Reportage "Jusqu'à ce qu'il y ait des trains" : les usagers de la ligne TER entre Limoges et Angoulême déambulent le long des rails pour exiger sa réouverture

Six ans, jour pour jour, après sa fermeture, un collectif d'usagers demande la réouverture de la ligne TER entre Limoges et Angoulême. Ils ont entamé, mercredi, une marche sur les rails du tronçon.
Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Les 70 km de parcours devraient s'achever samedi à Angoulême. (RAPHAEL EBENSTEIN / RADIOFRANCE)

C'est un symbole de ces "petites lignes" de la SNCF aujourd'hui abandonnées, faute de travaux de sécurité nécessaires : un collectif d'usagers a entamé, mercredi 13 mars, une marche en plusieurs étapes sur les rails d'un tronçon de 70 kilomètres de la ligne de TER Limoges-Angoulême, six ans jour pour jour après sa fermeture, suite à un affaissement des voies. Une manière originale de faire pression sur le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, et surtout sur l'État, pour exiger sa réouverture.

Première halte pour la dizaine de marcheurs : Chabanais, en Charente. Après 8 kilomètres d'un parcours compliqué sur les voies, à en croire Bernard Peuch, président du collectif Angoulim, à l'initiative de la manifestation. "Il y a vraiment des endroits très difficiles où la végétation a envahi les rails, raconte-t-il. Il y a aussi des endroits où, par manque de maintenance, la boue a endommagé complètement le ballast. Du coup, ce n'est pas une balade d'agrément. Mais on va continuer jusqu’à Angoulême pour cette fois-ci, et autant qu'il le faudra, jusqu’à ce qu'il y ait des trains."

"C'est important pour les personnes âgées"

Une détermination partagée par la centaine de personnes présentes devant la gare de Chabanais dont les volets sont clos. Tout un symbole. Parmi elles, Simone, 84 ans, espère toujours voir la réouverture de la ligne : "C'est important pour les personnes âgées, quand on ne peut pas prendre une voiture. Il y a mon fils qui m'aide parfois mais c'est quand même bien si on peut aller quelque part tout seul, comme ça, avec le train. C'est merveilleux."

Au-delà des voyageurs, il y a aussi des besoins en matière de transports de marchandises et c'est Alain, ancien chauffeur routier désormais retraité, qui l'affirme : "On a des grosses usines le long de la voie. Si tout ça peut passer par le rail… On en a déjà assez des camions sur la route. Normalement, ça, c'est écologique, ça a de l'avenir. Ça devrait avoir de l'avenir !"

Les travaux de rénovation estimés à 240 millions d'euros

Un avis partagé sans surprise par Didier Le Reste, ex-secrétaire général de la CGT Cheminots et dirigeant aujourd'hui de l'association Convergence Nationale Rail, venu soutenir en personne les marcheurs : "Je pense qu'on ne réalisera pas, dans ce pays, une véritable transition énergétique et écologique sans remettre au cœur des politiques publiques, le rail."

le Conseil Régional de Nouvelle Aquitaine fixe l'objectif d'une réouverture en 2030. (RAPHAEL EBENSTEIN / RADIOFRANCE)

Tout le monde attend donc un engagement financier de l'État alors que les travaux de rénovation sont estimés à environ 240 millions d'euros sur l'ensemble de la ligne entre Limoges et Angoulême. À commencer par le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, qui fixe l'objectif - pourtant a priori modeste -d'une réouverture en 2030.

Pas de quoi entamer la détermination d'Olivier Marvaud, l'un des marcheurs : "C'est une formidable expérience qui vaut bien quelques sacrifices. Donc à nous d'avoir les jambes qui vont bien pour aller jusqu'au bout de cette marche." Les 70 kilomètres de parcours devraient s'achever samedi à Angoulême.

Ils marchent sur les rails entre Limoges et Angoulême pour demander la réouverture de la ligne TER. Reportage de Raphaël Ebenstein

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