Carburants : les professionnels du secteur pétrolier ne prévoient pas de pénurie cet été, après la mise en garde de l'Agence internationale de l'énergie
Le monde se trouve dans une crise énergétique sans précédent depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, un producteur majeur d'hydrocarbures mais aussi de produits pétroliers raffinés comme le gazole.
Le risque d'une pénurie de carburant plane-t-il sur l'Europe ? "Lorsque la saison des vacances débutera en Europe et aux États-Unis (...) il pourrait alors y avoir des pénuries : par exemple de diesel, d'essence ou de kérosène, surtout en Europe", a déclaré le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, le 31 mai. Mais en France, qu'en pensent les professionnels du secteur ? Tout comme le gouvernement, ils se montrent rassurants sur l'approvisionnement estival.
"Nous ne prévoyons pas de pénurie en France, ni en pétrole brut, ni en gazole", a réagi vendredi 3 juin auprès de l'AFP Olivier Gantois, président de l'Ufip Énergies et Mobilités, qui regroupe les grands groupes pétroliers en France. "Les approvisionnements sont déjà organisés. Heureusement, on n'attend pas le 3 juillet pour se demander si on va avoir du carburant pour les stations-service pour le week-end qui suit", souligne-t-il.
Alors que l'Union européenne vient de décider un embargo partiel sur le pétrole brut russe dans les six mois et les produits raffinés dans les huit mois, les acteurs ont eu le temps de se préparer, ajoute Francis Pousse, président de la branche des stations-service et énergies nouvelles de Mobilians, organisation professionnelle du secteur automobile. "L'ensemble de la filière cherche et trouve d'autres sources d'approvisionnement puisque ça fait deux mois que l'on sait que cela va se passer", souligne-t-il, en allusion aux longues discussions des Européens avant de parvenir à un compromis sur un embargo progressif. Au total, 90% des exportations de pétrole russe vers l'UE seront arrêtées d'ici la fin de l'année.
Le gouvernement confiant
"Aujourd'hui, le pétrole continue d'être importé" de Russie, a aussi déclaré la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, jeudi sur franceinfo. "Nous remplaçons au fil de l'eau, on n'a pas vocation à diminuer brutalement nos importations de pétrole" mais à les "diversifier", a-t-elle souligné. La ministre a aussi rappelé l'existence de stockages stratégiques de brut et de produits finis, qui représentent normalement 29,5% des volumes consommés en une année, soit plus de trois mois.
L'alerte de l'AIE, qui regroupe des pays développés, ne surprend pas pour autant les professionnels. Elle "est dans son rôle" et "envoie des messages à l'Opep", juge Olivier Gantois. Elle fait ainsi régulièrement des appels du pied au cartel pour lui demander d'augmenter ses volumes de production. Un message qui semble d'ailleurs avoir été entendu, puisque les producteurs ont annoncé jeudi une ouverture plus importante que prévu de leurs vannes cet été pour tenter de freiner l'envolée des cours.
Du côté des prix, le litre de carburant évolue en France à un niveau élevé mais loin des records du mois de mars, quand il dépassait les 2 euros. Le litre de gazole valait en moyenne 1,8281 euro fin mai et celui de super sans plomb 95-E10 1,9293 euro. "Ma prédiction, pour ce qu'elle vaut, c'est que les prix vont rester élevés, voire continuer à augmenter", avance Olivier Gantois.
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