"Une prise de risque", "la seule solution", "une élection volée"… Les réactions politiques à l'annonce de la dissolution par Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale dans une allocution télévisée, dimanche, après les résultats des élections européennes.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron s'exprime lors d'une allocution télévisée à la suite des élections européennes, le 9 juin 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Une première à la suite d'une élection européenne. Le président de la République a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale, dimanche 9 juin après la nette victoire du Rassemblement national aux élections européennes, et la tenue d'élections législatives convoquées les 30 juin et 7 juillet. 

L'issue du scrutin européen "n'est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l'Europe", a martelé Emmanuel Macron, en relevant que l'extrême droite a atteint "près de 40% des suffrages exprimés" en France. La liste du RN menée par Jordan Bardella est arrivée largement en tête aux élections européennes avec 31,5% des voix, selon une nouvelle estimation Ipsos pour Radio France, France Télévisions, France24/RFI et Public Sénat/Assemblée nationale. La liste Renaissance conduite par Valérie Hayer arrive deuxième avec 14,5%, suivie de près par la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann avec 14%. 

La liste LFI de Manon Aubry recueille 10,1% des voix. La liste LR menée par Françoix-Xavier Bellamy recueille 7,2% des voix. La liste Reconquête de Marion Maréchal passe la barre des 5% nécessaire pour envoyer des eurodéputés avec 5,3% des voix. De même, la liste Les Ecologistes de Marie Toussaint passe tout juste la barre des 5% avec 5,5%, toujours selon cette estimation Ipsos.

Marine Le Pen (RN) : "Nous sommes prêts à exercer le pouvoir"

Marine Le Pen a affirmé que le Rassemblement national était "prêt à exercer le pouvoir" à l'issue des élections législatives. "Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance lors de ces futures élections législatives. Nous sommes prêts à redresser le pays, prêts à défendre les intérêts des Français, prêts à mettre fin à cette immigration de masse, prêts à faire du pouvoir d'achat des Français une priorité, prêts à entamer la réindustrialisation du pays", a martelé la responsable d'extrême droite, au soir de la victoire écrasante du RN aux élections européennes.

Plus tôt dans la soirée, la tête de liste du RN aux élections européennes Jordan Bardella avait demandé "solennellement" à Emmanuel Macron "d'organiser de nouvelles élections législatives", après le "désaveu cinglant" subi par le camp présidentiel.

Eric Zemmour (Reconquête) appelle à "la plus vaste union des droites"

Le président du parti Reconquête Eric Zemmour a appelé le RN et LR à "la plus vaste union des droites" en vue des législatives provoquées par la dissolution de l'Assemblée nationale. L'ex-candidat à l'élection présidentielle de 2022 a souligné sa "grande joie d'obtenir nos premiers élus" pour le jeune mouvement d'extrême droite. La liste Reconquête menée par Marion Maréchal est créditée selon les nouvelles estimations de fin de soirée de 5,30% des suffrages, ce qui donnerait au mouvement cinq eurodéputés. 

"Puisque c'est dorénavant notre objectif pour réussir les élections législatives dans quelques semaines, je suis prête à rencontrer, dans les jours qui viennent, Marine le Pen, Jordan Bardella, Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan pour travailler ensemble à l'alternative que notre pays exige, a déclaré Marion Maréchal. Vous pourrez compter sur moi, sur nous, pour bâtir cette coalition et préparer les prochaines victoires."

Eric Ciotti (LR) : la dissolution était "la seule solution"

La décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale était "la seule solution" après les résultats des élections européennes dimanche, a affirmé Eric Ciotti. Le patron du parti Les Républicains a précisé que le parti LR, arrivé dimanche en cinquième position avec environ 7% des voix, irait seul sous ses "couleurs" aux législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, "sans aucune forme de coalition, de coopération, de collaboration avec ce pouvoir qui a tant abîmé la France".

"Après un échec cinglant, une absence de majorité à l’Assemblée nationale et une situation politique totalement bloquée, Emmanuel Macron n’avait pas d’autre choix que se dissoudre l’Assemblée nationale", a réagi sur X le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau. La tête de liste Les Républicains François-Xavier Bellamy a estimé plus tôt dans la soirée que les élections européennes sont "le début d'un long chemin pour relever la droite". "Je sais l'immensité du travail à accomplir", a-t-il estimé, d'autant plus que "beaucoup pensaient que nous ne serions plus au Parlement européen, que la droite disparaîtrait de la vie publique française". 

Valérie Hayer (Renaissance) : "On ne se trompe jamais quand on donne la parole aux Français"

La tête de liste Renaissance Valérie Hayer a déclaré qu'on "ne se trompe jamais quand on donne la parole aux Français" après l'annonce de la dissolution par le président de la République. "Dans le monde d'aujourd'hui, imaginer être plus fort en se repliant sur soi est une illusion. Dans le monde d'aujourd'hui, l'intérêt du pays et celui des Français, c'est l'Europe. Voilà le combat de ma vie que j'ai mené sans relâche lors de cette campagne", a déclaré Valérie Hayer. "Malgré tous nos efforts, nous n'avons pas su vous convaincre de nous hisser en tête."

"On peut travailler ensemble avec une partie des LR, a estimé le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti sur France 2 Cette dissolution et les législatives qui vont s'en suivre vont permettre de clarifier la situation."

François Bayrou (MoDem) : "Une prise de risque" du président pour "sortir le pays du marasme"

Le président du MoDem, François Bayrou, a salué dimanche une "prise de risque" d'Emmanuel Macron qui a pris la "décision courageuse" de dissoudre l'Assemblée nationale pour "sortir le pays du marasme", après la victoire du RN aux européennes. "Le président de la République prend ses responsabilités. Ça n'arrive pas souvent dans l'histoire de notre pays. Il prend ses responsabilités et il dit aux Français : je vous donne le choix pour l'avenir", a estimé le président du MoDem. 

Raphaël Gluksmann (PS-Place publique) : "Emmanuel Macron a obtempéré aux exigences de Jordan Bardella"

La tête de liste PS-Place publique, Raphaël Glucksmann, a estimé sur France 2 qu'"Emmanuel Macron a obtempéré aux exigences de Jordan Bardella. C'est le Rassemblement national qui fixe le tempo de la vie politique française alors que rien ne l'y obligeait. C'est un jeu extrêmement dangereux avec la démocratie et les institutions." Sur TF1, Raphaël Glusckmann estime que cela "restera une tache sur le quinquennat d'Emmanuel Macron, une de plus.

"L'arrivée au pouvoir du Rassemblement national n'est absolument pas inexorable. Mais face à l'extrême droite, les coups politiques et le jeu permanent avec les institutions et la démocratie de ce pouvoir macroniste ne nous aideront pas."

Raphaël Gluksmann (PS-Place publique)

sur France 2

Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a invité, sur France 2, la gauche à travailler à un "rassemblement utile" pour les élections législatives de juin consécutives à la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron. "Il y a un rapport de force ce soir qui a évolué" entre les partis de gauche après les européennes, a souligné le député socialiste. Personne n'a l'hégémonie à gauche, ni les Insoumis, ni les Socialistes, ni les Communistes, ni les Verts. À chaque élection les choses tournent. Si nous n'arrivons pas à le comprendre, à comprendre que nous devons nous retrouver sans que quiconque cherche à imposer à tout prix ce qu'il est aux autres, s'il n'y a pas ce respect minimum, ça ne peut pas fonctionner. Mais François Ruffin à raison : 'Il faut arrêter les conneries.' Comme dans les grandes heures de la gauche, il faut se retrouver."

Raphaël Glucksmann qui se disait dimanche "fier" de sa troisième place aux élections européennes, mais n'a "pas l'âme à la fête" du fait du score des listes d'extrême droite. "Aujourd'hui, l'extrême droite représente 40% en France", a-t-il déploré devant ses partisans, évoquant "une vague qui ébranle profondément nos démocraties".

Jean-Luc Mélenchon (LFI) : Emmanuel Macron "a eu raison de dissoudre"

Jean-Luc Mélenchon a estimé que le président de la République "a eu raison de dissoudre, car il n'a plus aucune légitimité pour continuer la politique qui est la sienne. C'est à nous maintenant de rappeler que, quoi qu'il arrive, il n'existe à notre disposition aucun autre moyen sérieux et immédiat de toucher que d'utiliser les bulletins de vote. La nouvelle France doit se dresser." "Nous construirons l'alternative à son monde et à l'extrême droite", a affirmé Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise. "Nous sommes prêts", assure le député.

"Pour l'élection législative qui se profile, je prends acte que le président n'a plus de majorité et a essuyé une défaite cinglante, a déclaré sur France 2 Manon Aubry, tête de liste de La France insoumise. Nous n'avons pas peur du peuple et de la participation populaire. Pour le scénario [à gauche], on va discuter dans les prochaines heures. Ce dont je suis sûre, c'est que la dernière élection législative, la Nupes l'a emportée, la gauche devant l'extrême droite. C'était sur un programme clair, de rupture et qui fixe un cap."

"Ce que je souhaite, c'est que les députés de la NUPES actuels puissent se représenter sous une bannière commune, en faisant preuve de clarté. L'après-Macron a commencé en ce 9 juin, à nous de le construire et de ne pas le laisser entre les mains de l'extrême-droite."

Manon Aubry, tête de liste de La France insoumise aux élections européennes

à franceinfo

 Après les résultats des élections européennes, la tête de liste de La France insoumise  estimait que ces résultats marquent la "défaite et la déroute cinglante du macronisme". "Il est évident que le pays veut tourner la page de l'ère Macron", a-t-elle réagi, ajoutant que "cette page ne doit pas se tourner avec le Rassemblement national", qui ressort gagnant du scrutin. 

Marie Toussaint (EELV-Les Écologistes) : "Cette élection européenne a été volée"

La tête de liste des Ecologistes Marie Toussaint (EELV-Les Écologistes) estime qu'il y a "une double trahison qui a été celle d'Emmanuel Macron ce soir. C'est une trahison des électeurs, des électrices qui sont allés aux urnes pour voter pour une élection européenne qui a été volée. Je pèse mes mots. Cette élection européenne a été volée. C'est une trahison aussi parce qu'on le sait bien, l'extrême droite a gagné des parts dans l'opinion publique. Elle risque d'arriver au pouvoir dans les semaines qui viennent." 

La tête de liste des Écologistes a aussi annoncé des discussions "très certainement dans les heures qui viennent" avec les autres forces de gauche après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale. "Nous avons à travailler nous, gauche et écologiste, pour proposer, non pas de disqualifier l'extrême droite, mais proposer un programme qui soit séduisant pour l'avenir", déclare le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, sur franceinfo. "En l'espace de trois semaines, c'est à ça que nous allons travailler", même si "nous sommes un peu pris de court", reconnaît-il.

Marie Toussaint déplorait en début de soirée dimanche une "défaite sèche, amère" pour une "écologie en berne" lors des élections européennes qui ouvre, selon elle, "la porte à tous les risques". "Face à la guerre menée à l'écologie, nous avons tenu bon, mais nous reculons et nous reculons nettement", a admis la candidate écologiste, expliquant avoir sous-estimé "la force des lobbies et la bataille culturelle qui est menée en permanence contre nous et contre le vivant".

Fabien Roussel (PCF) appelle la gauche à travailler à un "pacte pour la France"

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a appelé dimanche les partis de gauche à travailler à un "pacte pour la France" pour les législatives de juin après la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron. "Je lance l'appel à mes amis, voyons-nous rapidement, travaillons ensemble à un pacte pour la France en mettant les politiques sociales, les salaires, le pouvoir d'achat, la répartition des richesses", sur la table, a déclaré le patron d'une des formations de l'alliance de gauche Nupes, mise en place après les législatives de 2022 et qui a explosé à l'automne.

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