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"Derrière cette grève, il y a des humains" : trois cheminots veulent parcourir plus de 700 km à pied contre la réforme de la SNCF

Sébastien, Régis et Patrick vont partir de Pamiers, en Ariège, pour rejoindre Paris.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des employés de la SNCF marchent le long des rails à Vierzon (Cher), le 18 novembre 2016 (photo d'illustration). (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Un sac à dos sur les épaules, de bonnes chaussures et une envie de discuter. Trois cheminots se lancent dans une longue marche, lundi 9 avril, pour soutenir la grève contre la réforme de la SNCF. Sébastien, Régis et Patrick partent de Pamiers (Ariège) et espèrent rejoindre Paris le 8 mai. "On va suivre le rail et aller à la rencontre des cheminots en lutte, mais aussi des citoyens, des Français, pour expliquer nos conditions de travail", explique à franceinfo Régis Rousse, l'un des participants. Pamiers, Cintegabelle, Pins-Justaret, Toulouse, Fronton, Montauban, Caussade... Ils prévoient environ 30 étapes, au rythme de 25 km de marche par jour en moyenne.

L'idée leur est venue pendant une assemblée générale, le 22 mars. "On discutait et on s'est dit qu'il fallait qu'on fasse quelque chose", raconte à franceinfo Sébastien Phalippou, 39 ans. "On veut montrer qu'on n'est pas des pions. Derrière cette grève, il y a des humains", ajoute Régis. Tous deux ont ensuite été rejoints par un cheminot à la retraite. Ils qualifient leur projet d'"élan citoyen". Même s'ils sont engagés, l'un à la CGT, l'autre chez SUD-Rail, "ce n'est pas une initiative syndicale", décrit Régis.

On veut faire prendre conscience aux gens que tout ce qui se dit par rapport à nos pseudo-privilèges est exagéré.

Régis Rousse

à franceinfo

"Souvent, les gens pensent que notre statut n'a jamais été touché. Mais si ! Concernant les retraites par exemple, moi je devrai partir à 62 ans, comme dans le privé, et non à 52 ans", détaille Sébastien, employé au service caténaire de la SNCF depuis avril 1999. Régis dénonce, lui, la fermeture de petites lignes évoquée dans le rapport Spinetta. "En Haute-Ariège, on a une ligne qui transporte 46 personnes en moyenne par jour. Elle n'est pas rentable, mais est-ce que le service public doit-être rentable ? En supprimant ce genre de portion de chemin de fer, on casse le lien social, surtout dans des zones comme celle-ci, où l'accès routier est compliqué", dépeint ce cheminot âgé de 50 ans.

"On aimerait rencontrer le gouvernement"

En plus de leur marche, les trois cheminots ont lancé une pétition en ligne : "Marche ou grève". "Nous demandons le retrait de cette réforme anti-sociale", écrivent-ils. Ils prévoient de la faire signer au fil des étapes "à tout ceux qui voudront bien [les] écouter", renseigne Sébastien. Ils vont pour ce faire recevoir le soutien d'autres cheminots. "Tout au long du voyage, des collègues viendront faire des bouts de route avec nous. Certains viennent de l'Ariège, comme nous, mais d'autres de Nice et plus loin encore", ajoute Régis. A la fin de leur voyage, ils veulent rejoindre le Palais de l'Elysée. "On va aller transmettre les résultats de notre pétition. On aimerait rencontrer le gouvernement", expose Régis.

Si "mentalement", ils sont fin prêts, physiquement, c'est une autre affaire. "On ne s'est pas spécialement préparés, raconte Sébastien. On a les bonnes chaussures. On espère qu'avec un peu de courage, on y arrivera", ajoute-t-il en riant. Ils pourront toujours se ressourcer auprès des hôtes qui les accueilleront. "Un collègue se charge en ce moment de trouver des hébergements, chez des cheminots ou toute autre personne intéressée", détaille Sébastien.

Si pour le moment, seuls quelques hôtes se sont portés volontaires, ils sont certains d'y arriver, animés par une très grande motivation. "J'ai toujours travaillé dans cette entreprise. Mon père y a travaillé, mon grand-père aussi. Et mes oncles et grands-oncles, énumère Régis. Je n'ai pas envie d'être le dernier de la famille."

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