La SNCF invitée à économiser l'énergie : "Il ne faut pas faire les mauvais choix et se tirer une balle dans le pied", prévient un syndicat
La Fédération indépendante du rail et des syndicats du transport craint que cette demande du gouvernement ne conduise à une dégradation du plan de transport. Bernard Aubin, son secrétaire général, plaide plutôt pour d'autres solutions, comme l'éco-conduite.
"Il ne faut pas faire les mauvais choix et se tirer une balle dans le pied" pour faire des économies d'énergie, prévient lundi 5 septembre sur franceinfo Bernard Aubin, secrétaire général de la Fédération indépendante du rail et des syndicats du transport (First) et cheminot retraité depuis deux ans. L'Etat demande à la SNCF de faire des économies d'énergie mais pas de faire rouler moins de trains cet hiver.
franceinfo : Réduire le nombre de trains cet hiver, ce serait le scénario du pire ?
Bernard Aubin : C'est le scénario du pire et cela doit le rester. Il ne faudrait pas que l'on trouve ce genre de solution pour parer à long terme les problèmes de réduction de production d'électricité. C'est ma crainte. Aujourd'hui, la moitié de nos réacteurs nucléaires sont à l'arrêt. On risque d'être confronté à des problèmes d'approvisionnement, la SNCF, comme d'autres entreprises françaises, sera soumise à des efforts, c'est normal. Mais attention à ce qui pourrait se passer derrière.
"On pourrait arriver à des scénarios catastrophes de manière régulière, répétée, qui supprimeraient un certain nombre de trains."
Bernard Aubin, secrétaire général de la Firstà franceinfo
Dans un premier temps, ce serait les trains de fret. On nous parle tous les jours d'écologie et il serait dommage qu'on se tire une balle dans le pied en supprimant les acheminements qui ont montré leur pertinence en termes de propreté de la planète.
Que peut faire la SNCF ?
L'éco-conduite existe déjà. On en parle beaucoup au niveau des automobilistes à qui on dit qu'il faut éviter les démarrages en trombe, les freinages de dernière minute. Le conducteur de train dispose de conditions de conduite qui l'invitent à procéder de la même manière que les automobilistes. Dans une descente, je laisse mon train rouler sur l'air, dans la montée j'évite de tractionner au maximum. Cela existe déjà et cela mérite peut-être d'être répandu. Il y a peut-être d'autres domaines où nous consommons de l'énergie et où nous pouvons faire des efforts. Il faut les faire à la SNCF comme dans les autres entreprises, mais ne touchons pas au plan de transport sauf cas dramatique.
Comment ce scénario catastrophe pourrait être mis en place ?
On a l'habitude à la SNCF d'organiser des situations dégradées. En cas de grève, il y a des plans de transports alternatifs qui sont mis en œuvre. Réfléchir à ce plan de transport, si vraiment de très gros problèmes d'alimentation électrique devaient voir le jour, pourquoi pas, mais vraiment en dernier ressort. Il y a d'autres industries en France comme ailleurs qui sont extrêmement consommatrices d'électricité. Serait-il pertinent de choisir de faire faire des économies à la SNCF et de paralyser son transport pendant que d'autres entreprises continueraient à surconsommer de l'électricité ? C'est un vrai débat politique qui doit avoir lieu. Il ne faut pas faire les mauvais choix et se tirer une balle dans le pied.
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