"On n'est pas payé pour le grain qu'on n'expédie pas" : le fret, autre conséquence de la grève à la SNCF
Le mouvement de grève à la SNCF de ce printemps touche aussi les transports de marchandises. Certains clients de la compagnie ferroviaire, comme la coopérative de céréales 110 Bourgogne (Yonne), sont confrontés à un problème de stockage.
La grève des cheminots se poursuit jusqu'à jeudi 19 avril pour ce quatrième épisode d'un mouvement en pointillés contre la réforme de la SNCF. La mobilisation a des conséquences sur les voyageurs, mais aussi sur le transport des marchandises, le fret. Dans l'Yonne, la coopérative de céréales 110 Bourgogne, basée à Migennes, risque d'être bientôt confrontée à un problème de stockage.
D'habitude les camions viennent livrer les céréales au silo principal de la coopérative, installée juste à côté de la voie ferrée qui relie Dijon à Paris. L'orge et l'avoine sont ensuite envoyées par train aux industriels de l'agroalimentaire en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Mais avec la grève, le silo se remplit et la coopérative doit s'organiser au jour le jour. "Le train, s'il est là, on le charge. S'il n'est pas là, on ne peut rien faire", soupire, fataliste, François Gencey, le responsable du site de Migennes.
Un calendrier flou
Il suffit par exemple que la grève touche un poste d'aiguillage pour bloquer la circulation. Depuis le début du mouvement, six trains n'ont pas pu venir chercher les céréales au silo, ce qui fait plus de 7 000 tonnes d'orge et d'avoine non livrées. Scruter le calendrier des grèves permet de se faire une idée de la suite, mais l'avenir reste quand même assez flou : "Lundi, on a un train qui est venu, on ne pensait pas l'avoir parce que c'était jour de grève, et le train était là, donc tant mieux, raconte Frédéric Bottin, le responsable de 110 Bourgogne. Mais, quand il n'est pas là, on attend qu'ils nous le reprogramment."
"Il faut que ce soit vite pour la moisson prochaine qui va arriver dans trois mois. Donc, on voudrait que ce soit vite pour stocker le grain de la récolte 2018. C'est loin d'être le cas." Pour l'instant, le silo est plein aux deux-tiers, mais les camions continuent à déverser leurs cargaisons et il n'y a pas que la question du stockage : "Les trains qu'on ne charge pas ou le grain qu'on n'expédie pas, on n'est pas payé tant que ce n'est pas parti", rappelle Frédéric Bottin.
C'est donc de l'argent qui va rentrer beaucoup plus tard. C'est de l'argent qu'on ne donnera pas aux adhérents tout de suite.
Frédéric Bottin, responsable de la coopérativeà franceinfo
"Ils savent qu'ils vont toucher un complément de prix, mais quand ? Au mois de juin ? Au mois de juillet ? Je ne sais pas", poursuit-il.
Obligés de louer pour stocker
Il y aurait bien la route, mais un camion ne remplace pas un train, et les transporteurs refusent de rentrer à vide. Quant au transport fluvial, pas de chance : une écluse est en panne, ce qui empêche tout passage. Et là non plus ça ne suffirait de toute façon pas à compenser.
Il va donc falloir peut-être s'arranger avec la concurrence. Frédéric Bottin : "Il faut que l'on trouve de la place ailleurs pour stocker. On demandera des coopératives plus grosses, comme La Grande paroisse, des choses comme ça. On va payer la location en plus, mais on mettra du grain chez eux pour arriver à faire la moisson." En tout, 55 trains sont prévus d'ici fin juin. Ceux qui ne viendront devront être reprogrammés, mais pas avant deux mois, au risque d'arriver après la moisson.
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