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Planification écologique : trois questions sur les "RER métropolitains" pour lesquels Emmanuel Macron promet d'investir 700 millions d’euros de l'Etat

Le ministre des Transports, Clément Beaune, a précisé mardi que 10 à 15 projets de trains urbains sont envisagés, pour un coût total estimé à 10 milliards d'euros. La part du financement confiée aux collectivités locales fait débat.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un train régional reliant Kehl (Allemagne) à Strasbourg, une ligne faisant partie du projet local de "RER métropolitain", ici le 19 janvier 2023. (PHILIPP VON DITFURTH / DPA / AFP)

Le projet des "RER métropolitains" se concrétise. L'État va contribuer à hauteur de 700 millions d'euros au développement de ces réseaux ferroviaires, a annoncé Emmanuel Macron, lundi 25 septembre, à l'issue d'un Conseil de planification écologique à l'Élysée. "On a retenu 13 projets. (...) Nous engageons dès aujourd'hui 700 millions d'euros de l'État pour [les] accompagner", a-t-il affirmé. En réalité, ce sont entre 10 et 15 réseaux de transports qui devraient bénéficier de cette enveloppe, a précisé le ministre des Transports, Clément Beaune, mardi sur France Inter. Déjà mise sur la table par le chef de l'Etat en novembre dernier, l'idée des "RER métropolitains" est de tirer parti des étoiles ferroviaires entourant les grandes villes françaises pour y faire rouler davantage de trains. Franceinfo revient sur les enjeux et le financement de ces chantiers.

1Quels sont les objectifs du "RER métropolitain" ?

Relancé en novembre par Emmanuel Macron, dans une vidéo sur l'écologie postée sur YouTube, le projet déjà ancien de "RER métropolitains" est celui de trains régionaux cadencés toutes les demi-heures, voire tous les quarts d'heure aux heures de pointe, pour desservir les alentours des grandes villes. Ces RER doivent à la fois permettre de satisfaire les besoins de mobilité de la population et contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. "Ça permettra de lancer, là aussi, des projets pour notre industrie ferroviaire et les emplois qui vont avec", a également promis lundi le chef de l'Etat.

Ces projets prennent pour modèle le RER développé en région parisienne sous l'impulsion de Charles de Gaulle, qui s'est étendu dans les années 60. Aujourd’hui, le RER A est la ligne ferroviaire la plus utilisée en Europe, "avec des pics de fréquentation réguliers à plus de 1,3 million de voyageurs par jour", selon Ile-de-France Mobilités.

2Quelles villes sont concernées ?

Le chef de l'Etat a avancé le chiffre de 13 "RER métropolitains", soit davantage que les dix chantiers envisagés en novembre. En juin, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture un texte élargissant les missions de la Société du Grand Paris, rebaptisée Société des grands projets, pour mettre sur les rails la promesse de RER dans au moins dix grandes villes. Ce texte organise juridiquement le déploiement des "services express régionaux métropolitains" (SREM), l'appellation officielle des "RER métropolitains".

Sur France Inter mardi matin, Clément Beaune a précisé que "si le président a parlé de 13 projets", une fourchette de 10 à 15 "RER métropolitains" est en réalité envisagée. Aucune liste officielle n'a encore été communiquée, mais le ministre des Transports a souligné que "des projets [sont] très avancés à Toulouse, à Lille, à Lyon et à Rennes". L'étiquette "RER métropolitain" a, en effet, été accolée à des chantiers dont certains ont déjà été planifiés et lancés de longue date.

La métropole de Strasbourg a ainsi lancé le développement de ce réseau élargi en décembre dernier. Elle promet 800 trains supplémentaires par semaine et "une fréquence élevée et continue tout au long de la journée". En France, selon le site de la SNCF Réseau, "une quinzaine de projets" pouvant correspondre à l'idée de "RER métropolitain" sont en cours de développement, "à des stades plus ou moins avancés". L'entreprise ferroviaire cite l'exemple du Léman Express, qui "circule depuis 2019 (...) entre Annemasse (Haute-Savoie) et Genève", à la frontière franco-suisse.

3Quels financements sont prévus ?

"Il va y avoir une première phase d'investissements" avec "entre 700 et 800 millions d'euros" de l'Etat "pour aider les métropoles et les régions à lancer les projets", a détaillé Clément Beaune. En juin, la Première ministre Elisabeth Borne avait évoqué "une enveloppe d'amorçage de 800 millions d'euros". "Evidemment, ensuite, on va continuer ce soutien de l'Etat", a assuré Clément Beaune. Pour mener à bien entre 10 et 15 projets, "il faut à peu près 10 milliards d'euros", a-t-il estimé. Ces vastes travaux "donneront lieu à une planification" et à des financements dans le cadre des "contrats de plan État-régions" qui seront signés en octobre, a expliqué lundi Emmanuel Macron.

Il faut dire que le déploiement d'un "RER métropolitain" mobilise des sommes conséquentes. A Strasbourg, par exemple, il a déjà coûté 700 millions d'euros, et nécessitera 600 millions d'investissements supplémentaires dans les cinq prochaines années. La répartition de ce coût entre l'Etat et les collectivités locales est une préoccupation que des députés ont soulevée lors des débats à l'Assemblée en juin : "La base fiscale de nos régions n'est pas la même que [celle de] l'Ile-de-France", avait ainsi souligné le socialiste Gérard Leseul. Il avait proposé, sans succès, de contraindre le gouvernement à remettre un rapport "sur le modèle de financement des projets" et la répartition des efforts entre les acteurs.

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