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"On va se faire 1 800 bornes en voiture" : des voyageurs dont les trains ont été supprimés racontent leur galère pendant les fêtes

Les 23 et 24 décembre, 48% des clients SNCF ont vu leur TGV ou Intercités supprimés. Et les prévisions pour la semaine suivante sont incertaines. Ceux dont les trains ont été annulés ont donc dû trouver une solution alternative pour se rendre dans leur famille, pour le réveillon de Noël ou du Nouvel An. Ils témoignent.

Article rédigé par Juliette Campion
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des passagers pendant la grève contre la réforme des retraites à la gare Montparnasse de Paris, le 20 décembre 2019.  (JULIEN MATTIA / ANADOLU AGENCY)

C'est le SMS qu'ils espéraient ne pas recevoir : "Bonjour, votre train est supprimé pour la raison suivante : grève reconductible." Ces derniers jours, de nombreux Français ont dû s'organiser pour contrecarrer la suppression du train qui devait les emmener sur le chemin des festivités de Noël ou du Nouvel An. Pour les 23, 24, 25 et 26 décembre, seuls 41% des trains seront en circulation et les prévisions pour les jours suivants sont du même ordre. Les retours s'annoncent également très compliqués pour la période du 28 décembre au 1er janvier. D'autant que les solutions alternatives sont parfois restreintes... Plusieurs internautes qui devaient prendre le train nous ont raconté comment ils allaient tenter, malgré tout, de rejoindre leurs proches. 

Marie : "Je mangerai ma gamelle dans le train le 25 au midi" 

Marie a été avertie, vendredi, de la suppression de son train Paris-La Baule, qui devait faire le trajet le 25 décembre. Elle devait arriver à la station balnéaire peu avant 13 heures, pile à temps pour le déjeuner de Noël en famille. "La SNCF m'a proposé en échange un billet avec une arrivée à 21 heures [le même jour] et une correspondance", explique la trentenaire. Mais au-delà de l'arrivée tardive, c'est surtout la correspondance qu'elle redoute, puisqu'elle voyage avec sa fille de 4 mois et demi.

Seule alternative : elle prendra, ce jour de Noël, le TGV de 12h44 et s'arrêtera à Nantes, où sa famille viendra la chercher en voiture. "Le menu ne va pas être très festif : je mangerai ma gamelle", lâche-t-elle, un peu amère et surtout gênée d'imposer trois heures de voiture à ses proches qui viendront la récupérer. Et pour le retour ? "Suspense ! J'attends d'avoir les infos pour le 30. Mais l'essentiel était que ma famille puisse voir la petite."

"Un ping-pong sans fin" avec les services clients pour Corentin

Pour Corentin, 20 ans, le changement de son billet de train s'est transformé en un imbroglio des plus improbables. L'Eurostar censé assuré son retour de Londres à Paris, le 28 décembre, est supprimé. Après plus d'une heure d'attente, il parvient à joindre le service client de la SNCF. La personne au bout du fil lui indique que la SNCF ne peut pas l'aider et qu'il doit s'adresser directement à Eurostar, avant de se raviser et de lui expliquer qu'il peut bénéficier de nouveaux billets, sur le train précédent. On lui indique de se rendre à une borne pour récupérer les précieux sésames.

Mais arrivé à la gare de Laval (Mayenne), à une demi-heure en voiture de son domicile, on l'informe qu'il est impossible de retirer des billets Eurostar depuis les bornes françaises. "On me dit : allez sur le site Eurostar. Et sur le site, on me dit : allez à la borne. Tout le monde se renvoie la balle : c'est un ping-pong sans fin !", s'amuse-t-il. "Apparemment, il va falloir que j'aille voir un guichetier à Londres... Mais je n'ai aucune certitude de rentrer", s'inquiète le jeune homme, qui regrette : "ça fait quand même pas mal de stress en plus". 

Laurena : "On a pensé à annuler le 31"

Le trajet Paris-Sarrebourg (Moselle) de Laurena s'annonce bien plus long que prévu. Elle doit rejoindre famille et amis pour fêter le Nouvel An. Pas de chance : elle a reçu un message vendredi lui indiquant que son train du 26 décembre est annulé et aucun autre n'est disponible ce jour-là, ni le jour suivant. "On est plusieurs amis à avoir nos trains supprimés... On a pensé à annuler le 31. Mais on a réussi à trouver des covoiturages", explique la jeune femme de 19 ans. Après cinq heures de route jusqu'à Strasbourg, elle devra encore trouver une solution pour arriver à sa destination finale. Elle espère réussir à trouver un train ou un autre covoiturage. "Heureusement que je reste en région parisienne pour Noël", souffle-t-elle. 

"Des journées entières à rouler" pour Julien et sa compagne

Julien et sa compagne habitent à Lille : tous deux ont prévu d'aller rendre visite à leurs familles respectives pour Noël, en Normandie puis en Ardèche. Mais pour le couple, c'est la douche froide : "Notre TER pour aller en Normandie est annulé tout comme le TGV qui devait nous emmener de Rouen à Montélimar", explique Julien. Une seule solution : louer une voiture. Selon lui, le budget sera sensiblement le même, une fois leurs billets remboursés. "En revanche, c'est bien moins reposant. On va se faire 1 800 bornes en voiture, des journées entières à rouler... Et puis, c'est bien moins écologique", regrette-t-il. Comme lui, bien d'autres Français ont opté pour cette solution : les agences de location de voitures sont d'ailleurs prises d'assaut

Malgré ces désagréments, ce chargé de communication assure qu'il continue à soutenir les grévistes : "Le gouvernement nous impose cette réforme mi-décembre : ce n'est pas de pas la faute des cheminots s'ils ne peuvent pas faire de trêve à Noël. Cela ne doit pas être facile pour eux non plus."

Une visite de Montmartre ratée pour Damien

Damien lui, se montre un peu plus agacé. Ses filles de 8 et 11 ans devaient le rejoindre à Paris samedi 21 décembre, en voyageant seules avec le service Junior & Cie, depuis Marseille. Leur train ayant été annulé, il a pu leur prendre des billets dans le seul train proposé par ce service, dimanche après-midi, après avoir passé une heure et 40 minutes au téléphone avec la SNCF parce que le site internet ne fonctionnait pas. "La visite de Montmartre avec une guide de Paris d'enfants prévue le samedi est donc tombée à l'eau", regrette-t-il. 

La sélection de franceinfo sur la réforme des retraites

• Transport. Des trains roulent-ils à moitié vides en pleine période de grève et de voyages supprimés ?

• Trafic. Le point sur les perturbations à la SNCF et à la RATP le mardi 24 décembre

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