Grève dans les raffineries : Fabien Roussel demande au gouvernement de "convoquer une conférence générale des salaires"
Le patron du PCF souhaite que toutes les branches professionnelles discutent d'une prise en compte de l'inflation dans les rémunérations. Selon lui, la réquisition des personnels de TotalEnergies et Esso-ExonMobill va envenimer la situation.
La réquisition des personnels grévistes de la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon-Port-Jérôme (Seine-Maritime) annoncée par la Première ministre "va surtout jeter de l'huile sur le feu", estime le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel mercredi 12 octobre sur franceinfo.
Par cette mesure coercitive, le gouvernement entend réapprovisionner les stations-service en carburant, alors qu'une grève pour des augmentations de salaires à l'appel de la CGT bloque six raffineries sur huit en France. Le député du Nord demande au gouvernement de "convoquer une conférence générale des salaires".
franceinfo : que pensez-vous de la réquisition des personnels de la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon-Port-Jérôme ?
Fabien Roussel : Cette réquisition va surtout jeter de l'huile sur le feu. Le gouvernement devrait penser à ces millions de salariés qui sont contraints de prendre la voiture pour aller travailler, à toutes ces professions indispensables qui sont empêchées d'être exercées, parce qu'ils ont du mal à s'approvisionner en essence. Si on pense à ces millions de Français, on fait tout pour que le conflit s'arrête, non pas par la réquisition mais en demandant aux patrons d'Esso et de Total de se mettre autour de la table et d'accéder aux demandes d'augmentation de salaire des salariés. Cette réquisition concerne une raffinerie où deux organisations syndicales majoritaires ont signé un accord salarial avec la direction.
Dans cette situation, n'est-ce pas légitime de la débloquer ?
Cet accord signé par deux organisations est largement rejeté par les salariés. Ce qu'ils veulent, eux, ce ne sont pas des primes. Ils veulent du salaire et des augmentations de salaire qui leur permettent de vivre sans être obligés d'aller réclamer des chèques énergie ou des primes d'activité à la CAF, c'est toute la différence. Le PDG de Total a distribué 2,5 milliards d'euros de dividendes exceptionnels au premier semestre. Ça correspond à 300 euros d'augmentation pendant 12 mois pour les 35 000 salariés et pendant 12 ans. Ce qu'ils ont distribué là de manière exceptionnelle répondrait à la revendication des salariés pour 12 ans.
Pour vous, l'Etat doit intervenir dans des négociations salariales dans une entreprise privée ?
C'est à l'Etat d'intervenir parce que ce sont les Français qui pâtissent de cette situation. Parmi tous ces Français qui sont empêchés de s'approvisionner, il y a beaucoup de salariés qui eux-mêmes ont des salaires qui ne sont pas (…) indexés sur l'inflation. Le Smic est indexé sur l'inflation, il a augmenté – pas suffisamment à notre goût mais il a augmenté. Mais ceux qui sont juste au-dessus du Smic, qui sont à 1 400, 1 500, 1 600 euros, ils n'ont pas vu leur salaire augmenter alors que leurs factures, elles, ont augmenté.
Nous demandons à la Première ministre et au gouvernement de convoquer une conférence générale des salaires [pour mettre] autour de la table l'ensemble des branches professionnelles et leur demander à ce que les salaires augmentent au même rythme que le Smic pour que tous les salaires augmentent.
Fabien Rousselà franceinfo
Il faut aujourd'hui tenir compte de la situation très difficile dans laquelle se trouvent les salariés, qui vont devoir choisir entre se nourrir et payer les factures d'électricité ou du loyer. Il y a besoin d'une augmentation générale des salaires et non pas de primes qui sont distribuées à la tête du client en fonction des entreprises, ni de primes d'activité qui sont des allocations que l'on va chercher à la CAF et qui sont payées par nos impôts alors que certaines entreprises, comme Total, peuvent les payer.
Le gouvernement a décidé de mettre en place une contribution temporaire de solidarité qui va taxer les profits des entreprises pétrolières françaises et rapporter 200 millions d'euros à l'Etat. Est-ce une bonne chose ?
C'est une chose qui va dans le bon sens quand on voit l'énormité de ces profits. Ce gouvernement qui disait ne pas connaître les profits, aujourd'hui admet quand même qu'il y en a et se trouve un petit peu coincé et obligé de les taxer. Mais, au fond, ce que nous disent les salariés de Total, c'est qu'on ne devrait pas avoir à taxer des profits s'ils sont investis dans l'entreprise. Ils souhaitent que les bénéfices que Total réalise, auxquels les salariés participent, permettent de moderniser l'outil de travail, de relocaliser l'activité en France, de former des salariés et d'augmenter les salaires. Qu'il y ait une part qui aille aux actionnaires, oui, mais d'abord ça doit servir l'outil de travail, l'emploi, la formation et les salaires. C'est ce que nous demandons en priorité.
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