessés, et près de 1 500 du côté des forces de l'ordre en près de quatre mois.
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