Mouvement des "gilets jaunes" : pourquoi la mobilisation peut continuer au-delà des blocages du 17 novembre
Après avoir rassemblé plus de 288 000 personnes samedi, le mouvement entend poursuivre ses actions dans les prochains jours. Les "gilets jaunes" appellent aussi les ambulanciers ou les routiers à les rejoindre.
Les blocages et barrages des "gilets jaunes" vont-ils se poursuivre cette semaine ? Malgré les incidents et les accidents qui ont parsemé la journée de samedi, marquée par la mort d'une manifestante et 400 blessés, les rassemblements ont continué dimanche 18 novembre.
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Les "gilets jaunes" entendent surfer sur un mouvement qui a rassemblé près de 288 000 personnes samedi dans toute la France. Dès dimanche, 150 blocages ont été recensés dans plusieurs régions. Si la suite est impossible à anticiper, certains signes montrent que la mobilisation pourrait durer.
Parce que les blocages persistent
A midi dimanche, le gouvernement n'avait pas donné de bilan global concernant la poursuite du mouvement, mais environ 150 sites étaient bloqués. A 9h30 du matin, la préfecture de la Meuse relevait déjà 21 blocages : "9 points de rassemblement dans le secteur de Bar-Le-Duc, 4 à Ligny-en-Barrois, 2 à Ancerville, 2 à Saint Mihiel, 1 à Etain et 3 à Commercy." Une heure plus tôt, la préfecture de la Haute-Marne signalait déjà sur Twitter 23 barrages :
Rassemblements #18novembre
— Préfet de la Haute-Marne (@Prefet52) 18 novembre 2018
A 8 h 30, on dénombre 23 barrages :
14 sur le nord du département
3 sur le secteur de Chaumont
4 sur le sud du département
Des barrages peuvent se reformer en cours de journée.
Soyez prudents à l’abord des barrages. pic.twitter.com/RDhhaa3USx
Depuis la mi-journée, plusieurs préfectures ne communiquent plus sur les points de blocage ou les blessés, sur demande du ministère de l’Intérieur qui centralise les informations.
Parce que d'autres professions peuvent rejoindre le mouvement
"La mèche est allumée. On attend la relève." Sur de nombreux sites bloqués, comme à Bar-le-Duc (Meuse), où s'est rendu Le Monde, les "gilets jaunes" entendent faire durer, voire étendre leur mobilisation. De son côté, Laetitia Dewalle, l'une figure du mouvement dans le Val-d'Oise, a confié à BFMTV son intention de continuer le mouvement "jusqu'à ce que l'Etat prenne en compte nos revendications". Elle espère ainsi que les routiers ou les ambulanciers vont prendre le relais dans la semaine, et compte se mobiliser de nouveau le week-end prochain.
Le site blocage17novembre appelle aussi "à poursuivre le mouvement toute la semaine". Il ne signalait toutefois que 26 points de blocage dimanche 18 novembre à 12 heures, à comparer aux 2 000 de samedi, qui avaient été "publiés bien en amont du 17 novembre", pointe le HuffPost. La mobilisation, ou sa signalisation sur Internet, semble donc en train de faiblir. Le JDD rappelle aussi que des actions de blocage, sur le moyen terme, de raffineries Total ou d'aéroports, comme ceux de Bordeaux et de Toulouse, ont été évoqués.
Parce que le gouvernement ne lâche rien (et que l'opposition est en embuscade)
Droit dans ses bottes, le gouvernement poursuivra, "en matière de fiscalité écologique, la trajectoire prévue". "Ne pas le faire serait de l'inconscience", a déclaré le ministre de la Transition écologique, François de Rugy au Parisien dimanche. Voilà qui risque de souffler sur les braises de la colère, car les mêmes motifs de plainte sont revenus dans tous les reportages : les prix jugés excessifs du carburant, mais aussi de l'énergie et des impôts en général.
Dimanche, plusieurs leaders de l'opposition comme Marine Le Pen sur RTL ont salué "un très grand succès". La présidente du Rassemblement national a dénoncé le "mépris" du gouvernement n'a pas renoncé à augmenter la taxe carbone au 1er janvier 2019.
De son côté, François Baroin, président (LR) de l'Association des maires de France a appelé à "une initiative sur la fiscalité" sur BFMTV. De l'autre côté de l'échiquier politique, le NPA demande de "prolonger la colère et le gouvernement des riches" dans un communiqué.
Parce que le prix des carburants n'est pas la seule revendication
"Ce n'est pas qu'une question d'essence." A Reims, franceinfo a interrogé quatre manifestants, samedi. L'une est venue pour exprimer son "ras-le-bol", un autre pour s'opposer aux taxes... Preuve que les "gilets jaunes" ne protestaient pas seulement contre les prix des carburants.
Sur BFMTV, Alexandre Malafaye, président du think tank Synopia, a considéré que le mouvement pouvait aller au-delà de ce week-end, car il s'agit-là d'"une contestation populaire qui fonde ses racines dans des problèmes très concrets et une impression d'injustice". En témoigne la cote de popularité d'Emmanuel Macron "en chute libre" à 25% selon Le Journal du dimanche, avec une baisse de quatre points. Mais le mouvement a aussi ses faiblesses. "Pas de leader, pas d'organisation, on ne sait pas s'il pourra durer et les revendications sont confuses, contradictoires : moins de taxes, moins d'impôts, mais plus de service public", a rappelé la journaliste Danielle Sportiello sur France 3.
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