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Elections américaines : qui marchera dans les traces de Sarah Palin ?

Alors que les primaires du parti républicain sont toujours en cours, les spéculations commencent aux Etats-Unis sur le deuxième nom du "ticket" républicain. Dans les pronostics, trois figures du parti tiennent le haut du pavé. 

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le républicain Marco Rubio avec sa famille lors de sa victoire à l'élection sénatoriale de Floride, à coral Gables (Etats-Unis), le 2 novembre 2010. (HANS DERYK / REUTERS)

Surtout, ne pas faire d'erreur. Dans le parti républicain, l'aventure Sarah Palin a laissé des traces. Charismatique mais mal préparée, la gouverneure de l'Alaska avait commis de sérieux faux pas en 2008, embarrassant la candidature de John McCain. Pour 2012, le "Grand Old Party" veut choisir soigneusement celui ou celle qui concourra pour la vice-présidence aux côtés du futur candidat. Alors que ce dernier n'est pas encore désigné, médias et stratèges du parti spéculent déjà sur le deuxième nom du "ticket".

Un conservateur pur et dur pour contenter la base du parti ? Un représentant des minorités pour les reconquérir ? Le National Journal, très lu dans la sphère politico-médiatique, a lancé les paris en dressant la liste des dix prétendants les plus en vue, dans l'hypothèse où Mitt Romney serait le candidat. Trois figures se disputent le podium.

• Marco Rubio, la star latino du parti 

Avec ses cheveux de jais soigneusement coiffés et son sourire éclatant, Marco Rubio a des allures de jeune premier. Mais il ne faut pas se fier à sa gueule d'ange. A 40 ans, le sénateur de Floride a déjà un joli tableau de chasse. Son plus beau fait d'armes ? Les élections législatives de 2010, au cours desquelles il a remporté son siège actuel. Parti de loin, celui qui n'était alors qu'un élu local a fait mordre la poussière au gouverneur de l'Etat, lui soufflant la nomination du parti républicain avant de remporter l'élection.

Le sénateur républicain de Floride Marco Rubio au siège du Congrès américain à Washington (Etats-Unis), le 30 mars 2011. (BRENDAN HOFFMAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Depuis, le camp conservateur guette avec attention les faits et gestes de ce chouchou du Tea Party, tenant de la ligne dure du parti sur l'économie et la fiscalité. Son meilleur atout est sans conteste son histoire familiale. Fils d'immigrés cubains, son potentiel auprès de la communauté latino fait saliver les stratèges républicains qui rêvent de reconquérir cet électorat clé. Sans compter que son Etat, la Floride, est un de ceux susceptibles de basculer et de faire la différence dans l'élection générale.

Et tant pis si le candidat a quelque peu embelli son histoire... En campagne, Marco Rubio aimait à rappeler que ses parents avaient été contraints à l'exil par le détesté Fidel Castro. Le Washington Post a depuis révélé qu'ils avaient immigré deux ans et demi avant l'arrivée au pouvoir du dictateur. Un petit arrangement avec la réalité qui s'ajoute à quelques affaires peu reluisantes déterrées en 2010 par le Miami Herald.

Pour se refaire une réputation, Marco Rubio prépare la sortie de son autobiographie et a engagé une équipe de communicants de haut vol, passée au crible par Politico. Dernière crise en date : des révélations sur son passé... de mormon. Marco Rubio a été baptisé selon le rite mormon à 8 ans, avant de retourner vers l'Eglise catholique avec ses parents à l'âge de 12 ans. Pas de quoi fouetter un chat ? Gênant tout de même pour ceux qui voient déjà la foi de Mitt Romney comme un handicap. Deux mormons sur un ticket, cela pourrait faire beaucoup. 

• Bob McDonnell, le champion des pro-life

S'il est choisi, Robert F. McDonnell, 57 ans, rassurera sans nul doute les conservateurs qui trouvent Mitt Romney trop modéré sur les sujets de société comme l'avortement ou le mariage gay. "Les bas instincts de l'homme le poussent vers le mal, et quand l'exercice de la liberté prend la forme de la pornographie, de la drogue ou de l'homosexualité, le gouvernement doit poser des limites", écrivait-il en 1989 dans sa thèse, où il défendait avec ardeur la famille traditionnelle, déplorant les effets du travail des femmes ou encore la la légalisation de la contraception.

Le gouverneur de Virginie Bob McDonnell à Wahsington (Etats-Unis), le 19 février 2010. (JOSHUA ROBERTS / REUTERS)

Depuis, Bob McDonnell a largement adouci ses positions, et s'agace que les journalistes continuent d'exhumer "un travail académique vieux de plusieurs décennies". Mais il demeure fermement opposé au mariage gay et à l'avortement. Gouverneur de Virginie, il vient d'y signer une loi obligeant les femmes qui souhaitent avorter à passer une échographie au préalable. Une première version préconisant une procédure beaucoup plus intrusive avait fait scandale, obligeant le gouverneur à temporiser.

Sur d'autres sujets comme l'éducation ou les transports, ses positions sont plutôt modérées. En Virginie, Etat également classé parmi les "Swing States", il a surtout fait campagne par le passé sur l'économie, en soutenant notamment les forages pétroliers au large des côtes de l'Etat. Il a annoncé son ralliement à Mitt Romney fin janvier.

• Chris Christie, la grande gueule charismatique

"Christie est populaire auprès des républicains parce qu'il respire précisément ce que Romney ne pourra jamais dégager : l'authenticité", écrit le National Journal. Ancien procureur général, le gouverneur du New Jersey Chris Christie, 49 ans, est connu pour ses coups de gueule et ses déclarations bien senties, comme lorqu'il a qualifié les nouvelles règles des primaires républicaines "d'idée la plus bête que quiconque ait jamais eue""Bravache, direct, parfois odieux", "Christie s'est construit une réputation aussi imposante que sa présence physique", résumait le New York Magazine en septembre 2011. 

Le gouverneur du New Jersey Chris Christie aux côtés de Mitt Romney le 30 décembre 2011 à Des Moines, dans l'Iowa (Etats-Unis). (RICK WILKING / REUTERS)

Un temps pressenti pour concourir lui-même pour la présidence, il a fini par mettre fin aux spéculations en octobre 2011, déclarant : "New Jersey, que ça vous plaise ou non, vous êtes coincés avec moi". Contrairement à Marco Rubio et Bob McDonnell, il a fait campagne pour Mitt Romney dès le caucus de l'Iowa, où il a harangué la foule : "Laissez moi vous dire que si vous me décevez [le soir de l'élection], si vous ne faites pas ce que vous devez faire pour Mitt Romney, je reviendrai!".

Vrai conservateur sur le plan économique, Chris Christie a imposé dans le New Jersey une austérité drastique, baissant les retraites des fonctionnaires et augmentant les cotisations sociales à la charge des travailleurs.

Le style direct qui fait sa marque de fabrique ne l'empêche pas d'être un fin politicien et de louvoyer lorsque les circonstances l'exigent. Après avoir nommé le premier juge ouvertement gay de la Cour suprême du New Jersey, il a déçu la communauté gay en posant son veto à une loi légalisant le mariage homosexuel. Ses vues sont plus centristes sur des sujets comme le port d'armes, le réchauffement climatique ou encore l'immigration. Largement compatible avec Romney sur le plan idéologique, il est aussi moins complémentaire du candidat.

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