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Transports : cinq questions sur "les RER métropolitains" que veut déployer Emmanuel Macron dans dix grandes villes

Le chef de l'Etat a annoncé dimanche vouloir doter dix villes françaises d'un réseau de RER sur le modèle de l'Ile-de-France. Mais le flou autour du financement de telles infrastructures inquiète les collectivités locales concernées. 

Article rédigé par Antoine Comte
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Une rame du RER D circulant en région parisienne, le 10 octobre 2022.  (ARNAUD PAILLARD / HANS LUCAS / AFP)

"Pour tenir notre ambition écologique, je veux que l'on se dote d'une grande ambition nationale : dans dix grandes métropoles françaises, développer un réseau de RER", a déclaré Emmanuel Macron, dimanche 27 novembre, dans une courte vidéo diffusée sur YouTube. Une intention aussitôt commentée par plusieurs responsables de collectivités locales et des associations de transports, plutôt favorables à ce vaste chantier, mais curieux d'obtenir des précisions sur le calendrier, le financement ou encore le agglomérations concernées.

1Que propose concrètement Emmanuel Macron ?

"Le RER, ce n'est pas que sur Paris", a plaidé Emmanuel Macron. "C'est un super objectif pour l'écologie, l'économie, la qualité de vie" dans les villes "où il y a thrombose, trop de circulation". Sur le papier, l'objectif du président de la République est clair : reproduire le Réseau express régional (RER) qui regroupe les trains régionaux circulant en Ile-de-France dans les grands centres urbains du pays pour désengorger le trafic routier. Selon son entourage cité par l'AFP, l'idée est de "permettre aux grandes métropoles congestionnées d'effectuer les trajets pendulaires sans prendre la voiture et donc de les décarboner".

C'est la Première ministre Elisabeth Borne, chargée de la planification écologique, qui aura la tâche de détailler et de superviser ces grands travaux, selon l'Elysée. L'entourage d'Emmanuel Macron rappelle également que la loi d'orientation des mobilités (LOM) votée en 2019 a ouvert la voie à ce type de maillage régional, avec une quinzaine de projets à l'étude ou au stade de la réflexion. Il s'agit de "mettre un coup d'accélérateur" pour donner la priorité à dix d'entre eux, précise un conseiller élyséen à l'AFP.

2Quelles sont les villes concernées ?

Matignon précise qu'"une quinzaine de projets sont en cours de déploiement partout en France, notamment dans la région de Lille, Bordeaux, Lyon, Grenoble ou Aix-Marseille". Le Conseil d'orientation des infrastructures de transports (COI) identifie actuellement les chantiers qui pourront être lancés en priorité, mais la plupart risquent de ne pas voir le jour avant dix ans, voire plus.

Parmi les projets les plus avancés : celui de la région Grand Est qui prévoit de doter la ville de Strasbourg et le Bas-Rhin d'un Réseau express métropolitain européen (REME). Un vaste chantier qui doit accompagner la mise en service de 120 trains quotidiens supplémentaires à partir du 12 décembre pour relier Strasbourg à d'autres villes du bassin alsacien.

Du côté de Bordeaux, de récentes concertations ont également été menées sur l'aménagement du service ferroviaire local. L'objectif affiché : augmenter la fréquence de certains TER, tout en effectuant une refonte globale de leur desserte.

3Pourquoi ce n'est pas vraiment nouveau ?

L'idée d'un RER en régions est un serpent de mer. Sous le précédent quinquennat d'Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, alors ministre déléguée aux Transports, avait déjà planché sur la question en 2019. L'année suivante, son successeur, Jean-Baptiste Djebbari, avait annoncé vouloir débloquer une enveloppe de 30 millions d'euros pour financer les travaux préparatoires au déploiement de futurs réseaux de type RER.

Un rapport complet (PDF) intitulé "Etoiles ferroviaires et services express métropolitains" avait été produit par la SNCF et remis en mars 2020 au gouvernement pour tenter de concrétiser ces projets de liaisons ferroviaires régionales. Il avait notamment identifié les besoins des territoires métropolitains en matière de mobilité avec l'idée de s'appuyer sur le réseau ferroviaire existant, comme en Ile-de-France.

Ce même rapport préconisait aussi que les grandes métropoles concernées par ces services express métropolitains (SEM) étaient avant tout celles avec "de forts enjeux en termes de population et de croissance démographique, de dynamique de création d'emplois et de flux pendulaires". Ce qui est le cas de villes comme Aix-Marseille, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Strasbourg ou encore Toulouse.

4Qu'en pensent les collectivités locales ?

L'annonce a été plutôt bien accueillie par les maires et autres responsables des grandes agglomérations françaises. "Je m'en réjouis. L'appel des présidents de région à un New Deal ferroviaire a été entendu, a réagi la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga. C'est une nécessité pour développer les transports collectifs dans les villes et leurs grandes périphéries, gage de résorption des embouteillages et d'action contre le réchauffement climatique."

Même réaction du côté de Grégory Doucet, le maire écologiste de Lyon, qui semble aussi concernée par ce vaste chantier. "Nous sommes prêts à Lyon. C'est une politique dans l'intérêt de toutes et tous", a tweeté l'édile, qui ne s'est pas exprimé en revanche sur la volonté de certains élus locaux de développer un RER métropolitain pour relier Lyon à Saint-Etienne.

Jean Rottner, le président LR de la région Grand Est, s'est montré plus prudent. L'élu souhaite rencontrer la Première ministre et le ministre des Transports "le plus rapidement possible" pour "définir une stratégie". "Les régions seront partenaires, mais nous voulons connaître les règles du jeu", a-t-il prévenu sur franceinfo, en appelant à avoir "une vraie discussion constante entre l'Etat, la SNCF, les régions, les métropoles et les intercommunalités" afin "de rattraper le retard" de la France en matière d'infrastructures.

5Comment seront financés ces chantiers ?

Théoriquement, les RER dépendent des conseils régionaux. Mais sur le financement de tel chantiers, Emmanuel Macron et le gouvernement temporisent. "En début d'année, on définira les calendriers, les financements, a déclaré le ministre des Transports, Clément Beaune, lundi, sur RMC. Les transports, c'est investir dans l'avenir. Ça met énormément de temps. Ces fameux RER métropolitains, c'est un horizon d'une décennie."

"Il faut que cette annonce se traduise dans la préparation du volet infrastructures du plan Etat-régions", met en garde Jean Rottner. Pour le patron de la région Grand Est, ce contrat qui lie l'Etat aux régions dans la programmation et le financement de projets d'aménagement du territoire est essentiel. "Le succès de cette réforme va aussi dépendre de la capacité des métropoles à cofinancer ce projet, de la capacité de la SNCF à relever ce défi et du chef de l'Etat à nous donner les clés de ce chantier", ajoute-t-il.

Les projets de RER métropolitains représentent "un immense effort", notamment financier, avait pour sa part noté SNCF Réseau en 2020, pointant du doigt le réseau actuel, incapable d'accueillir sans gros travaux un tel service dans les métropoles. En juillet, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, avait évalué à 100 milliards d'euros sur 15 ans les investissements nécessaires pour doubler la part du ferroviaire en France. Il y incluait la création de 13 RER métropolitains dans 13 grandes villes, pour un total de 13 milliards d'euros. Fin 2018, le projet de RER bordelais était à lui seul estimé à 1,8 milliard d'euros.

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