Elections européennes : comment les "petits partis" se débrouillent pour financer leur campagne

De la profession de foi, aux affiches électorales, en passant par les bulletins de vote à glisser dans l'enveloppe le jour J, les frais de campagne sont à la charge des candidats. Une formalité pour les gros partis, mais un véritable obstacle pour les plus petites listes.
Article rédigé par Camille Laurent
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
38 listes sont en course pour les élections européennes du 9 juin. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS via AFP)

C'est la dernière ligne droite de la campagne pour les élections européennes, qui se déroulent en France dimanche 9 juin. 38 listes sont dans la course et doivent débourser de grosses sommes pour leurs professions de foi, leurs affiches électorales et leurs bulletins de vote. Pas de problème pour les gros partis qui ont le budget et une mécanique bien huilée. C'est moins évident pour les petites listes, qui n'ont pas forcément les moyens de débourser ces sommes.

Pour Caroline Zorg, tête de liste du Parti Pirate pour les élections européennes, pas facile de faire campagne avec un budget restreint. Il a donc fallu faire des choix : pas de profession de foi envoyée à domicile et des bulletins de vote imprimés pour une quinzaine de départements seulement. "Pour une quinzaine de départements c'est environ 60 000 euros et c'est 27 tonnes de papier. Ce qui veut dire qu'il faut imprimer son bulletin de vote sur bulletinpirate.org pour pouvoir se rendre avec lui en bureau", explique-t-elle.

Aide des militants, dons...

L'impression maison, un système D avec lequel Nathalie Arthaud, tête de liste Lutte ouvrière n'est pas du tout d'accord : "C'est tellement restrictif. Qu'est-ce que vous allez demander aux gens d'aller imprimer sur du papier 80 grammes, telle couleur, vous voyez le problème ?" Nathalie Arthaud a donc choisi d'imprimer ses bulletins de vote. Ils sont envoyés en même temps que les professions de foi, et disponibles dans la moitié des bureaux.

"Nous essayons de faire une campagne le plus bon marché possible, ce qui est compliqué quand il faut en effet payer tout le matériel. Le plus gros coût, ce sont les bulletins de vote et les professions de foi, ça fait monter à deux millions d'euros une campagne nationale comme celle-là."

Nathalie Arthaud, tête de liste Lutte ouvrière

à franceinfo

Chez Alliance rurale, la liste de Jean Lassalle et Willy Schraen, les bulletins sont dans tous les bureaux de vote mais aussi envoyés à domicile. Le reste repose sur les soutiens de l'Alliance rurale, explique Charles-Henri Bachelier, le directeur de campagne. "On a des militants qui sont prêts à se lever tôt pour aller coller des affiches, qui prennent sur leur temps libre pour aller tracter sur les marchés, tracter dans les boîtes aux lettres. Ce sont aussi des gens qui sont très motivés et qui font des dons qui nous permettent de financer notre campagne", témoigne-t-il.

La règle veut que seules les listes ayant récolté 3% des suffrages exprimés pourront se faire rembourser leurs frais de campagne. Pour faire des économies, le Parti Pirate emmené par Caroline Zorg milite donc en faveur d'un bulletin unique où l'électeur n'aurait qu'à cocher son choix, comme cela se fait déjà aux Pays-Bas. Lors des élections européennes précédentes, en 2019, seules 8 listes sur 34 avaient atteint le seuil des 3%, et s'étaient fait rembourser leurs frais de campagne.

Européennes : comment les "petites" listes font pour financer la campagne - Reportage de Camille Laurent

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.