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Infographies Métro à Paris : visualisez comment l'offre s'est dégradée depuis la crise sanitaire

Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les passagers s'accumulent sur les quais en attendant les métros à Paris. ((ELLEN LOZON / FRANCEINFO))
La qualité des services dans le métro parisien s'est fortement détériorée depuis deux ans, et plus particulièrement depuis la rentrée de septembre.

Sur les quais bondés du métro parisien, l'exaspération des usagers est quotidienne. Les rames saturées de passagers défilent, notamment sur les lignes 8, 12 ou 13. Et la réduction de la fréquence des métros est largement dénoncée ces dernières semaines par des voyageurs d'autant plus agacés qu'ils subissent, depuis dimanche 1er janvier, l'augmentation de 12% du prix de l'abonnement mensuel du passe Navigo, qui permet de circuler dans tous les transports en commun d'Ile-de-France.

De fait, le service dans le métro parisien est fortement dégradé depuis la rentrée de septembre : 17,2% de l'offre n'a, par exemple, pas été réalisée en octobre, selon les calculs de franceinfo effectués à partir des données de ponctualité publiées par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité publique chargée de gérer l'organisation des transports dans la région et dirigée par Valérie Pécresse. Ce chiffre prend en compte l'effet cumulé de l'offre allégée par IDFM par rapport à l'offre pleine d'avant-Covid (fin 2019) et non réalisée par la RATP.

Le mécontentement des usagers est-il légitime au regard des chiffres relatifs à la fréquence des métros parisiens ? Dans quelle mesure traduisent-ils une dégradation de l'offre ? Et quelles sont les raisons de ces difficultés? Franceinfo détaille, à l'aide de deux graphiques, pourquoi le métro parisien n'est plus sur de bons rails.

Des perturbations en pagaille

Premier constat : depuis la rentrée de septembre 2022, les messages d'incidents de la RATP se sont multipliés. Le compte Twitter @METROQualite, créé par un ingénieur habitué de la ligne 8, les a recensés. Il a mis en place un programme qui dénombre les incidents et les perturbations quotidiennes sur les lignes de métro à partir des données disponibles sur le site Info Trafic de la RATP.

Entre le 30 novembre et le 27 décembre, il y en a eu plusieurs centaines : des difficultés d'exploitation (210 incidents), qui concernent les problèmes d'aiguillage ou encore le déclenchement d'un signal d'alarme à bord d'une rame, les bagages oubliés (73), les personnes sur les voies (62) et les malaises de voyageurs (62).

Parmi les lignes de métro les plus touchées figurent la 12, la 8, la 7 ou encore la 9. La ligne 12 a compté en moyenne 5 heures et 56 minutes de perturbations sur ses 19 heures de fonctionnement quotidien. Quant à la ligne 8, dont les images de quais bondés ont inondé les réseaux sociaux ces dernières semaines, on compte en moyenne 5h40 de perturbations quotidiennes.

De son côté, la RATP se dit "pleinement consciente des difficultés rencontrées par les voyageurs franciliens. Face à cette situation inédite, nous sommes pleinement mobilisés et nous déployons des moyens importants afin d'assurer une offre de service conforme à nos objectifs et à notre qualité de service".

De moins en moins de rames sur plusieurs lignes

Par ailleurs, entre 2019 et 2022, le nombre de passages des métros a largement diminué. La fréquence est, en moyenne, 1,4 fois plus faible qu'en 2019, avant la crise sanitaire liée au Covid-19, sur l'ensemble du réseau. Mais ce chiffre varie fortement selon les lignes. À titre d'exemple, en trois ans, la fréquence des rames de la ligne 12 a été divisée de moitié. Elle est passée de 2'09'' à 4'20'', selon les calculs de franceinfo effectués à partir des bulletins de ponctualité publiés par IDFM chaque mois (le dernier date du mois d'octobre).

Pour la ligne 11, le manque de métros se fait moins ressentir mais l'écart est tout de même important (de 1'41'' en 2019 à 3'07'' actuellement). Même constat sur la ligne 3 où un métro passe, en moyenne, toutes les 2'41'', contre 1'38'' en 2019. Sur l'ensemble des autres lignes, la qualité du service s'est également dégradée entre la période qui a précédé la crise sanitaire et aujourd'hui.

Alors comment expliquer des temps d'attente aussi élevés ? "Il y a un effet domino", explique Marc Pélissier, président de l'association des usagers des transports (AUT-Fnaut) en Ile-de-France. Dans un premier temps, IDFM avait abaissé sa demande de trafic auprès de la RATP pour l'adapter à la faible fréquentation des métros durant l'épidémie de Covid-19. Concrètement, elle a demandé à la régie d'Ile-de-France de mettre sur les rails moins de métros qu'en 2019, excepté pour les lignes 4, 7, 8, 9, 13 et 14 (cette dernière étant automatisée).

La fréquentation à un niveau quasi similaire à l'avant-Covid

Sauf qu'entre-temps, la fréquentation est revenue à un niveau quasiment similaire à celui de l'avant-crise sanitaire. Depuis octobre 2022, la fréquentation des transports en commun franciliens est même remontée à 90% de celle de 2019 en moyenne, chiffre la RATP auprès franceinfo.

Si la réduction du nombre de rames a permis à la région de réaliser des économies nécessaires, elle a aussi provoqué la surcharge du trafic et donc des rames. "La remise de l'offre à 100% n'a été décidée que le 7 décembre sur demande de Valérie Pécresse lors du dernier conseil d'administration d'IDFM", dénonce le président de l'AUT. "La remise en place de l'offre pleine a été décidée trop tardivement", juge également David Belliard, adjoint EELV à la maire de Paris et vice-président d'IDFM.

À cela s'ajoute un facteur essentiel : la pénurie de conducteurs, officiellement constatée par IDFM début novembre. "Cette situation, exceptionnelle, due aux difficultés de recrutement et à un fort taux d'absentéisme, n'est pas propre à l'entreprise et concerne à différentes échelles l'ensemble des opérateurs de transport en Ile-de-France et en province", se défend la RATP.

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