Union européenne : l'heure du laitier sans les quotas
Mercredi, les quotas laitiers seront abolis dans l’Union européenne. Après 31 ans d’encadrement, aucune limite ne sera imposée aux producteurs sur un marché libéralisé. Aubaine ou dangerosité ? En France, deuxième pays producteur de lait en Europe après l’Allemagne, le monde agricole est divisé.
Une conséquence géographique
Parmi les représentants français du secteur agricole, l’unanimité n’est pas de mise à l’heure du laitier sans quotas. La Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire, regrette même un système porteur de stabilité. Laurent Pinatel, son porte-parole, estime qu’il y aura des régions gagnantes et d’autres qui seront perdantes.
"Notre grosse crainte, c’est que l’on continue de concentrer la production laitière dans les bassins les plus favorisés, c’est-à-dire l’Ouest de la France, au détriment de toutes les zones intermédiaires, comme le Massif central, Rhône-Alpes, qui produisent encore un peu de lait. "
Le risque, selon Laurent Pinatel, c’est que la fin des quotas laitiers entraîne finalement "la disparition de nouveaux paysans ".
Le prix toujours inquiétant
Du côté de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), c’est plutôt l’optimisme qui s’affiche en faveur des 60.000 producteurs concernés. Mais à une condition, que la contractualisation soit revue. Il s’agit du contrat entre un producteur qui promet de livrer une certaine quantité de lait et l'entreprise qui s’engage à le collecter.
André Bonnard, le trésorier de la FNPL, espère une action sur "la question du prix du lait, qui n’est pas assez transparente ".
"Il faudrait gagner en souplesse et éventuellement que le producteur puisse produire moins ou plus, sans que le producteur soit soumis à des pénalités comme elles peuvent être aujourd’hui rédigées dans les contrats."
300 euros pour 1.000 litres
Le prix du lait, c’est le problème soulevé par un couple de producteurs de Rampieux en Dordogne, qui gère 80 vaches. Il craint qu’avec la fin des quotas, le tarif reste bas. Le prix payé au producteur est affiché en ce moment à 300 euros les 1.000 litres.
"Le prix est trop bas par rapport à nos frais. Pour nous en sortir, il faudrait qu’il passe à 400 euros. Sinon, on va serrer les boulons des investissements et on tiendra peut-être un an ou deux."
Ces producteurs vendent leur lait à un groupe fromager qui leur envoie chaque trimestre les prix d’achat à venir. Le couple réussit à sortir entre 1.500 à 2.000 euros de salaire et vit sur des réserves, avec l’angoisse de devoir se séparer de son troupeau.
Bruxelles ne se désengage pas totalement avec la fin des quotas laitiers. L'exécutif européen va renforcer l'Observatoire du lait mis en place en 2013 pour aider le secteur à mieux réagir aux fluctuations des marchés.
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