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Gare Montparnasse : ce qu'il faut retenir du rapport de la SNCF sur la panne qui a provoqué une pagaille monstre

Après trois jours d'annulations et de retards, la SNCF a rendu son rapport, jeudi. Au menu : chronologie de la détection de la panne et de sa réparation, mea culpa et recommandations en cas de problèmes. Pas sûr que cela convainque les voyageurs.

Article rédigé par franceinfo
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Un employé de la SNCF renseigne des voyageurs en gare de Montparnasse, à Paris, le 30 juillet 2017. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Chose promise, chose due. La SNCF a rendu, jeudi 3 août, le rapport commandé par la ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne, sur la panne qui a affecté la gare Montparnasse du 29 juillet au 1er août. Franceinfo résume ce qu'il faut retenir de ce document de 28 pages.

Quel était le problème ?

C'est "une panne du poste de signalisation de Vanves-Malakoff", dans les Hauts-de-Seine, constatée "la journée du samedi", qui est à l'origine de la pagaille monstre à Montparnasse durant trois jours. Selon la SNCF, ce poste, qui est "l'un des plus grands de France", est pourtant "régulièrement inspecté".

Mais ici, le problème vient d'une intervention réalisée trois semaines auparavant. En effet, "la panne était liée à un défaut d’isolement électrique consécutif à un câblage opéré" lors des "travaux de préparation de l’augmentation de capacité de la gare de Montparnasse", qui compte une nouvelle ligne à grande vitesse (LGV) entre Paris et Bordeaux. L'anomalie est importante, puisqu'elle peut entraîner "un dysfonctionnement de la signalisation". Ces propos viennent confirmer ce qui était annoncé mardi par le président de la SNCF, Guillaume Pepy, dans une interview à Ouest-France.

Pourquoi la panne n'a pas pu être réparée plus vite ?

Après la découverte d'une anomalie, samedi, "des investigations poussées" ont été conduites "trois nuits" durant, par "50 agents de SNCF Réseau mobilisés par roulements", précise la SNCF. L’anomalie est finalement corrigée dans la nuit du lundi au mardi.

Cette durée de recherche très longue s’explique d'abord "par la complexité d’un poste composé de 17 armoires, 6 900 câbles et connecteurs électriques", justifie le rapport. Pour "trouver plus rapidement" l'anomalie, la SNCF explique d'ailleurs que "l’ensemble des installations nouvelles prévues pour l’augmentation de capacité de l’axe Atlantique ont dû être démontées".

Des centaines de connecteurs doivent être vérifiés dans la nuit pour déterminer l’origine du défaut électrique.

le rapport de la SNCF

Deuxième cause qui explique ce laps de temps relativement long, "la nécessité de conduire les investigations en l’absence de tout trafic". Or, dans la nuit de dimanche à lundi, premier jour des perturbations, le choix est fait "de transporter le maximum de clients". "La plage horaire consacrée aux recherches" est donc réduite pour assurer le trafic. 

Combien de trains ont pu rouler durant cette période ?

"La capacité de réception et de départ des trains en gare de Paris Montparnasse a été diminuée à environ à 3 TGV par sens et par heure" sur les lignes à grande vitesse et "à 6 trains Transilien, TER ou Inter-Cités par sens et par heure" sur les lignes classiques, affirme la SNCF.

Entre dimanche et mardi, ce sont donc "507 TGV sur les 629 prévus [qui] ont pu circuler, soit environ 80%" des trains prévus, estime encore le rapport, qui note également qu'"une partie de ces trains a dû être reportée sur la gare d’Austerlitz". Mais cette solution "de repli" n'est que "partielle". En effet, "le nombre de voies à quai en gare d’Austerlitz permettant d’accueillir des rames longues de TGV est limité à cinq." 

Est-ce que la SNCF reconnaît des erreurs ?

Plusieurs points sont effectivement présentés comme pouvant être améliorés. "De forts retards ont été déplorés, en particulier pendant la journée de dimanche", note d'abord le rapport.

Mais c'est aussi "l’information des voyageurs TGV" qui "a connu des discordances". La faute à une "trop grande diversité des sources d'information" (panneaux d’information en gare, site internet, applications, agents d’accueil et gilets rouges). Mais aussi à "la priorité absolue donnée à l’acheminement du plus grand nombre possible de clients" qui "a conduit à des modifications fréquentes du programme de circulation qui n’ont pas pu être relayées en temps voulu par ces canaux d’information".

Nombre de clients se sont plaints, à juste titre, d’un défaut d’information.

le rapport SNCF

"Le ressenti des voyageurs est aggravé par l’obligation de faire partir des trains de Montparnasse mais aussi de Paris Austerlitz et de Massy TGV, sans qu’une logique claire de répartition apparaisse", souligne enfin le rapport. 

Est-ce que des solutions sont prévues pour qu'une telle pagaille ne se reproduise pas ?

En plus de "mesures de dédommagement exceptionnelles", la SNCF propose neuf recommandations "qui devront être engagées avant fin 2017". Sur le plan technique, elle demande notamment "une meilleure traçabilité des interventions opérées sur les différents postes afin d’établir rapidement si un défaut d’installation est la cause d’une panne". Il faut aussi "développer la télésurveillance et moderniser les équipements par des dispositifs de supervision digitale".

En ce qui concerne le programme de circulation en temps de crise, "de nouvelles procédures d’exploitation en situation dégradée devront être étudiées afin d’améliorer le débit dans de telles situations, tout en garantissant la sécurité". Le recours à "d'autres gares" en cas de panne touchant une gare précise devrait être plus fréquent. 

Enfin, en ce qui concerne l’information voyageur, "une mission d’expertise contradictoire est lancée, qui devra rendre ses conclusions sous huit
semaines", annonce la SNCF, qui précise qu'il faut viser une meilleure cohérence des informations sur tous les canaux.

Parmi ces recommandations, la ministre des Transports en a fixé deux prioritaires : la mise à jour des procédures d'exploitation des grandes gares en cas de "situation dégradée". Et la mise en place d'un "calendrier précis d’amélioration du système d’information des voyageurs". Le ministère précise aussi qu'un "premier point" devra être fait "dans un délai de trois mois". 

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