Grève du 5 février : pourquoi la "convergence des luttes" de la CGT ne séduit pas tous les "gilets jaunes"
Des "gilets jaunes" réfléchissent à d'autres modes d'action que les mobilisations hebdomadaires. Certains participeront à la grève générale du 5 février lancée par la CGT, tout en se souciant de l'indépendance de leur mouvement.
"La convergence des luttes, c’est ce à quoi on appelle", dit clairement Catherine Valadier, veste jaune sur les épaules, drapeau rouge de la CGT à la main. Avec plusieurs militants de son syndicat, elle participait à la mobilisation des "gilets jaunes" samedi 2 février à Paris pour appeler à la grève générale mardi prochain. Pour la militante de la CGT, syndicat et "gilets jaunes" doivent s’unir. "La preuve, déclare-t-elle, avec la banderole qu’on a faite, une main rouge et une main jaune qui disent qu’il n’y a pas d’autres moyens que de se retrouver tous ensemble." Mais les "gilets jaunes" présents entendent-ils vraiment cet appel ? Selon Catherine Valadier, si tous n'adhèrent pas forcément, certains ne sont pas contre l'idée.
Je ne dis pas qu’on fait l’unanimité mais quelques personnes viennent nous voir et trouvent que c’est plutôt pas mal.
Catherine, militante CGTà franceinfo
Parmi ceux qui appellent à cette convergence, plusieurs figures des "gilets jaunes", comme Eric Drouet ou Maxime Nicolle, pour qui les manifestations ne suffisent plus. "Il faut que toutes les personnes qui soutiennent ce mouvement se mettent en grève parce que la seule chose qui fera plier le gouvernement sans violence, c’est de toucher à l’appareil économique, lance Maxime Nicolle. À partir du moment où on touche à l’appareil économique, on touche à l’économie mondiale, pas que française, et là ce n’est même plus nous qui mettrons pression, ce sont les pays étrangers. C’est pour ça qu’on veut relayer cette grève", explique-t-il.
"Je m’en tape complètement des syndicats"
Pour beaucoup de "gilets jaunes", une grève générale offrirait une autre possibilité d’action à ceux qui ne souhaitent pas manifester, par peur notamment des violences, mais des freins subsistent. Corinne, assistante dentaire en banlieue parisienne, ne sera pas gréviste mardi prochain. "J’aimerais bien, je suis solidaire, mais je ne peux pas. Ce sont mes employeurs qui vont en pâtir, et ce n’est pas logique", affirme-t-elle. Et ce n'est pas sans ambiguïté pour un mouvement qui s’est construit sur l’idée d’une indépendance à l’égard des partis politiques et des syndicats, ajoute Julien. Ce "gilet jaune", mobilisé depuis fin novembre, reste sur ses gardes. "Personnellement, je m’en tape complètement de la CGT et des autres syndicats. Le plus important pour moi c’est la base et tout ce qu’elle a fait, explique-t-il. Il ne faudrait pas que la CGT tente de récupérer ce mouvement, parce que tout est parti de la base." Toutefois, Julien n’ira pas travailler mardi. Pour la première fois, ce trentenaire qui a connu plusieurs années de précarité participera à un mouvement de grève.
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