XL Airways en appelle à un rapprochement avec Air France : "Sinon, on s'arrêtera dans quatre jours", s'alarme son PDG
La compagne aérienne a demandé son placement en redressement judiciaire et espère à présent un rapprochement avec Air France pour sauver les 570 salariés.
Laurent Magnin, PDG de XL Airways, a annoncé dimanche 22 septembre sur franceinfo une rencontre au plus vite avec Ben Smith, le patron du groupe Air France. Le ministère des Transports confirme des contacts, mais Laurent Magnin a reconnu que les conditions n'étaient pas réunies pour qu'une réunion formelle se tienne dès dimanche. Jeudi, la compagnie aérienne a demandé à être placée en redressement judiciaire. Pour ne pas subir le même sort qu'Aigle Azur, le PDG de XL Airways a appelé Air France à venir à sa rescousse, assurant dans un entretien au Journal du Dimanche pouvoir devenir un atout pour le groupe.
Franceinfo : Pourquoi avoir appelé Air France à l'aide ?
Laurent Magnin : On refuse de mourir. Nous avons 600 collaborateurs qui se défoncent totalement. Notre compagnie, contrairement à d'autres histoires industrielles, n'a pas fait des erreurs de gestion. Elle a été attaquée par un dumping faramineux de compagnies qui, pour certaines d'entre elles, ont disparu et d'autres qui sont dans des situations économiques gravissimes. C'est une attaque au détriment des salariés de l'aérien français par des compagnies qui perdent massivement de l'argent. Ce n'est pas une erreur de stratégie. Le deuxième élément, c'est qu'on a une histoire extraordinaire avec Air France. Et c'est pour ça que j'en appelle à Ben Smith. Il y a deux ans Jean-Marc Janaillac [ex-PDG d'Air France] a dit : je ferai de XL Airways le bras armé low-cost de la compagnie Air France. Pendant six mois, on a négocié. Jean-Marc Janaillac est parti après un référendum. Les six mois suivants, nous avons attendu une réponse qui a fini par être négative. Ça veut dire aussi que pendant un an, la petite compagnie XL Airways n'a pas recherché d'autres investisseurs, n'a pas cherché d'autres alliances et a perdu un temps faramineux. Du reste, dans cette fameuse année où Air France nous a tenus dans sa main pour être ou pas sa compagnie low-cost, la trésorerie de la compagnie a été divisée par trois et c'est l'année où arrivent massivement nos compétiteurs étrangers, alors que la compagnie se portait bien en 2015-2016.
Pourquoi ce rapprochement serait-il possible alors que vous êtes en difficulté ?
Mais parce que, encore une fois, la seule réponse à l'invraisemblable baisse du pavillon français ces dernières années, c'est la concentration. Air France a un rôle majeur à jouer. Air France doit avoir des compagnies différentes. Est-ce que je dois vous rappeler que si quelqu'un n'avait pas eu l'idée géniale de faire Transavia à Orly, Air France se serait fait botter les fesses ? Et aujourd'hui il y aurait EasyJet, Vueling Airlines à Orly et il n'y aurait pas une seule compagnie française.
Air France vous propose une réunion ?
J'ai demandé à Ben Smith de me voir d'homme à homme. On s'appelle par nos prénoms dans ce métier, parce qu'on a le même profil et le même feeling. Je le dis avec beaucoup d'humilité, on sait parler aux gens. Moi, je n'ai pas eu de grève depuis 15 ans. C'est unique dans l'histoire du transport aérien français. J'ai une relation avec mes syndicats extrêmement puissante. La première chose qu'a fait Ben Smith en arrivant chez Air France, c'est de rétablir le dialogue social. Les pilotes de nos compagnies aériennes, les hôtesses et stewards le personnel au sol, c'est le cœur de la stratégie. Je vais voir Ben Smith et nous devons dessiner une réponse commune. Après, c'est en son âme et conscience qu'il dira oui ou il dira non, mais on a une histoire à faire ensemble sur le pavillon français.
Vous dites dans le "Journal du Dimanche" que le dialogue social peut être réglé en 24 heures. Ça veut dire quoi ?
Ça veut dire que nos amis syndicalistes d'Air France, dont je connais la force et l'engagement, n'accepteront pas qu'il y ait encore 600 salariés de plus au chômage dans ce qu'on appelle le pavillon français.
Est-ce qu'aujourd'hui vous pouvez avec Air France sauver tous les emplois de XL Airways ?
Oui, totalement ! J'en ai la conviction intime. La faillite d'Aigle Azur était inacceptable. Celle de XL va être insupportable parce que c'est une compagnie de trop. Les dégâts dans les agences de voyage, chez les tour-opérateurs vont être pires que tout. Il y a 110 000 clients qui ont déjà acheté des billets pour cet hiver chez XL Airways, 150 000 qui en avait acheté aussi chez Aigle Azur. Il faut arrêter ça. Si ce n'est pas Air France, ça sera peut-être personne, et si c'est personne, on s'arrêtera dans quatre jours. Ça c'est un vrai message et ça sera un drame.
Vous appelez aussi l'État. Qu'est-ce que vous attendez du gouvernement ?
J'ai lancé un message à Emmanuel Macron sur l'aérien. Je lui ai dit une chose extrêmement claire : c'est d'arrêter de balancer des ministres des Transports depuis 50 ans qui s'occupent de la SNCF. La SNCF nous a coûté des dizaines de milliards pour des RER qui ne sont pas foutus d'amener mes salariés à l'heure le matin au travail ! Il faut remettre l'aérien au centre du débat. Il faut que le ministre des Transports considère l'aérien avec autant d'importance.
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