Ce que l'on sait de "l'attaque massive" sur le réseau SNCF des TGV qui intervient le jour de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques

Le parquet de Paris a annoncé se saisir de l'enquête concernant "l'ensemble des dégradations volontaires causées sur des sites SNCF" dans la nuit de jeudi à vendredi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
D'importantes perturbations constatées à la gare Montparnasse, à Paris, le 26 juillet 2024, à la suite des actes de malveillance perpétrés dans la nuit. (THIBAUD MORITZ / AFP)

A quelques heures de la cérémonie d'ouverture des JO et des grands départs en vacances, les trains restent à quai. La SNCF a subi, dans la nuit de jeudi 25 à vendredi 26 juillet, une "attaque massive" qui paralyse son réseau de TGV, en particulier sur les axes Atlantique, nord et est. Environ 800 000 voyageurs vont être touchés par des retards de trains plus ou moins importants ce week-end.

Des incendies volontaires déclenchés dans la nuit

La SNCF affirme avoir "été victime cette nuit de plusieurs actes de malveillance concomitants touchant les lignes à grande vitesse (LGV) Atlantique, Nord et Est". Il s'agit d'"incendies volontaires [qui] ont été déclenchés pour endommager [ses] installations". Dans un communiqué diffusé dans la matinée, la SNCF évoque quatre dégradations ou tentatives de dégradations.

Selon Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, les auteurs ont provoqué des incendies dans des "caniveaux où passent de nombreux câbles" en fibre optique qui transmettent "des informations de sécurité pour les conducteurs" ou qui commandent "les moteurs des aiguillages", a-t-il expliqué.

Des "incendies volontaires" destinés à "endommager les installations" ont touché des postes d'aiguillage à Courtalain (LGV Atlantique), Croisilles (LGV Nord) et Pagny-sur-Moselle (LGV Est), indique la compagnie ferroviaire.

"Tous les éléments qu'on a montrent bien que c'est volontaire", a affirmé le ministre des Transports, Patrice Vergriete. "La concomitance des heures, des camionnettes retrouvées avec des personnes qui ont fui, des agents incendiaires qui ont été retrouvés sur place", a-t-il précisé. La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, mentionne quant à elle "une volonté de déstabilisation" et une "attaque coordonnée" contre la SNCF.

Un acte malveillant "déjoué"

La ligne de TGV Sud-Est n'est "pas touchée", a précisé le groupe SNCF, alors qu'un "acte de malveillance a été déjoué". Des cheminots qui menaient des opérations d'entretien pendant la nuit ont repéré des personnes qui n'avaient pas à se trouver là et ont prévenu la gendarmerie, les mettant en fuite, selon le PDG de la société ferroviaire.

"Il ne fait aucun doute, que la tentative d'incendie a un lien avec les autres attaques, nous n'avons pas d'informations supplémentaires à communiquer pour l'instant" a expliqué le service communication de la SNCF PACA à France 3 Côte d'Azur.

En mai déjà, lors de l'arrivée de la flamme olympique à Marseille, une précédente attaque avait été déjouée. Des câbles incendiés sur la ligne LGV Marseille-Paris ainsi que quatre engins incendiaires avaient été découverts à 4 km d'Aix-en-Provence, rappelle France 3.

Le parquet de Paris se saisit de l'enquête

L'ensemble des services de renseignement sont mobilisés, précise une source sécuritaire à France Télévisions. Le parquet de Paris a annoncé vendredi matin se saisir de l'enquête concernant "l'ensemble des dégradations volontaires causées sur des sites SNCF". Cette enquête est ouverte pour "détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation", "dégradations et tentatives de dégradations par moyen dangereux en bande organisée", "atteinte à un système de traitement automatisé de données en bande organisée", "association de malfaiteurs en vue de commettre ces crimes et délits". 

L'enquête a été confiée à la direction générale de la police nationale (DGPN), à la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) et à la sous-direction anti-terroriste (SDAT), a précisé le parquet de Paris à franceinfo. 

Le Premier ministre Gabriel Attal a appelé "chacun à la prudence" alors que "l'enquête démarre". "Ce que l'on sait, ce que l'on constate, c'est que cette opération a été préparée, coordonnée, que des points névralgiques ont été ciblés, ce qui montre une forme de connaissance du réseau pour savoir où frapper", a expliqué le chef du gouvernement démissionnaire, assurant ne pas pouvoir en "dire davantage sur les auteurs, les motivations" dans l'immédiat.

De nombreux trains retardés ou annulés

Le ministre des Transports, Patrice Vergriete, a évoqué des "conséquences très lourdes" sur le trafic ferroviaire avec un train sur deux vers le nord, l'est et la Bretagne, et un train sur quatre "vers le Bordelais", en ce week-end de chassé-croisé estival et d'ouverture des Jeux olympiques. A ce stade, vers l'ouest et le sud-ouest de la France, le trafic est "interrompu sur la ligne grande vitesse entre Paris et Tours, et Paris et Le Mans", en raison d'un "acte de malveillance à hauteur de Courtalain" (Eure-et-Loir), selon les informations de trafic disponibles sur le site de la SNCF. En gare de Paris-Montparnasse, "aucun train" ne pouvait partir avant 13 heures.

Sur l'axe est, la circulation est interrompue depuis 5h15 sur la ligne à grande vitesse, également en raison d'un "acte de malveillance" à proximité de Pagny-sur-Moselle (Moselle). "Une reprise normale de la circulation est prévue le 27 juillet", selon les chemins de fer. 

Les trains Eurostar depuis Londres sont aussi affectés. Quelque "25%" des trains qui relient Paris à Londres seront annulés vendredi, mais aussi samedi et dimanche, selon l'entreprise. En plus des trains annulés, "tous les trains à grande vitesse à destination et en provenance de Paris sont déviés via la ligne classique aujourd'hui", et circuleront donc à une vitesse réduite, précise Eurostar sur son site internet, ce qui "prolonge la durée du trajet d'environ une heure et demie". La liaison entre Paris et Bruxelles est également concernée par les perturbations, selon Eurostar.

Jean-Pierre Farandou, président du groupe SNCF, estime que "800 000" voyageurs seront touchés, alors que la "situation devrait durer au moins tout le week-end, le temps d'effectuer les réparations", d'après le communiqué l'opérateur. Le ministre des Transports Christophe Fanichet a estimé quant à lui que "250 000 personnes" sont affectées par ces perturbations pour la journée de vendredi. 

La SNCF présentera un nouveau plan de circulation "dès le début de l'après-midi", a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal à l'issue d'une réunion de crise au ministère des Transports, alors que "le trafic commence à reprendre", selon le ministre délégué aux Transports, qui s'exprimait lors du JT de TF1.

Des répercussions sur les Jeux olympiques

"Tous les clients vont être informés par SMS de la circulation de leurs trains", a souligné le groupe. L'opérateur conseille à "tous les voyageurs de reporter leur voyage et de ne pas se rendre en gare", précisant dans son communiqué que tous les billets sont échangeables et remboursables.

Cette attaque survient à quelques heures seulement de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, alors que de nombreux voyageurs ont prévu de converger vers la capitale. Un grand nombre de vacanciers est également en transit.

Le président du Comité international olympique Thomas Bach a dit avoir "pleinement confiance dans les autorités". "Toutes les mesures sont prises et les autorités françaises sont assistées par 180 autres services de renseignement dans le monde", a-t-il ajouté.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.