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Grève chez Total : "Cette situation est extrêmement angoissante" pour les entreprises de transport, s'alarme la FNTR

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Article rédigé par franceinfo
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Il n'y a pas de "pénurie sur certains produits" mais des "retards sur les livraisons, indiscutablement", a déclaré ce mardi 18 octobre sur franceinfo Florence Berthelot, déléguée générale de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) alors que la mobilisation se poursuit dans les raffineries TotalEnergies.

La grève dans les raffineries commence à peser sur les entreprises de transports routiers. "Des entreprises, selon les régions, souffrent beaucoup puisqu'elles ont dû mal à se faire approvisionner, soit en cuve soit à trouver du carburant dans les réseaux professionnels dédiés", décrit ce mardi 18 octobre sur franceinfo Florence Berthelot, déléguée générale de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR). 

franceinfo : Quel est l'impact de la grève sur le secteur des transports routiers ? 

Florence Berthelot : La situation est extrêmement angoissante pour les entreprises. Nous avons, par ailleurs, tous les transporteurs d'hydrocarbures qui font le maximum pour aller livrer les stations-service et qui ont beaucoup d'heures d'attente dans les dépôts, ce qui retarde effectivement les tournées.

Les entreprises de transport sont prioritaires ? 

Elles ne sont pas systématiquement considérées comme prioritaires. Il y a des arrêtés qui ont été pris sur les transports alimentaires et les transports d'hydrocarbures. Il va de soi que tout le transport est essentiel puisque nous représentons 89% des transports de marchandises en France. Aussi bien d'entreprises à entreprises que des entreprises aux consommateurs. 

Vous souhaiteriez des accès prioritaires aux stations-service pour les routiers ?

Sur les stations-service des particuliers, s'il n'y a pas de pompes dédiées pour les poids lourds, cela n'a pas beaucoup d'intérêt. En revanche, nous souhaiterions d'une part que l'on puisse flécher une partie des stocks stratégiques et des approvisionnements vers les cuves. Aujourd'hui, les livraisons sont rationnées et une partie surtout vers le réseau dédié comme AS 24, qui est un réseau spécifique pour les poids lourds.

Il y a t-il des pénuries sur certains produits, en raison de la pénurie de carburants ?

Une pénurie sur certains produits, non ! Des retards sur les livraisons, indiscutablement, puisque dans les régions comme les Hauts-de-France, l'Île-de-France ou Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi Bourgogne, Franche-Comté, Centre-Val-de-Loire, les transporteurs passent beaucoup de temps à chercher du carburant. Donc, le temps qu'ils cherchent du carburant, ils ne sont pas en train de faire les livraisons. Donc des retards qui, pour l'instant, sont absorbables.

Le gouvernement va prolonger jusqu'à la mi-novembre la ristourne de 30 centimes sur les carburants. C'est un petit peu d'oxygène pour votre profession ?

C'est de l'oxygène pour notre profession. Surtout, le gouvernement a vu arriver les vacances de la Toussaint. Une fin de ristourne au moment où peut-être les automobilistes auraient eu tendance, une fois de plus, à surconsommer pour profiter de prix de carburant plus intéressant, aurait maintenu une grosse tension sur les stations-service.

Quel doit être l'avenir de cette ristourne qui doit passer le 15 novembre à 10 centimes ?

On bénéficie du même système que l'ensemble des particuliers. Cela va donc passer à 10 centimes. Bruno Le Maire a évoqué le fait que pour les gros rouleurs en particulier, il y aura un système d'aides qui serait maintenu. Par nature, nous avons besoin de carburant. Il faudra penser à un dispositif spécifique.

Il y a déjà eu deux accords pour une augmentation des salaires dans votre secteur. En faut-il un troisième alors que les routiers sont appelés à la grève lancée ce mardi ?

Indiscutablement. Nous avons d'ailleurs recommencé nos négociations annuelles sur les salaires. Nous avons une deuxième réunion la semaine prochaine. Nous avions conclu un accord à hauteur de 6% au mois de février. Dans la logistique, ça a été au mois de juillet, à hauteur de 8%. Comme il y a eu deux augmentations du SMIC, le but, c'est déjà de rétablir les écarts de nos grilles conventionnelles avec le SMIC et d'essayer de se projeter autant qu'il est possible sur le début de l'année 2023. C'est une question de rémunération et c'est aussi une question de conditions de travail. Dans l'accord que nous avions passé au mois de février, il y avait un package autour de la prévoyance, autour de la mutuelle, mais aussi des réflexions à engager sur les conditions de travail des conducteurs, notamment leur participation au chargement, déchargement, qui est une question qui est vraiment importante et déjà traitée dans le sud de l'Europe.

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