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La grève à la SNCF est "difficile" et va coûter "cher" à la direction, estime une économiste spécialiste du transport ferroviaire

Un mouvement de grève des contrôleurs va concerner le trafic de la SNCF en ce week-end de Noël. Ce mouvement aura un impact financier selon une économiste spécialiste du transport ferroviaire, invitée ce mercredi 21 décembre sur franceinfo.
Article rédigé par franceinfo
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Illustration d'un train arrivant en gare SNCF, à Toulouse en décembre 2022 (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

La grève d'une partie des contrôleurs en cours à la SNCF, qui va causer des perturbations pendant le week-end de Noël, est "difficile" à gérer et elle va "coûter cher" à la direction de la SNCF, estime ce mercredi 21 décembre sur franceinfo Patricia Perennes, économiste spécialiste du transport ferroviaire.

franceinfo : Comment peut-on expliquer que la direction n’arrive pas à dénouer cette crise ?

Patricia Perennes : Ce n'est pas un mouvement traditionnel avec les syndicats classiques. Il y a une difficulté dans le dialogue au sein de l'entreprise parce qu'on n'est pas dans les canaux qu'on peut connaître.

Les syndicats n'appellent pas à la grève, mais déposent tout de même un préavis pour couvrir les contrôleurs qui voudraient faire grève ce week-end. Qu'est ce que cela dit du malaise en interne dans la compagnie ferroviaire ?

Un représentant du collectif gréviste se compare aux "gilets jaunes" en disant que c'était un mouvement qui vient de la base, d'un groupe WhatsApp, que ce n'est pas du tout quelque chose d'organisé. Cela laisse quand même une vraie interrogation sur le dialogue social dans l'entreprise et le fait que les syndicats n'aient pas réussi à transmettre ça. Il y a quelque chose qui est cassé. C'est vrai que ça rappelle beaucoup les gilets jaunes. Il y a ce mouvement qui part de la base, on a du mal à avoir des représentants, des porte-paroles et des revendications bien organisées.

"En même temps, quand on regarde les revendications, elles sont liées aux salaires et à un mal-être au travail, donc vraiment des choses qui sont connues. Ils ont demandé des augmentations. Ils n'ont pas été entendus, donc ils renvoient la balle à la direction."

Patricia Perennes, économiste

sur franceinfo

En fait, on a une revendication qui, quand on est à l'extérieur, parait classique. On ne comprend pas pourquoi cette grève s'envenime. Mais c'est quand on comprend la nature du mouvement qui sort des codes classiques, qu'on comprend que c'est de là d'où vient la difficulté.

Ça va coûter cher cette grève à la SNCF ?

Bien évidemment que ça va coûter cher. Déjà parce que la direction a annoncé un remboursement à 200 % des billets annulés. Mais au-delà de ça, ce sont des trains qui sont pleins […], rentables pour la compagnie. Ce qui coûte cher, c'est le fait que la SNCF a un modèle économique où les trains remplis compensent ceux qui le sont moins à d'autres périodes de l'année. Donc c'est vrai que si les trains qui sont supprimés sont les trains pleins... ça déséquilibre totalement le modèle de la SNCF.

Mais cette grève coûte moins cher que d'augmenter les salaires ?

C'est toujours un calcul de long terme ou de court terme. Là, c'est à la direction de faire le calcul. Visiblement, elle l'a fait.

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