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Manifestation des "gilets jaunes" : quatre questions sur les heurts sur les Champs-Elysées

La manifestation des "gilets jaunes" sur l'avenue parisienne a occasionné de nombreux dégâts matériels. 

Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants des "gilets jaunes", le 24 novembre 2018 sur les Champs-Elysées, à Paris. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Pluie de pavés, véhicules incendiés, barricades, gaz lacrymogènes et canon à eau... Les Champs-Elysées a été le théâtre d'affrontements, samedi 24 novembre, lors de la manifestation parisienne des "gilets jaunes". Au moins 26 personnes ont été interpellées dans le quartier. Franceinfo revient sur cette journée mouvementée.

>> Suivez en direct la manifestation des "gilets jaunes" sur les Champs-Elysées

Qui sont les manifestants ?

Selon les chiffres de la préfecture de police, 8 000 personnes s'étaient rassemblées dans le quartier des Champs-Elysées. Parmi elles, des manifestants du mouvement des "gilets jaunes" venus de toute la France mais également des militants politiques d'extrême droite, comme Hervé Ryssen. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a rapidement dénoncé la mobilisation de "l'ultradroite".

Un diagnostique partagé par Sylvain Boulouque, historien des mouvements sociaux. "Vous aviez un drapeau bleu-blanc-rouge frappé du cœur vendéen. Il y avait des drapeaux avec des fleurs de lys, Civitas, etc. Tout cela indique une couleur politique", a-t-il expliqué sur franceinfo.

Les syndicalistes policiers, comme Stanislas Gaudon, l'un des responsables d'Alliance, dénoncent eux la présence de "personnes qui préfèrent en découdre, de l'ultra gauche ou de l'ultra droite" parmi les "gilets jaunes". "On a des gens qui ne viennent pas pour manifester", euphémise Grégory Joron, secrétaire national CRS SGP Police. "Quand vous voyez des personnes avec des masques à gaz et des lunettes de piscine, c'est qu'ils viennent pour foutre le bordel", abonde Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa-Police.

Le dispositif de sécurité était-il suffisant ?

Selon une source policière de France 2, 5 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés dans la capitale pour cette manifestation. "En quantité, le dispositif était largement dimensionné. Il y avait 33 compagnies de forces mobiles sur Paris", estime Grégory Joron, secrétaire national CRS SGP-Police. En comparaison, rappelons qu'une manifestation d'ampleur, comme celle du 1er-Mai dernier à Paris, avait mobilisé 1 500 policiers.

Pourquoi les Champs-Elysées ?

A l'origine, les manifestants souhaitaient se rassembler sur la place de la Concorde. La préfecture de police a refusé, arguant de la sensibilité du lieu, qui se retrouve à proximité de l'Elysée, de l'Assemblée nationale et de l'ambassade des Etats-Unis. Elle a proposé à la place aux "gilets jaunes" de se réunir sur le Champs-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel. En parallèle, un "périmètre d'interdiction des rassemblements et manifestations" a été dressé autour de la place et du palais présidentiel.

Le haut des Champs-Elysées, à partir du rond-point, ne figurait pas dans ce périmètre fermé. Les manifestants, encouragés par certains responsables politiques comme Marine Le Pen, ont snobé le Champ-de-Mars pour se diriger vers la célèbre avenue parisienne. "Sur les Champs, il n'y a que des manifestations festives, jamais revendicatives. Certains ont cru bon d'orienter les 'gilets jaunes' sur l'avenue. On en voit le résultat ce soir", regrette Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa-Police. Et d'ajouter : "On ne peut pas quadriller ou barrer tout Paris."

Comment ont-ils pu faire des barricades ?

Tous les syndicalistes policiers interrogés par franceinfo sont formels : le matériel de chantier présent en nombre sur les Champs-Elysées a compliqué la tâche des forces de l'ordre. "Pour monter une barricade, ils avaient tout à portée de main, ils n’ont pas eu besoin d’amener de matériel", déplore Grégory Joron, de SGP-Police. "Le matériel roulant, comme les compresseurs ou les grues, aurait pu être retiré, je ne comprends même pas qu'il ne l'ait pas été", corrobore Philippe Capon, de l'Unsa-Police.

Sur ce sujet, Stanislas Gaudon, du syndicat Alliance, rejette la faute sur le fait que la manifestation des "gilets jaunes" n'avait pas fait l'objet d'une déclaration en préfecture. "Quand elle est déclarée, le parcours est reconnu, on regarde ce qu'il y a... Et s'il y a des zones de chantier, on les sécurise ou on fait enlever le mobilier", explique-t-il.

Du côté de la mairie de Paris, on rappelle que la préfecture n'avait pas donné de prescriptions de sécurité pour l'avenue des Champs-Elysées. "Elles n'avaient pas demandé aux commerces de retirer leur terrasse ou à la mairie d'enlever les barrières", se défend-on. Contactée par franceinfo, la préfecture de police n'a pas donné suite à nos questions.

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