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"Gilets jaunes" : "La crainte des fonctionnaires de police, c'est de se demander s'ils vont rentrer chez eux le soir", témoigne un CRS

Jessy Castane sera déployé pour sécuriser "l'acte 4" de la mobilisation des "gilets jaunes", samedi. Il redoute un climat encore plus violent que pour la dernière manifestation.

Article rédigé par Delphine Gotchaux, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La mobilisation des "gilets jaunes" le 1er décembre 2018 à Paris. (ABDULMONAM EASSA / AFP)

Cela fait plus de trois semaines maintenant que les forces de l'ordre sont mobilisées et souvent prises pour cible : 89 000 hommes déployés à travers tout le territoire s'apprêtent à vivre avec appréhension "l'acte 4" du mouvement des "gilets jaunes" samedi 8 décembre. Parmi elles, Jessy Castane, délégué Unsa-Police, et ses collègues de la CRS 44, basée dans l'Yonne. Ils seront de nouveau à Paris pour assurer le maintien de l'ordre, dans un climat qu'ils redoutent violent, peut-être plus que celui de samedi dernier. 

Des citoyens "lambda" tombés dans la violence

Pourtant Jessy Castane a vécu des dizaines de manifestations violentes, en 20 ans de carrière : les émeutes urbaines de 2005, les manifestations contre le CPE, celles plus récentes contre la loi Travail, mais ce chef d'escadron n'avait jamais passé une journée comme celle de samedi dernier autour de l'Arc de Triomphe : tirs de feux d'artifice à 20 mètres, boules de pétanque, lances improvisées avec des pointes de grille descellées, jets de pavé, de marteaux, et tout ça pendant plus de neuf heures, par des militants de l'ultra droite et de l'ultra gauche, mais pas seulement : "Voir des citoyens 'lambda' tomber dans cette violence, je ne l'avais jamais vu", témoigne le CRS. "Ils ont atteint un niveau de violence au point d'enflammer des bâtiments où se trouvaient des civils", poursuit-il.

Là, on est montés d'un cran, on a atteint une telle violence que je ne sais pas ce qui nous attend samedi

Jessy Castane

CRS

Davantage de face-à-face

Samedi 8 décembre, Jessy Castane et ses hommes seront encore dans les rues de Paris, mais positionnés différemment, plus question d'être statiques, pour faire face à ces petits groupes ultra mobiles. Le risque, c'est qu'il y aura davantage de face-à-face et le CRS s'inquiète des appels à la haine contre les forces de l'ordre, relayés sur les réseaux sociaux. "Mon épouse, le 1er décembre, a eu mon coup de téléphone à 23h30 donc elle est restée dans l'incertitude toute la journée. Ma fille n'a pas voulu aller se coucher tant que je ne l'avais pas eue au téléphone", raconte-t-il. 

Gérer l'inquiétude des proches

Il faut donc gérer l'inquiétude des proches mais aussi la fatigue accumulée en trois semaines. Jessy Castane se dit pourtant prêt avec son équipe à assumer sa tâche : "Il y a une fatigue qui s'installe, on ne peut pas le nier. On prend des vitamines pour se booster, il faut tenir", explique le CRS.

C'est notre métier, nous sommes les garants de la République et le boulot on le fera. Si ça doit durer cinq, six semaines, on fera cinq, six semaines

Jessy Castane

CRS

Aujourd'hui, Jessy Castane va profiter de son deuxième jour de repos en un mois, avec sa femme et sa fille, avant de remettre samedi 8 décembre sa tenue de CRS.

"Je n'ai jamais vécu un tel niveau de violence", un CRS témoigne des manifestations des "gilets jaunes" : un reportage de Delphine Gotchaux

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